Épilogue

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Arthur

Du haute de mon mètre soixante-dix sept,  la rage au ventre, j'ai forcé Space Jam à s'incliner, par tous les tours que je pouvais imaginer : tirs depuis le centre du terrain, dribbles impossible à suivre, feintes, fadeaways au delà de ce que mon envergure aurait dû permettre...

Quatre-vingts à soixante-quinze. Pas mal pour un bleu.

Ce n'est peut-être toujours pas très normal, mais toute cette performance, je l'ai fait pour lui.

Je reçois les congratulations du reste de la Swish P avec gratitude, mais cette victoire me fait plaisir pour une toute autre raison qu'eux.

Les spectateurs sont tous debout, dans une ovation générale sidérante, et je peux enfin me dire que je le mérite.

J'ai gagné. On a tous gagné. On est champions, et tout ça après un si mauvais démarrage...

Je serre la main de nos adversaires, en pensant à quel point ils doivent être déçus, tout en recevant une quantité phénoménale de confettis sur la tronche.

La victoire.

Qu'est-ce qu'elle est belle...
Je finis par dénicher Sofia et reste une éternité dans son étreinte lourde de félicitations. Je croise également quelques autres connaissances qui me tapent dans le dos et saluent ma performance.

Enfin, je cours vers mes coéquipiers pour aller sauter de joie et hurler avec eux.
Val ouvre une bouteille de champagne, puis court nous asperger avec, et cette douche froide visqueuse improvisée est le moment le plus euphorique de l'année. Les vêtements et les visages trempés, mes camarades me hissent sur leurs épaules, en scandant notre invincibilité, sous les applaudissements ininterrompus des gradins. Je brandis la coupe avec un hurlement de loup enragé, défiant quiconque de répliquer.
Axel et Adem m'imitent, rejoignant mon cri de meute, et cette parenthèse d'idiotie de bas-étage me rend si fier d'eux que j'en oublie tous mes tracas depuis le début de l'année.

Quel bonheur que d'avoir des gens sur qui on peut compter. J'ai toujours été isolé à l'école, de par mon passé dérangeant, et voir autant de déférence et d'énergie solidaire me fait chaud au cœur.

Je descends de mon perchoir, faisant passer la coupe à Val, qui sort immédiatement son portable pour faire un selfie. On se place tous à ses côtés, tirant les pires expressions renfrognées, agrémentées du très sympathique doigt d'honneur d'Axel.

Le cliché est immortalisé. En voyant ma grimace délicieusement stupide, je me prends à sourire.

Génial.

La vie est géniale.

J'ai très envie d'aller retrouver Will mais il me reste quelque chose à régler.

L'ex-manager.

Je le trouve en train de discuter avec deux autres adultes, dont la fonction m'échappe curieusement. Ils n'ont rien de parents d'élèves. La quarantaine, peut-être. Un petit soupçon de milieu judiciaire, par leurs vêtements stricts et protocolaires.

Déconcerté, j'épie la fin de la discussion, à distance. Les deux avocats ne s'attardent pas dans les parages, et je finis par avoir mon entrevue avec le dénommé David.

Les mains dans les poches de son pantalon de flanelle, il me félicite.

-Bien joué, petit gars. J'ai vraiment bien fait de venir.

Ce que je n'ai pas dit à Will, c'est que je connais cet homme. Depuis quasiment tout petit. C'est même lui qui m'a initié à la NBA. Mais ce detail est moindre. Il n'aurait jamais fait de favoritisme, pour me permettre d'accéder à un milieu dont je ne voulais pas vraiment faire partie.

Swish, Will !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant