Yoongi Shelby: 40

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Beaucoup de choses s'étaient passées en même temps, et tellement vite, que ça aurait pu être différentes tranches de vies superposées. D'un côté, il y avait ce type qui cherchait désespérément la liberté, de l'autre il y avait toi et les 6 jeunes hommes qui crevaient de trouille et de stress mêlés. Yoongi était d'un autre côté encore, comme sorti de son corps. Il ne faisait plus vraiment partie de cette tranche de vie à cet instant.

Tout ce qui raisonnait dans sa tête était ce sifflement strident et incessant, comme si tout son cerveau s'était mis en alerte incendie et que personne n'avait daigné rabaisser le levier. Des tâches de couleur explosaient devant ses yeux alors que ses veines se gorgeaient de sang et d'adrénaline en trop grande quantité. Ses pupilles dilatées ne lâchaient plus celles de prisonnier qui tenait toujours la pointe des ciseaux pressée contre ta gorge.

Il n'eut besoin que de les croiser pour savoir qu'il ne ressortirait pas d'ici si il se faisait attraper par lui. Son instinct de survie, aussi illogique soit-il, lui hurlait de courir vers la sortie. Affronter 5 autres type lui semblait bien moins dangereux que d'essayer de se défaire du chef. Il était le pire, il avait toujours été le pire. C'était lui qui l'avait rendu dingue, et c'était la perspective de le revoir lui qui l'avait poussé à s'échapper, même si il avait dû certainement y laisser une main.

La moiteur de ses mains traversait ton haut là où il t'empoignait. Étrangement, tu t'étais mise à avoir un peu peur pour lui, surement parce-que tu étais, toi aussi, en face de Yoongi.

Yoongi dont le visage s'était finalement tordu dans un rictus exagéré agité de tics nerveux. Ce n'était pas un sourire conscient, c'était la tension dans ses muscles qui les tordaient, il ne pouvait pas faire autrement. C'était bloqué.

Tout son être semblait être sur le point d'exploser, bouillant comme une cocotte sous pression. Il n'avait plus rien avoir avec celui que tu connaissais, et avait dépassé de loin ce que tu t'étais imaginé être "Suga".

Il n'entendait même pas les cris de ses acolytes derrière lui, ni les menaces tremblantes du type qui te tenait. Il guettait, les muscles de ses jambes et ses mains agités de soubresauts qu'il connaissait trop bien. Son corps entier s'était adapté à son état d'esprit. Il avait vrillé, les doigts crispés sur la poignée de la porte qui lui glissait maintenant des mains.

Personne ne s'était risqué à essayer de le ramener, il avait vrillé trop vite pour ça. Tu les regardais te faire des grands signes pour que tu viennes vers eux, comme si le mec qui te tenait à bout portant n'était qu'une petite étape à franchir. Puis Yoongi s'avança, et tu compris. Ton corps avait foncé de lui lui-même, et la main de ton supposé agresseur était trop tremblantes pour te retenir. Il comprit trop tard que tu lui avais échappé et tenta désespérement de te retenir. Tu étais sa seule chance, il le savait, alors il se jetta en avant pour essayer de t'atteindre.

Mais son front entra en contact avec quelque chose qui le bloqua, et une seconde plus tard, il ne vit plus rien. C'était, jusque là, ce qu'il avait ressenti de pire. L'intrusion était douloureuse à un point tel que tout son corps se tordit et il hurla, il hurla alors que les ongles courts écorchaient ses orbites et que ses yeux se faisaient presser comme des raisins contre son crâne.

Yoongi avait vrillé, et vrillé salement.

Toi, tu avais le dos tourné à la scène, heureusement. Tu entendis juste les cris, fonçant dans les bras de Hoseok comme une boule de bowling. Avant qu'il ne t'emmène loin, tu aperçus un fragement d'image. Il avait pressé son visage contre les éviers en marbre, éclatant les bouteilles de parfums dans ses joues et son front sans se soucier de la trainée carmin qu'il laissait sur la pierre trop chère. Il le tenait par les cheveux comme on tient un sac en plastique sur le point de céder, les mèches enroulées autour de ses doigts au plus près de son cuir chevelu. Il n'avait jamais eu en tête de lui laisser une issue. À partir du moment ou la lame de ses ciseaux avait touché ta peau, il n'était déjà plus là. Les minutes qui suivirent n'avaient été qu'un sursis.

Dangerous GameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant