Aimer - verbe du premier groupe : Avoir pour quelqu'un, quelque chose de l'affection, de la tendresse, de l'amitié ou de la passion
Passion - nom féminin : état affectif intense et irraisonné qui domine quelqu'un
Emma se croyait à l'abri. Jusque là...
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Une douleur lancinante à la tête m'arrache brutalement de mon sommeil. Sonnée, j'émerge difficilement alors que la douleur sourde s'accentue au fur et à mesure que les secondes passent. Péniblement, j'ose ouvrir un œil mais le referme aussitôt qu'il rencontre un faible rayon de lumière, aveuglant, qui filtre à travers les rideaux. Mon visage se contracte de douleur. Qu'est-ce qui m'a pris de boire ? Délicatement, je lève la main vers mon front, espérant soulager un tant soit peu la migraine qui m'assaille mais en vain. La gueule de bois semble bien là. En plus, mon dieu ce qu'il fait chaud ! Tâtant à l'aveuglette le lit, j'essaye de dégager comme je peux la couette dans laquelle je me suis enroulée et un courant d'air se fait soudain sentir au niveau de mes jambes. Attendez... courant d'air ? Mais... Surprise, je rouvre comme je peux les yeux et baisse la tête vers mes jambes. Mais... je suis encore habillée ? J'ai atterrit où encore ? Un bref coup d'œil aux alentours me confirme qu'il s'agit bien de mon lit, de ma chambre. Mais je n'ai pas souvenir d'être rentrée. Un nouveau pincement me prend et je referme instantanément les yeux, contenant comme je peux les gémissements de douleur. Ce n'était définitivement pas une bonne idée de boire autant. Laissant passer quelques secondes, j'attends que les picotements violents s'apaisent avant d'essayer de me souvenir comment je suis arrivée là. Je ne me rappelle même pas de la fin de la soirée...
Rouvrant difficilement les paupières, je parcoure attentivement la pièce du regard, à la recherche de réponses, avant d'apercevoir une espèce de forme difforme recroquevillée sur mon fauteuil. Il me faut plusieurs secondes avant de le reconnaitre : Bill. Mon cœur fait un bon dans ma poitrine tandis, qu'effarée, je me redresse subitement. C'est quoi ce délire ? Replié sur lui-même, sa tête tombe délicatement sur le côté alors qu'il essaye visiblement de tenir comme il peut sur ce petit espace restreint. J'ouvre grand les yeux, clignant plusieurs fois des paupières pour m'assurer que je ne rêve pas. Que je n'hallucine pas. Une main hystérique vient se poser sur ma bouche pour taire le hoquet de surprise qui s'en échappe. Une multitude de questions envahissent ma tête. Que fait-il là ? Comment a-t-il osé ? Comment j'ai accepté ? Un tourbillon d'incertitudes s'accapare de moi. Pourquoi est-il là ? Soudain cinq lettres résonnent dans ma tête. Comme un souvenir vague d'outre-tombe :
Reste...
Ma bouche s'ouvre en grand alors qu'un flot d'images, de souvenirs m'envahissent la tête. Des mots. Des gestes. Mon sang se glace alors que je le revois me suivre partout dans cette boîte. Quand je sens ses mains autour de moi. Ses lèvres sur moi. Quand je me revois, timide, dans ma chambre, lui demander pathétiquement de rester. Mon dieu mais qu'ai-je fait ? Ce n'est pas possible. Je dois rêver. Je n'ai pas pu faire ça. Lui demander ça. Alors que j'essaye de me convaincre du contraire, la vérité est pourtant face à moi. Il est là... Recroquevillé sur lui-même, dormant comme un bébé. Le pouls affolé, je me prends la tête entre les mains, essayant de ne pas paniquer. Essayant de trouver une explication plausible à tout ça. Je ferme les yeux et la soirée de la veille prend sens dans ma tête. Les souvenirs affluent, et avec eux les émotions. Ma poitrine se serre. Il est tellement borné...
