Chapitre 7 Blaire

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Enfin dimanche, je vais pouvoir raconter tout ce qui m’est arrivé à Michael. Il y en a des choses à dire étant donné ce qu’il s’est passé vendredi soir. Je m’arrête devant sa tombe et commence mon récit.

- Salut Michael, tu ne devineras jamais ce que Chris a encore fait, ou peut-être que tu le sais déjà et que de là où tu es, tu vois tout. Il a recommencé mais cette fois, il a choisi la mauvaise fille. Elle s’appelle Sylvia. Elle appartient à un club de bikers et devine quoi ? Warren en est le président ! C’est dingue, hein ? Warren est également le père de cette fille, le destin est parfois bien étrange. La bonne nouvelle est que, il n’a pas eu le temps de la violer. La mauvaise c’est que, comme je m’en doutais, les flics ont à peine noté ce que je leur ai dit lorsque je suis allée au poste faire ma déposition. Les parents de Chris sont allés s’excuser auprès des nôtres. Tu y crois ça ?! Au lieu d’aller voir la famille de Sylvia, ils sont allés voir les nôtres ! Ces gens sont complètement dingues ! Quoi qu’il en soit, j’ai accompagné la famille de Sylvia à l’hôpital, je voulais m’assurer qu’elle allait bien. Warren m'a remerciée bien que, ce n’était pas nécessaire. N’importe qui aurait fait la même chose non ? Quand j’en ai informé les parents ils ont un peu pris peur, j’ai failli être cloîtrée à nouveau.

Je sens une présence derrière moi qui me pousse à faire volte-face. Warren se tient là, un léger sourire orne ses lèvres et ses yeux sont emplis de douceur.

- Hey ! Salut Warren.
- Gamine, me salue-t-il à son tour. Tu es venue plus tôt que d’habitude.

Je hausse les épaules.

- J'avais beaucoup de choses à lui raconter.
- Je te laisse finir, tu me rejoins sur le banc après ? Me demande-t-il.
- Bien sûr ! Comme on l’a toujours fait.
- Je me disais que, maintenant que tu sais vraiment qui je suis, tu ne voudrais peut-être pas avoir affaire à moi.
- Connerie ! C’est pour ça que tu ne m’avais rien dit ? Lui demandé-je, abasourdie.
- Non, je ne t’en ai pas parlé plus tôt, parce que quand je suis ici, je ne suis que Warren, l’homme toujours amoureux qui a perdu sa femme.

Je ressens un pincement au cœur en entendant cela. Savoir qu’il l’aime toujours, vingt ans après sa mort me laisse rêveuse. Ce genre d’amour est assez rare, un doux rêve pour quiconque d’un tant soit peu romantique.

Il me tourne le dos et s’installe sur notre banc. Je poursuis ma discussion à sens unique avec mon frère un petit moment avant de le rejoindre.

- Comment va Sylvia ? Elle est rentrée ?

Il pousse un soupir las.

- Elle est sortie hier après-midi, répond-il. Je l’ai laissée à la maison en compagnie de son frère et quelques gars du club. Elle s’est enfermée dans sa chambre et refuse d’en sortir. Je ne sais pas quoi faire. C’est dans des moments comme celui-ci que ma femme me manque le plus. Elle aurait su quoi faire. Le pire est que Sylvia n’a aucune femme à qui se confier. Celles qui traînent au club ne sont pas… Comment te dire ça… Disons que je préfère qu’elle reste loin d’elles. Quant aux régulières, les femmes de mes frères, elles ont leur propre vie, leurs enfants. Elles n’ont pas le temps de s’occuper des états d’âmes d’une autre personne. J’ai fait l’erreur d’enfermer ma fille dans une bulle pour la protéger, résultat, elle n’a personne de sexe féminin avec qui partager. Tu sais ce que c’est.

C’est vrai, je le sais mais moi au moins, mes parents ont cédé avant que ce ne soit trop tard et j’ai pu rencontrer Brooke. C’est important pour une fille d’avoir une amie qui nous est très proche. On peut tout lui raconter.

- Je suis perdu, avoue-t-il.
- Je… je peux peut-être t’aider, je veux dire, ce sera plus simple pour elle de discuter avec une fille de son âge. Je ne te promets pas de résultats mais on peut quand même tenter le coup.

Son regard s’illumine et rien que pour ça, je ne regrette pas mon offre.

- Ouais, c’est une bonne idée, tu penses pouvoir venir aujourd’hui ?

J’accepte et note dans mon téléphone l’adresse qu’il me dicte. Nous nous donnons rendez-vous pour dix-neuf heures. Nous sortons du cimetière en même temps et chacun part de son côté.


Sur le chemin, je m’arrête devant une boutique de spiritueux, on m’a toujours dit de ne jamais aller chez quelqu’un les mains vides. Puisque c’est un biker, il devrait apprécier une bonne bouteille de Whisky.

Contrairement à ce que je fais d’habitude, je n’envoie pas de message à mes parents avec l’adresse du lieu où je me rends, oui leur paranoïa va jusque-là. Le GPS m’arrête devant une maison cosy. Une charmante petite demeure familiale comme on en voit souvent dans les quartiers résidentiels. Pendant un instant, je doute. Ce n’est absolument pas l’image que je me faisais de l’endroit où vivait un biker mais les motos arrêtées dans l’allée me confirment que je suis à la bonne adresse.

Je descends de mon 4x4, récupère mon sac et la bouteille avant d’emprunter le petit passage qui mène à la porte d’entrée. Je n’ai pas le temps de sonner qu’elle s’ouvre sur un géant, je ne blague pas, d’au moins deux mètres. Mes yeux s’écarquillent face à cette montagne humaine. Son visage me dit quelque chose… Mais oui ! Il était présent à l’hôpital et également, dans la chambre où se trouvait Sylvia. Il ne me semblait pas aussi grand et imposant à ce moment-là.

- Yo Warren tu as une minette à la porte ! Hurle-t-il.

Sans ajouter quoi que ce soit, il me passe devant et se dirige vers les motos.

- Seigneur, où suis-je tombée ?! Je murmure en le suivant du regard.

Un rire rauque retentit, je me tourne et croise deux prunelles noires. Malgré son sourire, je sens une grande dangerosité émaner de lui. Mon regard balaye le corps du fils de Warren, il n’y a pas à dire, cet homme est incroyablement beau en plus d’être bien bâti. Ses cheveux bruns coupés court et sa barbe légère lui donne de faux airs de Charlie Hunnam. Carrément sexy !

- Salut, entre, mon père arrive.

Je passe le seuil regrettant presque de n’être qu’en jean et débardeur, les cheveux relevés en une longue queue de cheval. Je lui passe devant et affronte un groupe d’hommes installés confortablement sur les canapés ou au sol. A cet instant je n’ai qu’une envie, faire demi-tour !

- Ils sont impressionnants mais aucunement méchants, enfin, tout dépend de la personne qu’ils ont en face d’eux, me susurre l’homme à l’oreille.

Je sursaute, surprise de le savoir aussi proche. Son odeur de mâle, un soupçon de parfum musqué, de cuir et de cigarette, me fait tourner la tête. Il me met dans tous mes états, c’est à peine supportable.

- Blaire ! M’interpelle Warren en approchant. Qu’est-ce que tu nous apportes de bon ?

Je fixe mes mains, j’avais complètement oublié la bouteille. Je la lui tends, il s’en empare et s’attarde sur l’étiquette. Un sifflement jaillit de ses lèvres.

- Et bah tu n’plaisantes pas ! Un whisky Glenburgie 25 ans d’âge, rien que ça ! Merci infiniment gamine. Je vais te montrer la chambre de Sylvia et j’irai cacher cette pépite avant que mes frères ne la voient.

Je le suis jusqu’à l’étage, il s’arrête devant une porte close et frappe doucement.

- Mon bébé ? Il y a quelqu’un pour toi ici, Blaire, la fille qui t’a aidée. Elle aimerait savoir comment tu vas, tu veux bien lui ouvrir ?
- C’est ouvert.

Il ouvre la porte et me laisse passer en premier. La chambre est plongée dans l’obscurité, seul un faible rayon de lumière l’illumine. Elle est allongée sur le côté, dos à la porte, et cela me fait de la peine de la voir comme ça.

- Salut.

Je ne sais vraiment pas quoi dire d’autre.

- Salut, viens t’asseoir et ferme la porte s’il te plaît.

Je m’exécute et m’installe sur la chaise de bureau, elle se redresse, les yeux rougis, blême. Son état ne change en rien son incroyable beauté, décidément, c’est de famille. Brune aux yeux noirs, des lèvres parfaitement dessinées à en rendre jalouse n’importe quelle femme.

- Comment te sens-tu ? Je lui demande en adoucissant ma voix.
- Ça va, mieux en tout cas, je ne te remercierai jamais assez d’être intervenue, sans toi, il m’aurait probablement… tu sais…
- Mais ce n’est pas arrivé et c’est tout ce qui compte n’est-ce pas ?
- Oui mais ça ne change pas grand-chose sur ce qu’on pensera de moi sur le campus, je sais que c’est idiot, une fille comme toi ne peut pas comprendre à quel point c’est dur de se sentir intégrée. C’est encore plus difficile quand tu es une fille de biker, on te catalogue sans même te connaitre comme étant infréquentable. Les seuls à te tourner autour sont des mecs parce qu’ils te pensent facile. Chris leur a donné raison.

Je secoue la tête.

- Non, Chris vient seulement de prouver, encore une fois, que c’est un gros connard immoral ! Tu n’as rien fait de mal et ceux qui diront le contraire ne vaudront pas mieux que lui. Franchement, je te comprends mieux que tu ne le penses. J’ai également été enfermée dans une cage dorée, et ce, jusqu’à mon entrée au lycée. Je n’avais aucun ami, personne d’autre que mes parents et notre personnel. Quant au troupeau qui cherche à graviter autour de moi, ce n’est pas pour ma personnalité ou parce que je les intéresse vraiment, ils sont ainsi uniquement parce que je suis la fille Donaldson. Je ne leur donne aucune importance et tu devrais en faire autant. Je comprends que ce soit difficile de n’avoir personne, mais ça vaut mieux que d’être entourée par ces idiots ! Relève la tête et affronte ces gens, ce sera la meilleure réponse à leur fournir. Et puis, je serai là moi aussi, tu ne seras pas seule.

Un mince sourire étire ses lèvres, il y a du mieux.

- Je vais essayer, merci Blaire.

Nous nous engageons ensuite sur des sujets plus légers, et je me rends compte que cette fille est en réalité plus forte qu’il n’y paraît. Si je peux lui apporter mon aide, quelle qu’elle soit, et bien je le ferai avec plaisir.












Savages MC : Connor Tome 1 ( Sous Contrat d'édition, Elsie Édition )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant