Seven Pirates (préquel 1) : Elton & Romy

Chapitre 5 : des sentiments confus.

Ce chapitre est écrit du point de vue d'Elton. Bonne lecture !

Je n'eus aucun mal à m'endormir en rentrant de chez Romy. J'étais soulagé qu'elle puisse enfin voir le bout du tunnel. Les premiers jours après la dénonciation furent quelque peu mouvementés. J'ai plusieurs fois été convoqué dans le bureau du principal en temps que témoin principal du harcèlement dont Romy était victime. Quant à elle, elle ne cédait pas à la peur, et maintenait sa version des faits, même si les trois autres en face niaient tout en bloc. Ce n'est qu'au bout d'une semaine qu'Emilie finit par tout lâcher, et avouer qu'elle ne pensait pas à mal en suivant ses amis, et qu'elle ne mesurait pas l'ampleur de ses actes. Dès lors, Sarah et Nathaniel n'étaient plus en mesure de nier quoi que soit, et ils furent tous les trois exclus du collège pendant une semaine entière. J'étais assez sceptique, et je pensais qu'ils méritaient bien plus qu'une simple semaine d'exclusion, mais le principal m'a confirmé que leurs actes seraient consignés dans leur dossier scolaire, et que cela pouvait leur causer des problèmes dans leurs potentielles futures études. J'étais rassuré. Je n'aime pas souhaiter du mal à qui que ce soit, mais je voulais qu'ils paient pour tout ce qu'ils avaient fait subir à Romy pendant plusieurs mois. Au fur et à mesure que les jours passaient, je la voyais retrouver le sourire. Elle faisait de moins en moins de crises d'angoisse. Je ne pouvais qu'être fière d'elle, car quand bien même je l'avais aidée, elle avait réussi à parler et à dénoncer ses bourreaux.

Mes amis n'ont eu aucun mal à accueillir Romy au sein de notre petit groupe. Elle apportait de la nouveauté, nous avions des discussions toujours intéressantes, et elle prenait un malin plaisir à taquiner Axel à propos de la fille qu'il aime sans oser le lui dire. Elle était toujours bienveillante et de bon conseil avec chacun des garçons dès lors que la conversation tournait autour des relations amoureuses, et les conseils qu'elle leur prodiguait étaient toujours plein de justesse. De manière générale, tous ses conseils étaient justes. Le mercredi après-midi, on avait pris pour habitude de se réunir tous les quatre, souvent chez Romy, pour s'aider à faire nos devoirs, et à réviser pour l'examen de fin d'année. J'avais l'impression de toujours avoir connu Romy, de toujours avoir connu ses parents. Elle était devenue une partie essentielle de ma vie, et j'en venais parfois à me demander comment j'avais pu faire pour vivre toutes ses années sans la connaitre.

Depuis que mes frères et soeurs avaient rencontré Romy, aussi étonnant que cela puisse paraître, ils restaient en retrait dès lors que ma mère en parlait, et ne me faisaient aucune blague quant à la potentielle ambiguïté de notre relation. Nous passions tous notre temps libre ensemble. Même en ayant passé la quasi-totalité de la journée ensemble, nous restions souvent au téléphone après les cours. Quelqu'un d'extérieur penserait sûrement que nous sommes bien plus que de simples amis. À vrai dire, l'idée m'a traversé l'esprit parfois, mais je ne voulais pas en parler à Romy. J'avais peur qu'elle trouve tout cela déplacé, et qu'elle ne veuille plus me parler de peur que je devienne trop insistant. Je n'avais jamais ressenti de telles choses pour une fille. Jusqu'à présent, je n'avais eu aucun mal à parler ouvertement des filles qui me plaisaient. Pour moi, l'amour n'est pas un sentiment qui mérite d'être caché. Seulement, avec Romy, tout me semblait différent. Je n'arrivais pas à tirer mes sentiments au clair, je ne savais pas si j'avais franchi la ligne qui sépare l'amitié de l'amour, si quelconque ligne il existe. Je gardais toutes ces questions pour moi, et je tachais de ne rien laisser paraitre devant Romy.

- Elton, c'est à toi de jouer !

Charly me tira de mes pensées. Nous étions tous les trois, lui, Axel et moi, dans sa chambre pour jouer à un nouveau jeu vidéo.

- À quoi tu penses ? me demanda t-il.

- Ou plutôt, à QUI tu penses ? répliqua Axel avec un sourire moqueur.