12

4 5 0
                                    

Il faisait noir, noir d'une obscurité absolue, la température... Je ne ressentais rien de chaud ni de froid. Non, en fait je ne sentais rien du tout. Étais-je morte ? Non ce n'était pas possible... Je pouvais bouger, m'agiter me mouvoir, courir dans tous les sens en vain. Je me déplaçais nulle part, j'étais comme emprisonnée dans une sphère qui était en même temps vide et infini. Subitement, j'entendis, j'entendis quelqu'un qui m'appelait par mon nom. Je me retournai, j'écarquillais les yeux, je fus violemment frappée par tant de stupeur à un point dont je me raidis complètement. Petit  Rêvasseur, il était là en face de moi, il me souriait, ce sourire toujours aussi sincère, un sourire que je l'avais oublié, qui me faisait battre mon cœur. Puis il prit la parole :

«Plumes Ardentes, es-tu désespérée ?

-Euh... Je..!»

Ma gorge se nouait, je ne sus réagir, le voir en chair et en os me tulurpinait sévèrement.

«Je sais qu'au fond de toi, tu es perdue, par contre, malgré cela, tu t'accroches à la vie, tu te bats et tu persévères afin de combler ce vide. Tu as donc façonné ce but dans l'espoir de trouver une réponse à ton cœur désemparé. Toutefois, si tu te perds ainsi et que tu avances aveuglément, jamais tu ne trouveras la réponse. Tu t'obstines de cette manière inutilement. Au départ tu étais prête à réaliser les choses, et là, regarde-toi...»

J'avais oublié que tu étais là. Mon cœur se serrait, toutes ces émotions, ces souvenirs, ces sentiments que j'avais eu avec Petit Rêvasseur. Il m'avait rappelé tant de choses. Ces choses que j'avais oublié il me les avait rappelé. Cela me faisait à la fois mal, d'une douleur aiguë, et cela m'apaisait aussi, d'une certaine façon. Mon seul souhait, je voulais le revoir, enfin est-ce que cela aurait des conséquences néfastes ? Non ! Je m'en moquais royalement, mon seul désir depuis tout ce temps était juste de le revoir.

«Je veux... Je veux te revoir ! Même si je dois mourir ! Tu es ma seule raison de vivre !» Hurlai-je, éplorée.

Il me fusillait des yeux, son sourire se détint légèrement.

«As-tu oublié la promesse Plumes Ardentes ? Que nous avions faite, et tous ce que nous avions dit.»
Me demanda t-il d'un air plus neutre.

La promesse ? J'eus du mal à m'en remémorer, après un long moment, les fragments de cette promesse ressurgissent. Oui... oui, je m'en souviens, être moi-même, devenir ce que mon nom signifie et continuer à vivre... Je me tus plongeant dans d'éternelles réfléxions. Je plongeais mon regard dans le vide, incapable d'articuler ne serait-ce qu'un mot.

«Ma présence semble te tourmenter. Mais si je suis là, en ce moment-même, c'est que tu n'as pas oublié ce que nous avions dit, et cela signifie que tout ira pour le mieux. N'oublie pas, je serai toujours là pour toi, pour te guider quand tu en as besoin, peu importe où tu es, je serai là, jusqu'à la mort, enfoui au fond de toi, nos liens seront indéfectibles. Certes je suis bien content que tu t'es trouvé un dessein qui t'anime, j'animerai de même ton cœur, tu pourras faire fondre des montagnes de glace, rien ne t'arrêtera dans ton voyage, puisque je le ferai parti.»

Sur ces derniers mots, il disparut, dorénavant, devant moi se tenait les abysses noirs. Ce que nous avions dit... Ah c'est vrai... J'avais chaviré durant ce périple, j'ai voyagé pour toi et moi, pour nous deux, j'avais pensé à toi au départ. Effectivement, j'étais déjà désespérée au début et j'ai fait ce voyage pour combler un vide en cause de mon désespoir et trouver une réponse, une réponse à la vie peut-être?.. Et par la suite, en me heurtant aux multiples embûches et obstacles ardues, j'avais perdu la raison, le désespoir avait eu raison de moi. Mon cas avait empiré, à un tel point que j'avais oublié Petit Rêvasseur et que je m'étais renfermée sur moi-même. En fin de compte, je suis vraiment stupide et égoïste, j'avais agis pour mon propre égo. Cette chaleur je ne l'avais pas retrouvé depuis une éternité, et cette froideur qui m'avait emplit... J'étais devenue aussi froide comme les autres. Heureusement qu'il était venu à ma rescousse, j'ai réussi à retrouver qui j'étais. Même si bien tu n'es plus là, ma vie perdura encore et encore. Parce que je sais très bien, que tu te trouves au fond de moi. Petit Rêvasseur. Encore merci.

Huh ? Je m'éveillai, oubliant la douleur. Le blizzard avait chuté grandement de puissance. Je me relevai avec difficultés. Je n'avais plus faim, c'était comme si cette volonté me nourrissait, et aussi que Petit Rêvasseur était un genre de source d'énergie inépuisable qui me procurait de la chaleur. Cela suffit à me faire vivre et à aller plus loin ! Aussi loin que je le pourrais ! Je marchais, contre le vent. Je continuais tout droit, jusqu'à que. Jusqu'à que je n'en revenais pas. Le miracle du Ciel. La mer ! L'immense et vaste mer était là devant moi ! Ça y est, j'avais réussi à trouver l'océan, l'océan était extrêmement agité, des houles gigantesques frappaient les côtes d'une puissance terrifiante et m'éclaboussaient, l'eau froide me faisait frissonner, combinés de plus aux vagues géantes qui se formaient à la surface me terrifiait davantage, ils emporteraient n'importe quoi ! Désormais il ne suffisait plus qu'à le traverser. Enfin, néanmoins, l'idée de le traverser me troublait, et si j'y perdais la vie ? Voir une mer si agitée m'effrayait et me pantelait fortement. Je ne pouvais pas rompre la promesse faite à mon cher ami défunt, faire un choix... Quel est le bon choix ? Je hais les décisions, à cause de mon passé... Soudain à travers le vent neigeux et périlleux, il apparut, mine de rien en une fraction de seconde, et se tenait debout comme s'il flottait sur l'eau sur ses deux pattes. Il me chuchota à distance :

«Ce serait triste si tu renonces à ce périple, regarde derrière-toi le chemin que tu as parcouru... Ne doute pas.»

Je clignai maintes fois les yeux, et me secouai promptement la tête. Une illusion ? C'est impensable de croire que ce fut une illusion. Durant cet instant tangent, j'aurai presque cru qu'il serait vivant, qu'il serait ici, là, en vrai, en chair et en os. Et j'avais repensé à ces dires et réalisé qu'il se reposait quelque part en moi. Je ne douterai plus, je pris une grande inspiration et clos mes paupières. Je me concentrai. Quand je ferme mes yeux, je te vois, la preuve que tu es avec moi, allons-y ! Je me jetai dans l'eau sans aucune hésitation, et tentai de nager au loin. Cependant, je nageai à contre-courant et puisai au maximum dans mes minimes et dernières ressources insuffisantes. Vidée de tout ce qu'il me restait, et de mes énergies précédentes antérieurment exploitées. Je m'épuisais totalement à quelques coups de battements de nageoires. La force dévastatrice du courant m'emportait au loin du large, les vagues colossales s'abattaient sur moi, je me retrouvai dès lors expulsée dans les profondeurs de l'océan. Je remontai à la surface difficilement, outre que les houles me submergeaient de plus en plus bel, et les forces qui me restaient... Je sentis que je n'allais pas tenir longtemps. Plus les secondes passent, plus je me noyais. Il me fallut des efforts acharnés afin de remonter à la surface. Les courants, les houles, les vagues continuaient constamment de m'engouffrer au fin fond dans l'eau, et de m'entraîner je ne sais où. L'air me manquait sérieusement. Je ne cessais l'eau et de m'étouffer avec pendant que les courants démentiels me poussaient et me faisaient cogner inévitablement contre des côtes ou des rochers glaciers. Je poursuivais mon débat contre l'océan colérique, jusqu'à que tout à coup, j'aperçus une vague titanesque s'abattre sur moi. La vague me repoussa brutalement contre un large et en un choc violent et brusque, tout était devenu noir.

Rappelle-Moi Ton NomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant