CHAPITRE 4

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Le grincement du métal. Les vagues qui déferlaient sur le navire avec fracas. La chute.

Théo se redressa en étouffant un cri, le cœur battant la chamade. Aussitôt, une main se posa sur son torse et le contraignit à se rallonger.

— Doucement Théodore, le rassura une voix familière. Tu es en sécurité à présent.

— Je... balbutia l'appelé. Où suis-je ?

Il était allongé sur une paillasse confortable, faite d'une épaisse mousse verte. Il remarqua les boucles blondes de Brieuc, qui flottaient élégamment à chacun de ses mouvements de tête, et comprit. Il se trouvait sous l'eau. Théo porta une main à sa gorge dans un son étranglé. Il ne se souvenait que trop bien de la sensation d'étouffer, alors que ses poumons se remplissaient d'eau.

— Tout va bien, tu peux respirer de façon normale.

Théo leva un regard effrayé vers lui. Non, rien n'était normal. Pourtant, incapable de retenir son souffle plus longtemps, il se mit à haleter, au bord de la crise de panique. Ce n'était pas un cauchemar, tout était réel. Il était tombé par-dessus bord et avait assisté, malgré lui, à une guerre dans les profondeurs sous-marines. Brieuc posa une main contre sa joue et plongea ses iris dans les siens. Théo y vit une lueur cobalt, comme une petite flamme.

Il sentit à nouveau ce lien, qui l'avait uni au dragon d'eau. À son alpha. Brieuc lui déroba ses peurs et souffla ses angoisses. En échange, il lui insuffla calme et apaisement. Ses yeux le piquaient désagréablement, peut-être était-il en train de pleurer, mais impossible de le savoir au fond de l'océan. Son instinct lui dictait de lui faire confiance. Il se redressa donc pour l'étreindre et cacha son visage contre son torse. Aussitôt, une douce chaleur l'enveloppa, réconfortante et bienveillante.

Dès que ses pensées s'égaraient et que son cœur s'emballait, Brieuc le rassurait à voix basse, passant avec douceur une main dans ses mèches brunes.

— Je suis quoi, moi ? questionna-t-il après quelques minutes de mutisme.

— Tu es un Marcheur des Profondeurs, expliqua Brieuc. Lorsqu'une sirène donne naissance à une fille, elle naît sirène. Si c'est un garçon, il naît humain.

Sa mère biologique était donc une sirène ? Il n'avait aucun souvenir d'elle. Il avait toujours considéré la seconde épouse de son père, Bianca, comme sa maman. L'émotion faillit lui enserrer la gorge, mais Brieuc l'apaisa de sa magie.

— J'avais des pouvoirs ? interrogea-t-il d'une petite voix.

— Non. Les Marcheurs sont des humains normaux. Il faut certaines conditions pour en devenir un.

— Quelles conditions ?

— C'est compliqué, lâcha le dragon d'eau en détournant les yeux.

— Explique-moi.

Brieuc pinça les lèvres, alors qu'il cherchait ses mots. Comment annoncer la vérité, aussi brutale que triste ?

— Le gène d'un Marcheur des Profondeurs ne s'active que lorsque l'humain meurt noyé, avoua-t-il finalement.

Théo fixait un bouton de sa chemise froissée. Il n'avait pas compris l'explication. Il refusait de la comprendre. Il n'était pas mort, il se sentait plus vivant que jamais, avec son cœur fou et sa joue contre la peau chaude de Brieuc.

— Je ne savais pas que tu en étais un. C'est impossible pour moi de le détecter. Je suis désolé pour toi, mais...

Le Parisien leva les yeux vers lui face à son hésitation et frissonna en rencontrant son regard sombre. Avide. Un grondement s'échappa d'entre ses lèvres, plus bestial qu'humain, et Théo fut écrasé par son aura de désir. Quelque chose de délicieux remua dans son ventre et, sans vraiment le contrôler, il lui offrit sa gorge. Brieuc lui transmis toute sa frustration d'avoir dû repousser ses avances, durant toutes ses années, afin de le préserver. Le souffle court, Théo attendait qu'il mette fin au supplice et prenne enfin son dû.

— Brieuc, gémit le Marcheur sous la tension. 

L'appelé se pencha sur lui, frôla de ses lèvres la peau de son cou, avec l'envie de le marquer.

— Je ne m'appelle pas Brieuc... souligna-t-il, la voix rauque.

Il se retint de le faire sien dans la seconde, retira partiellement son aura de dominant pour le laisser décider de la suite. En la sentant s'éloigner, Théo lâcha une plainte douloureuse. C'était comme s'il lui arrachait une part de lui.

— Raïjan... se corrigea-t-il.

Le dragon se redressa pour mieux le surplomber. Il attrapa son menton avec douceur et étendit à nouveau son aura, sans plus aucune hésitation. Le halo chaleureux promettait protection, respect et amour. Théo leva les yeux vers lui et, cette fois, il en fut certain : c'étaient bel et bien des vagues qui dansaient dans ses iris.

— Théo, souffla Raïjan en frôlant ses lèvres. Sois à moi. Ensemble, nous régnerons sur les océans. Nous protégerons le monde.

Le Marcheur des Profondeurs frissonna en repensant au Léviathan. Ils l'avaient repoussé, mais pour combien de temps ? Sa demande n'était que pure folie. Pourtant, il avait longtemps désiré que ce garçon soit à lui. Sa peur fut balayée à la seconde où ses lèvres rencontrèrent les siennes pour échanger un baiser. Un baiser trop longtemps retenu, dévorant et désordonné. Théo s'accrocha à lui, attrapa quelques boucles blondes entre ses doigts. Il avait attendu bien trop longtemps pour l'étreindre avec cette passion ardente. Sa langue rejoignit la sienne, l'invita dans une danse sensuelle.

Théo tenta de se redresser pour le renverser, mais son amant le plaqua avec fermeté sur le lit de fortune, avant de trouver sa place légitime entre ses cuisses. Raïjan était partout. Son corps épousait le sien à la perfection, son poids le rassurait. Ses lèvres étaient aussi douces qu'il les avait imaginées, mais bien plus sensuelles et dominatrices. Essoufflé, le Marcheur des Profondeurs tentait de reprendre sa respiration, alors que son partenaire embrassait son cou avec application, lui arrachant des frissons. Leurs vêtements tombaient à mesure qu'ils se découvraient avec un empressement mal dissimulé.

Théo se laissa volontiers enivrer par cet homme qu'il pensait connaître, mais qui se révélait être un mystère. Pourtant, il était certain d'une chose : ses sentiments étaient intacts, plus forts que jamais. Désormais, ils pouvaient s'aimer sans crainte. Un soupir d'aise lui échappa lorsqu'il réalisa que leur cœur battait à l'unisson, dans un rythme effréné. Les doigts de Raïjan sur sa peau laissaient des sillons brûlants. Son envie montait à mesure qu'il ressentait le besoin de son alpha de le faire sien. Cet acte d'amour ne serait pas anodin, il en avait conscience, il scellerait son destin.

Théo renversa la tête en arrière dans un gémissement étouffé, alors qu'il le sentait s'immiscer en lui. À chacune de ses caresses, à chacun de ses jeux de reins, leur lien se renforçait grâce à sa forme physique la plus primitive. Il se laissait posséder sans hésitation, n'ayant que sa voix pour exprimer son plaisir. Son amant se montrait possessif, dominant, mais toujours attentif à son désir. Tels deux âmes-sœurs, leur corps s'appelait, leur esprit apprenait à se dompter.

Le Marcheur des Profondeurs n'était plus que frissons et volupté, alors qu'il s'abandonnait. Dans cet acte charnel, il avait une conscience aiguë de se donner à Raïjan. Il sut qu'il était sien, sans retour en arrière possible, lorsqu'une chaleur intense, mais réconfortante, le dévora tout entier. Il était marqué dans sa chair et son sang. Il s'offrait sans chercher à l'arrêter, le laissa toucher son âme de la sienne, l'envelopper, la faire sienne. Leur vie s'entremêlait. Théo lui donna un peu de la sienne, et il reçut en échange un peu de celle de Raïjan. Un éclair bleu traversa ses prunelles sombre alors que le feu du dragon d'eau parcourait ses veines, exaltait ses sens et lui faisait redécouvrir le monde du plaisir. Entre ses bras, il devenait Prince des océans.

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Bonjour à tous, voici le dernier chapitre de cette petite nouvelle. Je ne pensais pas que le chapitre 3 vous perturberait autant xD

Tout s'éclaircit avec ce segment, ou vous n'avez toujours pas compris ? N'hésitez pas à me dire, afin que je puisse faire des modifications ! 😊

Marcheurs des profondeursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant