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C'était difficile à distinguer à cause du soleil qui cachait cette, si je peux dire "forme volante". D'ailleurs cette forme possédait des ailes?.. Un oiseau qui vole? Oh non... Impossible ! Soudainement une idée me traversa l'esprit d'une manière fulgurante. Je venais de réaliser l'irréparable. La vie du petit est en danger! Je dois intervenir, et vite ! Promptement, je rebroussai chemin et me prépicita à toute vitesse vers Petit Rêveur. Il était seul, hors du groupe ! J'entendais au loin des gens hurler de frayeur, d'autres donnèrent l'alarme et la plupart de la colonie demeuraient sans réaction. C'était un pétrel ! Sans doute ! Cet oiseau répugnant... Grr... Je devais me dépêcher ! Mon regard se portant sur le ciel et la terre oscillait vigoureusement, sur quoi dois-je me concentrer ? Surveiller cet infâme ennemi ou prêter attention à mon cher ami ? Distraite et perturbée, je finis par me rentrer dans la cohue et pousser abruptement des gens qui maugréait. Pas le temps de s'excuser ! Je me remis d'aplomb puis me distançai de la horde afin de m'approcher de mon ami. Proche de lui, je criai assez fort pour qu'il m'entende. Il se retourna, surpris et étonné de me revoir. Sans faire attention sa patte blessée dérapa, et Petit Rêvasseur s'écroula lourdement au sol. Je me précipitai vers lui. Tiens donc, à ce moment... Où avait disparu le pétrel ? Il n'était nulle part... J'avais beau observer les environs, je ne distinguais aucune forme de menace, toutefois, j'eus vitement tort. Soudainement, l'ennemi surgit et apparut de je ne sais où et fonça droit vers Petit Rêvasseur ! Vu que c'était une proie sans défense et en outre à sa portée. Remplie de fureur, je m'élançai tel une flèche fendant l'eau vers cet sale oiseau. Avant qu'il n'eut le temps d'attaquer le petit, je m'interposai brusquement.

«Recule sordide ennemi !» Hurlai-je

L'hideux oiseau me dévisagea longuement avant de répondre.

«Crois-tu me tenir face? Hors de mon chemin morveuse !
Me cracha t-il dessus d'un ton haineux.

-Non !
Protestai-je.
Jamais je ne te laisserai toucher à lui ! Non !..»

Je devais quand même avouer qu'impétueusement, je me suis mise dans une situation délicate. Petit Rêvasseur me retint :

«Arrête ! Ne fais pas la folle ! Tu ne peux pas! Impossible seule contre lui! Fuis! Fuis!.. Et laisse-moi...»

J'ignorais ses avertissements. Je m'en moquais, vivre ou mourir... Je voulais juste protéger quelqu'un que j'aime, quitte à en périr.
Même si ce n'était pas visible, au fond de moi, j'étais paralysée de peur. L'imposant ennemi s'avança dangeureusement vers moi. Un minime espace se séparait de nous. Je tréssaillis de peur, tétanisée, les muscles noués, je me contentais de lutter en restant raide et en le regardant droit dans ses yeux.

«Alors...
Me dit l'oiseau.
On joue les héros mais on a peur ? Pathétique.

-Je... Non ! Ne t'approche pas !

-Aah? Sinon quoi ? Que vas-tu faire ?

-Grr...
Grognai-je pour l'intimider !

-Hahahah ! Se moquait-il. Tu vois ? Tu crois que tu trembles de froid?.. Ou de peur?

Il me sourit narquoisement.

Tu ne m'intéresses pas, à moins que tu souhaites que je te dévore par la même occasion.

Il continua, amusé.

C'est mon dernier avertissement, tu dégages ou tu finis comme ton cher ami.»

L'oiseau finit sa phrase d'un ton hargneux.

Je m'emplis d'une colère noire terrible au plus profond des abysses de mon être. Ce n'était plus la peur qui faisait surface, c'était la colère qui s'imprégnait au fur et à mesure. Oui cet émotion noir accompagné de destruction. Là, à ce moment précis, je n'avais qu'une seule envie, l'envie de le réduire en cendre ! Furieuse, et aveuglée par la colère, je m'assailis bestialement sur lui. Prête à tout !

«Autant me tuer !»
Hurlai-je du même coup.

Je m'accrochai sur l'ennemi, et tentai d'asséner des coups de bec. Estomaqué, le pétrel ne s'attendait pas à une telle réaction, il reculait rapidement.

«Teigneuse comme tu es ! Tu vas le regretter !» Criait-il.

L'ennemi chargea d'un puissant coup de bec au crâne et je me fis tomber à terre. Il continuait à m'affliger à la suite plusieurs coups pour que je sois hors d'état. Le choc à la tête fût fort immensément douloureux, je ressentis un mal de crâne vive et persistant. Bien qu'il était considérablement plus fort que moi. J'admettais ma faiblesse face à lui. J'avais aucune chance seule. En revanche, rien ne pouvait m'empêcher de résister. Malgré le choc qu'il m'avait administré, je m'efforçai de rester consciente.

«A-arrête... Je t'en supplie...»
Lui suppliai-je d'une voix faible.

Cette saleté ne prit nullement peine de me porter attention.

«Arrête... Non arrête!..»

Je répétai maintes fois. Je ne pus bouger, quel coup puissant... Ma vue commençait à se troubler, de même l'ouïe. Il n'y avait que le bec que je pouvais articuler. L'infâme ennemi se rapprochait de Petit Rêvasseur. Pas à pas, il s'approchait... Puis il le... Ses cris... Épouvantables sonnaient-ils. J'entendais ses cris sourds. Impossible non ! Je tournai ma tête vers l'horrible scène qui se présentait devant moi. Quand bien même, ma vue et mon ouïe étaient réduits. N'empêche que je pus démêler les circonstances, les faits, ainsi je voyais et entendais clair. Mon ami agonisait, ses hurlements de détresse perçaient mon coeur. L'ennemi était en train de le réduire en miette. Subitement je distinguais... Du rouge ? Un genre de liquide rouge coulait en ma direction jusqu'à ce qu'elle atteigne ma nageoire. Ce liquide était tiède, et gluant. Mélangé avec le froid de la neige, mes sens du ressenti et du toucher persévéraient. Et cette odeur ragoûtante qui parcourait mes narines, me mis excessivement mal en point. D'un coup, je fus tumultuée par la colère, elle était encore plus noir que la précédente, je ressentais une rage féroce. Ce rouge et les effluves de cet odeur nauséabonde m'horrifiaient et me dégoûtaient grandement. Cette rage qui m'animait me résolut à résister encore et encore. Je finis par m'efforcer de me relever, conséquemment, je tressautai, mes muscles tressaillaient refusant de bouger, je gisais et gémissais désespérément sur place. Mes efforts furent inutiles, tristement vaines, se transformant en désespoir au plus bas. Je ne cessais de supplier, de geindre incessablement, en vain, pour qu'il arrête, en dépit de peu de mes forces. C'était insupportable... La douleur de mon crâne amplifiait pirement les choses. Ça me faisait trop mal ! Jusque-là, une idée occupait ma tête empli de souffrance, l'espoir que tout se stoppe, les déplorables cris, juste que mon ami ne souffre plus ! Il n'avait rien fait de mal, pourquoi avait-il eu un sort si cruel ? Est-ce moi qui avait fait quelque chose de mal ? À un moment donné, je ne percevais plus ses cris affligeants. Était-ce mon esprit ou?.. Tourmentée, mêlée par la peur, colère, désespoir, et tristesse, sur ces entrefaites, je parvins par pousser un hurlement éperdu résonnant sur toute la banquise.

«ARRÊTE !..»

Enfin, prestement je m'écroulai lourdement.

Rappelle-Moi Ton NomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant