Quand m'a mère m'a soudainement annoncée qu'elle allez tout quitter pour enfin réaliser son rêve, je l'aie soutenu corps et âme sans me douter que ça l'éloignerai de moi aussi bien mentalement que physiquement. Je reste heureuse pour elle malgré le fait qu'elle me laisse derrière, un bon nombre de fois.
Ma mère est aujourd'hui une célèbre chanteuse d'opéra : Elizabeth Hawkins. Elle a atteint son rêve, mais à quel prix ? La célébrité l'a changée. Elle, qui était une mère aimante et chaleureuse, est maintenant une personne que je n'arrive plus à reconnaître. Que je ne veux plus près de moi. Moi qui aimais tellement ma mère, maintenant, je ne la supporte plus. Je ne supporte plus ses sautes d'humeur et ses remarques égocentrées. Toujours derrière moi à me rappeler que je dois faire quelque chose de ma vie et ne pas ternir son image.
Pourtant, je fais des efforts. À la maison, je suis toujours en train d'aider nos domestiques. Tellement que, quelques fois, ça m'arrive de faire tout le travail à leur place. Et à l'extérieur, je fais en sorte d'être irréprochable. Certes, je ne suis plus aucune étude, mais c'est ma mère, elle-même, qui m'a incité à quitter mon université voyant que ça ne me plaisait pas. Mais ça, c'était avant que la célébrité ne lui monte à la tête.
En ce moment, elle est en Italie pour une de ses grandes représentations. Mais m'emmener avec elle ne lui a même pas traversé l'esprit. Pourtant, depuis que je suis toute petite, je ne cesse de lui répéter que Venise est ma ville préférée. Depuis toujours, je rêve de visiter cette ville, admirer l'architecture de ses appartements et dévorer du regard tout ce qu'elle a à offrir. Venise la ville de l'amour. Un jour, je jure de te visiter :
- Dans quel monde t'es tu encore échappée, ma petite caille ?
La voix de mon majordome Connor me fait revenir à la réalité. Je le regarde me détailler, pendant que je mélange la sauce tomate :
- Qu'est-ce qui te fait dire, ça ?
- Et bien, ça doit être la cinquième fois que je te demande de me passer la sauce tomate pour pouvoir l'ajouter au reste, me dit il en souriant.
Mon regard vacille entre Connor et la sauce tomate :
- Oh désolée. Tiens, dis-je en lui tendant le bol.
Il le saisit et ajoute son contenu dans la casserole en face de lui :
- Alors où étais-tu partis ?
- À Venise, sur une gondole en train d'admirer un magnifique couché de soleil, verre de vin à la main.
- Ça fait rêver.
- À qui le dis tu. Et sinon Lucy se porte bien ?
- Mieux que jamais depuis qu'elle est revenue à la maison. D'ailleurs, elle ne cesse de me demander de tes nouvelles.
- Elle est revenue ? Je pensais qu'elle continuait ses études à New-York, moi ?
- Ça doit faire deux semaines qu'elle est rentrée. Mais elle ne m'a toujours pas dit pourquoi et je ne veux pas trop la brusquer.
- J'imagine que Londres lui manquait, lui dis je en essayant de le rassurer.
Son air montre bien qu'il s'inquiète pour sa fille même s'il essaye de le dissimuler. Je m'apprêtais à réconforter Connor un peu plus, mais mon téléphone à profité d'un moment de silence pour se mettre à sonner. Je le sors de ma poche et regarde qui m'appelle : ma mère. Je reste légèrement choquée par cet appel soudain. D'habitude, elle ne prend pas le temps de m'appeler par elle-même. J'imagine que ça doit être important. Je décroche :
- Allô. Maman ?
- Jude ?
- Oui ?
- Commence à faire tes valises ? Tu dois prendre un avion ce soir.
- Que.. Quoi ? Comment ? Un avion ? Mais..
- N'ais-je pas étais assez clair ? Tu quittes l'Angleterre, dès ce soir.
- Mais pour aller où ?
À l'entente de ma propre question, j'imagine déjà une magnifique réponse. Est ce que par tout hasard, elle s'est souvenue de ce que je lui ai dit ? Est ce qu'elle se souvient que j'ai toujours voulue visitée Venise ? Je l'imagine déjà en train de me dire de venir la rejoindre. Un sourire commence à naître sur mon visage, avant même d'avoir entendu sa réponse :
- Tu pars à Boston. Un de mes contacts m'a confié qu'il lui manquait une assistante dans son entreprise et à ce que je sache, tu n'occupes aucun emploi. Alors je me suis permis de lui parler de toi et il est tombé sous le charme. Le travail est plutôt bien payé et ne requiert pas vraiment de compétence particulière. Il te suffira juste d'être bien organisée. Et pour ce qui est de ton habitat, il te paiera un appartement pas très loin de son entreprise.
Aucun son ne sort de ma bouche. Je suis beaucoup trop choquée. Ma mère vient de vendre mon destin pour sa bonne conscience, ou bien je rêve. Je n'arrive pas à y croire. Elle m'a fait ça à moi, sa fille :
- Jude ? Jude, m'as-tu bien entendue ?
- Je...
- Pas le temps pour la discussion. Ton vol est prévu pour vingt-deux heures. Ne sois pas en retard.
Et sur ces derniers mots, elle me raccroche au nez. Je ne réalise toujours pas. Mon téléphone, toujours collé à mon oreille, j'essaye de remettre mes idées en place :
- Jude ? Qu'est-ce qui t'arrive ? Tu es toute pâle.
C'est en regardant le visage de Connor, totalement inquiet, que mes nerfs lâche. Mes bras faiblissent laissant tomber mon téléphone au sol. Les larmes me montent aux yeux :
- Oh non.. Ma petite caille. Ne pleure pas, dit-il en venant me prendre dans ses bras.
Je m'accroche à lui comme si ma vie en dépendait et éclate en sanglots sur son torse :
- Elle est horrible ! Ma mère est si...
Je n'arrive pas à finir ma phrase, prise par un nouvel élan de larmes. Connor caresse mon dos, essayant de me soutenir à sa façon. Je me sens trahie, si trahie. Moi qui est fait tant d'effort pour continuer à lui plaire. Moi qui agissais comme une parfaite petite fille modèle. Mais ça n'a servit à rien. Elle n'a aucune et n'aura jamais de reconnaissance pour moi, sa propre fille :
- J'en ai marre. Je ne la supporte plus ! Il est hors de question que je lui permette de me voler ma vie !
- Jude calme toi et explique moi ce qu'il passe ?
J'essuie mes larmes et reprends mon souffle avant de lui expliquer tout ce qu'il vient de se passer en si peu de temps. Connor ne sait pas quoi répondre à tout ce que je viens de lui dire. Sa seule réaction et de me reprendre dans ses bras :
- Je n'ai pas envie de devenir une assistante et encore moins de partir.
- Tu n'as pas à l'écouter. C'est peut-être ta mère, mais elle n'a pas à être la maîtresse de ta vie. C'est toi qui décides, toi et toi seule. Et quelque soit ton choix, sache que je te supporterai.
Ces paroles... C'est ce dont j'avais besoin pour récupérer un minimum de motivation. Connor a raison, je ne peux plus la laisser me contrôler comme ça. Je vais devoir faire un choix. Soit je me plie aux ordres de ma mère ou bien, je contrôle ma destinée. Dans les deux cas, je serais obligée de sacrifier cette vie que je chéris tant :
- Alors Jude ? Quel est ton choix ?
Je le regarde droit dans les yeux et essuie les quelques larmes qui restent sur mes joues :
- Je serais la maîtresse de ma vie. Hors de question que je la laisse faire.
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Sing
Ficción General- Une vie ne peut pas briller de tout son éclat si elle n'est pas motivée par un rêve à réaliser - Ma mère n'a pas cessé de me répéter ces paroles depuis que je suis toute petite et l'on peut dire que ça a porté ses fruits... Enfin pour elle. Elle q...