6-Vérité brute

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Arthur

  J'ai très mal au cœur. Si on m'avait dit que je devrais affronter tout ça, juste pour avoir déménagé, je ne serai jamais parti.

  J'ai envie de sécher toute l'année scolaire. Ma mère croit que je fais une dépression nerveuse. Elle n'est pas loin du compte. Je ne sais pas comment elle tient le coup. Peut-être qu'elle y arrive parce qu'elle n'a pas le choix. Remise de peine. Mon père a détruit tellement de vies, et il écope d'une remise de peine.

  Moi...Je suis sorti quelques fois, pour m'entrainer au square, quand il se faisait tard. Jamais en plein jour. Pas envie de croiser Will pour qu'il me trucide pour avoir manqué les premiers matchs. Je ne peux pas venir.

  Pas avec tout ce qui se passe. Le lycée me semble être la plus mauvaise idée jamais prononcée. Je ne dois pas être loin de la vérité. J'adorerais ne plus jamais avoir à croiser une certaine personne aux yeux verts, mais il va bien falloir que je retourne en cours.

  J'essaie de rester le plus alerte et actif possible. Mais je passe mes journées à pleurer dans ma chambre. Un vrai bébé.
  Il pleut de plus en plus. Je ne tente même pas de savoir par Sofia, le classement de la Swish P. S'ils sont derniers et qu'ils ne passent pas au second tour, Will m'étranglera. C'est peut-être pas si mal. Mourir de sa main. Ce serait romantique.
  Je lui dirai qu'il me plait, et il me crachera dessus pour cet affront. Puis il m'achèvera rapidement, avant de commander un nouveau brassard Nike neuf.

  Je mange un yaourt devant Burn after reading, puis débute un reclassement de tous mes DvDs. Cela m'occupe toute la matinée. C'est dire à quel point je suis dans le rouge.

  Ma mère me prépare une omelette, que je ne finis même pas, tellement j'ai envie de vomir.

  Pourquoi la journée ne passe-t-elle pas plus vite ? Je prends une douche et reste le plus longtemps possible sous le jet. Je me jette à corps perdu dans le rangement de ma chambre. De  l'appartement entier. Je vais faire les courses de la semaine. Je prépare le diner pour ma mère. Je m'étire les muscles tout en suivant l'actualité. Je relis même mon exemplaire de Batman, un cadeau de mon père, merde !

  Il n'est que quatorze heures vingt.

  J'éclate en sanglots. Cela ne me réussit pas de faire semblant. Autant retourner à ma position latérale de sécurité et cesser de faire comme si tout était normal.

  Je retourne donc dans ma chambre, m'allongeant de travers sur mon lit.  Un rayon de soleil passe sur mon visage. Si on n'oublie le fait que je suis mort à l'intérieur, l'atmosphère chaleureuse qui règne dans la chambre est on ne peut plus confortable.
  Il fait un peu sombre mais le rai de lumière qui pénètre par la fenêtre est d'une tiédeur vraiment agréable.

  Si je remarque tous ces détails, peut-être que je suis en train de remonter la pente.
  On toque à ma porte. Ma mère fait mes lessives, maintenant que je suis réduit à l'état de microbe parasite. Je grogne un oui incompréhensible avant qu'elle ouvre la porte.

  Elle semble gênée. Je ne vois pas pourquoi. Elle m'a déjà vu dans une phase péniblement piteuse beaucoup plus grave.

-Y'a quelqu'un qui veut te voir.

  Quelqu'un veut me voir. J'ignorais que cette phrase puisse encore avoir un sens. Est-ce qu'on se souvient même de mon existence ? Difficile à concevoir. Peut-être que c'est un colis pour moi ? Ou une pizza ? Mon cerveau malade n'est plus bon à faire des calculs, et à ce stade, je crois qu'il est plus probable que ce soit le Père Noël qui vienne. À moins qu'on ne soit en période de Halloween ?

  Je n'en sais rien. Quel mois on est, d'ailleurs ?
  Ma mère est ressortie, sûrement parce que cela lui faisait de la peine que je parle tout seul. Je suis d'accord. Je n'aime pas trop ma compagnie. Je suis vraiment exécrable à la longue.

Swish, Will !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant