Connor m'a accompagné à l'aéroport et sur le chemin, nous en avons même profité pour aller chercher Lucy. Elle est moi, nous n'avons qu'un an d'écart, mais je la considère comme ma précieuse petite sœur. Quand je me remémore notre première rencontre, jamais je n'aurais pus imaginer qu'on s'apprécierait autant aujourd'hui :
- Tu vas tellement me manquer Jude ! Dit-elle en pleurant à chaudes larmes.
Je la sers dans mes bras en caressent ses cheveux depuis bien une demi-heure, mais le temps compte bien peu en cet instant. Je dois profiter de ce moment le plus longtemps possible :
- Toi aussi, tu vas me manquer "Lucky", dis-je en refrénant mes larmes.
Elle se décolle un instant de moi pour me regarder une dernière fois. De mes mains, je saisis son visage avec tendresse et viens déposer un baiser sur son front :
- Pour te donner du courage, lui dis je le sourire aux lèvres, mais les larmes aux yeux.
- Juude ! Pleure t'elle une nouvelle fois.
Elle se plonge à nouveau dans mes bras :
- Je reviendrai, je t'en fais la promesse.
Je la sers un peu plus fort chaque seconde qui passe tout en enfouissant mon visage dans ses cheveux. Des larmes perlent sur mes joues et atterrissent dans sa belle tignasse brune :
- Jude, ton avion décolle bientôt, me rappelle Connor.
C'est vrai, il est temps pour moi de partir. J'ai bien fait attention à changer la destination de mon vol et à transférer de l'argent sur mon compte personnel. Un compte que ma mère ne contrôle pas. Je l'avoue l'avoir fait derrière son dos, mais aujourd'hui, j'en vois vraiment l'utilité.
Lucy s'en va près de son père tandis que je fais glisser les poignées de mes deux valises :
- Il faut que j'y aille, sinon je ne partirais jamais.
- Tu me promets de m'appeler tout les jours, disent-ils en même temps.
Je rigole légèrement avant de leur répondre :
- Je vous contacterai tous les jours et si ce n'est pas un appel alors ce sera un message. Mais je vous promets que vous aurez de mes nouvelles tous les jours.
Après de dernières embrassades, je me dirige enfin vers la file d'attente pour me faire enregistrer. Je n'attends pas très longtemps, avant de me faire enregistrer.
Une fois la douane passée, je m'en vais attendre dans la salle prévue à cet effet. Mon vol est dans quelques minutes, mais le temps semble s'être ralenti en cours de route. J'ai l'impression d'être dans le flou. Cette impression, que tout ça n'est qu'un mauvais rêve et que d'une seconde à l'autre, je vais me réveiller. Depuis que ma mère m'a appelé, mes larmes n'ont cessés de couler et m'a vie a changé en quelques secondes.
Me voilà maintenant en direction de Busan pour essayer de retrouver mon père que je n'ai pas revue depuis mes quinze ans. Aujourd'hui, j'en ai vingt-trois. Vingt-trois et pourtant ce n'est que maintenant que je décide de me prendre en main... Pathétique. Doucement, une mélodie jouée au piano commence à résonner au sein de l'aéroport.
Je me lève et me rapproche de cette magnifique mélodie. Une femme s'est installée sur le piano et commence à y jouer avant de nous laisser entendre sa magnifique voix. Les paroles me semblent être en français. Je n'y comprends pas grand chose. Mais pour ressentir les émotions transmises pas besoin de comprendre le sens des mots chantés. Il me suffit de fermer les yeux pour être emporté par une vague de sérénité. Mais aussi un élan de solitude et de tristesse. Je me sens hypnotisé par cette chanson.
Ça me rappelle ce que peut procurer une simple chanson, accompagnée d'une belle voix. Les souvenirs me reviennent. Moi, devant mes deux parents encore ensemble et souriant. Nous étions tous dans le jardin de mon ancienne maison. Le soleil irradié le ciel et le vent venait caresser doucement nos visages. Et moi je chantais, je chantais avec une telle joie. J'aimais entendre ma voix et la faire entendre aux autres. J'aimais transmettre mes émotions à partir de rien. Émouvoir aux larmes ou encore réconforter chaudement.
Mais aujourd'hui, je ne chante plus. Je ne veux plus. Ma mère m'en a dégoûtée et rien ne m'en a redonné envie. J'ai perdu l'une des seules passions que j'avais à cause... d'elle. La femme finit sa chanson et tout le monde l'applaudit. Je rouvre les yeux et constate avec surprise que je me suis mise à pleurer silencieusement sans même le remarquer. Discrètement, j'essuie les larmes qui se sont échappées contre ma volonté et me met à applaudir cette femme. Elle nous salue puis s'en va en direction d'un siège.
Rapidement, la foule se dissipe tandis que moi, je regarde le piano. Il m'arrivait quelques fois de m'accompagner de cet instrument pour embellir ma voix. Mais aujourd'hui tout est terminé. Je ne vois pas pourquoi je m'y remettrais. Mon regard se détache enfin du piano quand une voix résonne dans tout l'aéroport :
- Les passagers de l'avion en direction de Séoul Incheon sont priés de se présenter munis de leur billet et leur pièce d'identité aux portes 127 et 128 avant l'embarquement.
C'est mon vol, je dois y aller. C'est ici qu'on se quitte ma douce Angleterre. Je me lève de mon siège munis de mon sac et me dirige vers les portes 127 et 128. Une fois enregistré, je marche le long du couloir jusqu'à la porte de l'avion. Je présente mon billet à une hôtesse de l'air et elle me désigne le couloir que je dois emprunter. Après l'avoir remercié, je m'engouffre dans ce fameux couloir et trouve facilement ma place. Une fois assise je regarde ce qui se passe à travers le hublot. Ma tête vient se déposer près de ce dernier et mes yeux détaillent avec une légère fascination le ciel étoilé.
Ce soir, j'ai tant souffert que je ne peux qu'espérer que tout cela servira à ne rendre ma vie que meilleure. Une personne s'assied à côté de moi, mais je suis beaucoup trop fatigué pour poser mon regard sur elle. A la place mes yeux se ferment petit à petit et mon esprit se laisse emporter dans le pays des songes. A mon réveil, ma nouvelle vie commencera et c'est à moi que revient le pouvoir de la rendre magnifique.
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Sing
General Fiction- Une vie ne peut pas briller de tout son éclat si elle n'est pas motivée par un rêve à réaliser - Ma mère n'a pas cessé de me répéter ces paroles depuis que je suis toute petite et l'on peut dire que ça a porté ses fruits... Enfin pour elle. Elle q...