Seven Pirates (préquel 1) : Elton & Romy

Chapitre 1 : Hirévia, nous voilà !

Ce chapitre est écrit du point de vue d'Elton. Bonne lecture !

« You really got me now.. yeah... you really got me now... you really got me... you really got me... »

Il y a des tas de choses simples que j'aime dans la vie. Écouter des vieux morceaux de rock dans la voiture en regardant le paysage défiler par la fenêtre en fait partie. Je m'appelle Elton, j'ai 15 ans, et demain, j'intègre un nouveau collège en cours d'année scolaire. Contrairement à mon frère Joyce, je suis serein. Mes autres frères et soeurs également.

« C'est facile pour vous autres ! » disait Joyce quand on lui reprochait d'être pessimiste quant à notre changement d'école. « Keziah et Reese vont être dans la même classe, Matthew et Logan aussi... Pourquoi Elton n'est pas mon jumeau, après tout, une troisième paire de jumeaux n'aurait pas été si dramatique non ? »

À ça, ma mère répondait presque toujours que Joyce ne ferait pas ce genre de remarque si c'était lui qui avait porté tous ces enfants, et tout le monde riait de bon coeur. Il est vrai que pour ma mère, élever une famille aussi nombreuse que la nôtre était parfois compliqué, mais même seule, elle s'en était jusque là toujours bien sortie. Notre père n'habite pas avec nous depuis presque six ans maintenant, et ne déménage d'ailleurs pas avec nous. À vrai dire, plus le temps passe et plus j'ai l'impression désagréable et pourtant si vraisemblable qu'il est parti pour toujours. Il a toujours été pris par son travail, et se faire muter à l'autre bout du pays n'a rien fait pour arranger notre situation. Je sais que Matthew et Logan, mes plus jeunes frères, ont toujours l'espoir de le voir revenir vers nous un jour, mais nous autres avons perdu tout espoir. Lorsqu'ils évoquent le sujet « papa » devant ma mère, celle-ci fait mine de rien, mais je sais qu'au fond d'elle, l'absence de son mari la touche particulièrement. Elle tente toujours de rester forte devant nous, ses enfants, et je l'admire pour ça. Ces six années ont été financièrement difficile pour nous tous, et il a fallu faire des sacrifices. Ma mère a enchainé des tas de petits boulots ingrats et mal payés. Après plusieurs mois de recherche, elle était finalement tombée sur une annonce pour du travail dans un collège de la ville d'Hirévia, une petite ville tranquille au bord de la mer, à plus de 250 km de notre lieu de vie initial. Après avoir pesé le pour et le contre lors d'un conseil de famille, nous avions donc décidé d'un commun accord de prendre le large et de venir s'installer à Hirévia.

Après trois longues heures de route, nous arrivâmes au pied d'un immense immeuble, entouré d'une quantité astronomique d'arbres, avec des tas de petits balcons colorés. Fort heureusement, nous avions seulement quelques cartons, ainsi que nos sacs de vêtements et quelques courses à monter jusqu'au 5ème étage, où se trouvait notre nouvel appartement, un nouvel appartement quasiment vide, qui n'attendait que nous pour créer de nouveaux souvenirs entre ses murs. Ma mère s'était chargé d'emmener nos meubles la semaine dernière avec l'aide de mes oncles et tantes lorsque nous autres étions en vacances chez nos grands-parents avec tous nos cousins. Je n'avais pour ma part encore jamais vu notre nouveau lieu de vie, et mon impatience était beaucoup trop grande pour que je puisse la contenir ne serait-ce que quelques minutes de plus. Le changement ne m'a jamais trop dérangé. Il m'était déjà arrivé de déménager plusieurs fois lors de mon enfance, mais sans jamais réellement changer d'endroit. Je n'avais encore jamais changé d'école en cours d'année scolaire, mais je ne me faisais pas trop de souci. J'ai toujours été assez extraverti, et aller vers les autres ne me pose pas de problème particulier, contrairement à mon frère Joyce. Keziah et Reese, mes grandes soeurs, ont toujours été dans la même classe mais n'ont aucun mal à s'intégrer à d'autres groupes. Elles avaient même des groupes d'amis différents dans leur ancien lycée. Quant à Matthew et Logan, ils correspondent totalement au cliché des jumeaux qui ne restent qu'entre eux, ne communiquent qu'entre eux, et que personne ne peut comprendre mieux qu'eux ne se comprennent. Ils faisaient eux aussi partie d'un groupe d'amis, mais préféraient rester entre eux le plus souvent possible. Nous avons tous des caractères assez différents, mais nous ne nous sommes jamais réellement disputé. On dit souvent que les opposés s'attirent, et à en voir notre fratrie, nos goûts, nos différents styles vestimentaires, ou encore notre investissement à l'école, je pense qu'il y a du vrai là dedans.