J'ai payé pour ça

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J'ai payé pour ça

Karolina Von Goethe, 78 ème maire de la ville de Gehirn, la ville du savoir. Une grande femme dépassant allègrement les deux mètres et crapotant toujours avec son calumet, cela vous parle-t-il ? Une femme égoïste selon certains, manipulatrice selon d'autres ou simplement précautionneuse pour de rares personnes. L'oeil ne voit que la surface des choses et pourtant en connaitre l'intérieur changerait aisément sa perception, même si cette surface reste identique.

Restons dans cette ville d'alchimiste et retournons dans le temps d'une année avant que cette prise de bec familiale.

Karolina se trouvait dans son bureau, alors qu'un magnifique soleil brillait à travers les carreaux de sa fenêtre. Des chats roupillaient les quatre fers en l'air dans un abondant bain de soleil, des oiseaux se posaient à l'ombre des arbres grignotant quelque baies au passage. Les humains se détendaient sur leurs toits, cueillant des citrons pour en faire une petite limonade, les doigts de pieds en éventail. Pourtant, malgré ce beau temps, madame le maire était bloquée sur sa chaise, face au raz-de-marée administratif qui envahissait sa table. Une montagne de paperasse composé d'article de loi à revoir, de partenariat commercial, caprices de ses citoyens, demande de budget de rénovation et plein feuillets indigestes.

Durant toute cette journée d'administration, Karolina ne vit que le soleil chuter vers l'horizon. Les derniers rayons de lumière avait disparut à présent, la nuit se profilait de nouveau alors que la jeune femme termina d'apposer sa signature ainsi que son sceau de cire sur un ultime papier. Elle lâcha un long soupir en s'étirant les épaules, soulagée d'en avoir terminé avec ces formalité.

- Je vais sortir prendre un peu de bon temps, je l'ai mérité après avoir failli mourir d'ennui ! se dit-elle en agitant ses jambes engourdies par la position assise.

Après s'être coiffée de son chapeau, Karolina descendit vers la ville basse, saluant ces concitoyens au passage. En raison de sa taille, il était impossible pour elle de se promener incognito, par ce fait, elle déambulait non sans une certaine prestance. Alors qu'elle se dirigeait vers sa destination, Karolina aperçu de l'agitation vers une ruelle habituellement calme. Des gloussements féminins accompagnées de voix masculine, au ton un peu aviné si l'on se fiait aux voyelles qui s'allongeaient un peu trop.

Curieuse elle s'enfonça dans cette rue, découvrant un bâtiment fraichement restauré qui était auparavant un salon de thé sur le déclin d'après ses souvenirs. Le propriétaire avait du vendre l'endroit pour pas grand chose vu la localisation peu avantageuse. Des filles en tenue légère et décolleté plongeant aguichaient sensuellement les passants par leurs formes et leur roulement de hanches.

- Tiens donc, un lupanar viens d'ouvrir ? Je me demande ce qu'il vaut...

Quand elle s'approcha des courtisanes ces dernières s'approchèrent immédiatement d'elle en roucoulant.

- Madame le maire ! Quelle surprise de vous voir ici ! Vous désirez la chambre VIP ? dit l'une d'entre elle.

- Nous pouvons garder notre meilleur homme ou notre meilleur fille pour vous ! Dites nous ce qui vous fait envie ! Qu'est ce qui vous ferait plaisir ? rajouta une seconde.

- Je viendrai vous voir plus tard jeunes filles, j'aimerai voir le patron d'abord ! répondit Karolina alors que des mains baladeuses se promenaient sur son corps.

Elle se libéra de cette étreinte et rentra dans la maison close alors qu'une des filles appela le patron. L'endroit n'avait rien à envier aux autres maison concurrente, luxueuse, propre, chaleureuse, et la qualité du personnel semblait à la hauteur.

(Annexe) Partie pour mieux revenir: Histoire et personnagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant