𝙰𝙿𝙾𝙳𝙸𝚂: 𝚊𝚗𝚊𝚕𝚘𝚐𝚘𝚞𝚜 | 𝐽𝑖𝐾𝑜𝑜𝑘

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 Leur dispute avait peut-être mis les choses à plat, éclairci leurs coeurs, mais les arguments de l'un, ou de l'autre demeuraient dans leurs esprits respectifs. Jimin savait qu'il avait fait une grosse bêtise, mais il ne s'agissait pas d'avoir éveillé Jungkook, au contraire, il s'agissait plutôt de l'avoir lâchement abandonné à son sort. Sort dont Jimin était le seul responsable, qui plus était. Et maintenant qu'il avait la possibilité de tout réparer, de lui rendre son sourire étincelant, il savait qu'il devait tout faire pour lui. Alors, dès qu'il eut prononcé les derniers mots qu'il voulait qu'il entende, il avait saisit la main du jeune homme avec tact et douceur, plantant son regard presque vide dans le sien. Rien n'aurait pu les perturber dans ce réel moment d'osmose, ou du moins c'était ce qu'ils semblaient penser, jusqu'à ce que le bruit métallique des sentinelles s'accordait sur une symphonie de coups de feu leur étant adressés. Le regard de Jimin avait quitté celui de son partenaire pour évaluer la gravité de la situation. Effectivement, ils devaient partir. La poigne de l'humanoïde s'était légèrement resserrée, et puis après s'être accordés sur un regard, ils avaient pris la fuite comme auraient dû le faire Roméo et Juliette. Eux deux s'étaient convaincus qu'ils devaient vivre et ne pas s'abandonner au désespoir comme de funestes amants. Ils filaient à toute allure au travers d'un paysage de terre sèche, la désolation à perte de vue. Et main dans la main, ils couraient vers leur destin, quelques regards s'échangeaient et au fur et à mesure qu'ils s'approchaient de la fameuse frontière, ils rayonnaient d'espoir, d'amour. Pourtant, les doigts entremêlés, le jeune Jungkook sentait leur échange se distiller doucement dans leur course. Il avait alors tourné son regard vers celui qui mettait le plus d'effort dans cette chevauchée, il semblait épuisé, à bout de force, mais déterminé. Le jeune brun puisait, effectivement, dans ses toutes dernières ressources, il ne tarderait plus à s'éteindre et il redoutait cet instant plus que n'importe quel autre. Il espérait seulement que le noiraud ne remarque rien jusqu'au dernier instant. Et sentant le regard pesant, inquiet de Jungkook sur sa personne, il l'avait regardé en retour, lui adressant un beau sourire, sûrement le plus faux qu'il n'ai jamais fait et avait poursuivi sa quête.

Les deux garçons voyaient enfin un changement opérer, signe qu'ils approchaient sûrement de leur destination finale. Ils arrivaient à l'aube d'une forêt surpuissante, ou du moins elle le paraissait. De grands bouleaux se dressaient peu à peu devant eux, ils étaient d'abord quelques un et puis, ensuite les deux amants devaient serpenter entre les troncs. Une mine triste trônait, dès lors, sur le visage du jeune humain, les arbres en questions étaient nus, ils avaient perdu leurs feuilles il y avait sûrement longtemps de cela, et ils semblaient dépérir un à un, laisser tout ce qu'il y avait de plus vivant les quitter tendrement. Ils traversaient une forêt de squelettes, de restes, où les carcasses de l'humanité les saluaient de leurs dextres boisées. Et Jimin, toujours plus impuissant physiquement, ou face au monde qu'il avait offert à Jungkook, s'identifiait à ces cadavres majestueux en pleine décomposition. Qu'avaient-ils bien pu faire pour détruire le monde à ce point ? Comment pouvaient-ils tous fermer les yeux devant l'horreur qu'ils répandaient ? Le crâne du jeune humanoïde était plein de questions auxquelles il n'aurait sûrement jamais les réponses. Mais il n'avait pas vraiment le temps de s'en préoccuper, les sentinelles gagnaient du terrain, et arboraient, elles aussi, la lisière de la forêt morte. Un énième coup de feu retentissait, non loin des deux jeunes en fuite et les sortaient de leurs pensées en monochrome. Ils devaient aller beaucoup plus vite s'ils ne voulaient pas se faire rattraper par leurs assaillants, mais Jungkook faisait déjà tout ce qu'il pouvait, sa nature humaine le restreignait dans ce monde artéfactuel. Dans l'élan de la course, il s'était stoppé net, lâchant la main douce mais froide de l'autre.

« Jimin, ils vont nous rattraper... c'est certain. Ils arrivent et je ne peux plus... avait-il lancé, essoufflé au possible