Seven Pirates (préquel 1) : Elton & Romy

Chapitre n°8 : les vacances à Pelverton

Ce chapitre est écrit du point de vue d'Elton (oui, encore !). Bonne lecture !

CONTENT WARNING : dans ce chapitre, je vais aborder des questions d'homophobie (de manière implicite) et j'évoque le suicide (de manière implicite également, mais je préfère prévenir puisqu'il s'agit d'un sujet très sensible).

Par la fenêtre de ma chambre, je vis un superbe van bleu et blanc, avec de grandes fenêtres. On aurait dit un véhicule hippie des années 70, et il me plaisait énormément. Depuis le bas de l'immeuble, Romy me faisait de grand signes. Il était temps de prendre la route vers une direction qui m'était encore inconnue. Romy et ses parents tenaient à garder la surprise totale jusqu'à notre arrivée. J'éprouvais à la fois de la culpabilité et de la satisfaction à l'idée de partir en vacances sans ma famille pour la première fois. Nous avions l'habitude de passer quelques semaines dans le sud du pays, chez mes oncles et tantes, mais cette année, notre situation financière ne nous le permettait pas. Les parents de Romy avaient proposé à ma mère de venir avec mes frères et soeurs, mais elle préférait rester à la maison pour enfin déballer nos dernières affaires, presque sept mois après notre emménagement à Hirévia. J'étais donc le seul à partir cette année.

- Elton, dépêche toi, Romy t'attend en bas !

C'était ma mère. Je me hâtais de prendre ma valise et mon skate, de dire au revoir à Matthew et Logan qui étaient en train de prendre leur petit déjeuner, et je descendis à toute vitesse les cinq étages de l'immeuble. Ma mère me suivait d'un pas léger. Elle voulait sûrement discuter un peu avec les parents de Romy avant le grand départ. Lorsque j'ouvris la porte de l'immeuble, Romy fonça vers moi, les bras grands ouverts.

- Elton, tu te rends compte, on part en vacances ensemble, c'est trop génial !

Les parents de Romy discutaient près du van avec deux autres femmes. Elles avaient toutes les deux des styles très différents. L'une d'elle était très grande, avec des cheveux courts et bouclés, rasés sur les côtés, avec de très grandes boucles d'oreilles, une veste en jean sans manches près du corps et une longue jupe à fleurs. L'autre était beaucoup plus petite, avec des cheveux mi-longs, noirs, très raides, et les yeux bridés. Elle portait une chemise légère et un pantalon fluide. La plus grande des deux femmes se retourna vers moi.

- Ah, c'est donc toi le fameux Elton dont on entend parler depuis des mois !

- En personne ! (j'étais légèrement intimidé, mais j'essayais de ne pas le montrer)

- Tu as une bonne tête, je sens qu'on va bien s'amuser ! Je suis Gaëlle, et voici ma femme Linh ! On est les mamans de Nour ! D'ailleurs... Nour ?

Une tête familière, celle de Nour, sorti de derrière le van. J'avais déjà vu quelques photos d'elle dans la maison de Romy, c'est pourquoi elle me semblait si familière. Nour était grande, presque autant que moi, et avait un style vestimentaire très atypique, avec un grand t-shirt du groupe Alien (un groupe de musique de style alternatif), un short avec des carreaux noirs et blancs, et de très grosses baskets avec des plateformes, ce qui ne faisait que la rendre encore plus grande que ce qu'elle était déjà. Elle avait de longs cheveux noirs et raides, et les yeux bridés, comme Linh. Autour de son cou pendait un appareil photo dans sa sacoche. À son poignet, elle portait le petit bracelet que nous avions choisi pour elle avec Romy pendant le Marché du Printemps. Je portais le mien aussi, et le fait de la voir avec me faisait sentir directement en sécurité. Je savais que nous allions bien nous entendre. Les vacances s'annonçaient grandioses.

Après quelques minutes à discuter en bas de l'immeuble, ma mère me serra dans ses bras une dernière fois, et nous prenions la route direction l'inconnu, du moins, pour moi. Romy m'avait déjà brièvement parlé de ses vacances avec Nour et sa famille. Elles se rendaient ensemble au même endroit, dans la même maison depuis qu'elles étaient toutes petites, mais elle ne m'avait montré que très peu de photos, car elle voulait que la découverte soit totale pour moi. Je me sentais honoré d'être invité à venir en vacances avec eux. Cet endroit était sûrement leur petit endroit rien qu'à eux, un endroit qui les avait vu grandir au fil des années. J'allais pénétrer dans ce qui s'apparentait pour moi à la grande maison familiale où nous vivions lorsque j'étais tout petit et que mes plus jeunes frères avaient seulement 4 ans. Lorsque mon père vivait encore avec nous, nous habitions une grande maison à seulement quelques mètres de celles de mes oncles et tantes, dans le sud du pays. Seule une petite route goudronnée séparait nos maisons, et finalement, c'était comme si les quatre maisons alignées ne formaient qu'une seule et grande maison. Nous passions toutes nos journées ensembles, fréquentions les mêmes écoles, avions les mêmes amis, et déménager fut un déchirement total. Après le départ de mon père, ma mère ne pouvait se permettre de continuer à financer la maison, et refusait catégoriquement de profiter de l'hospitalité de la famille. Nous étions donc partis vivre dans une petite maison, à une cinquantaine de kilomètres, et après cinq ans, nous avions déménagé dans un plus petit appartement, à Hirévia, où ma mère avait trouvé un travail stable.