La Femme de la Jungle : La légende de Tarzane et John 🐒

Chapitre 3 : Les plus secrets de tes désirs vont bientôt t'appartenir

Ce qu'il se passait dans la jungle ne fut jamais connu d'autrui. Ce qu'il se passait ailleurs, dans le monde, ne concernait pas l'histoire.

De fort nombreuses années de paix suivirent le naufrage des nobles de Greystoke, dont plus personne ne prononça le nom, et personne ne s'était approché de cette île paradisiaque. Respectant la chaîne alimentaire, chacun dans son clan, les animaux vivaient en harmonie.

Personne n'aurait imaginé que cet équilibre pouvait être dérangé par une espèce -plus ou moins- différente que celle des primates.

Pourtant, aussi fou que cela puisse paraître, cela arriva.

Un beau jour, une chaloupe se dessina à l'horizon et s'approcha de l'île.

À son bord, huit passagers.

Tout d'abord, à l'arrière, le capitaine, qui ramait : son nom était Bruce Dale. Il ne faisait que son travail : conduire un groupe de voyageurs à bon port. Il était capitaine de bâtiment depuis 15 ans et, à défaut d'avoir beaucoup navigué sur l'océan Atlantique (c'est pour cela que c'était son équipage qui avait été choisi), c'était la première fois qu'il s'aventurait vers cette île. Pour ne pas abîmer son bateau, il avait préféré faire débarquer ses passagers en chaloupe. L'utilité de ce personnage se limitant à son travail, penchons-nous vers ces aventuriers qu'il conduisait.

Tous britanniques, ces gens représentaient le futur de leur pays.

Tout devant, penché vers l'avant, pressé d'arriver, se tenait John Porter. Fils de professeur, il était le plus jeune du groupe ; il venait d'atteindre l'âge adulte et avait une toute autre passion que celle des lords de son âge : les animaux. C'était un jeune homme charmant, au regard bleu et à la chevelure bouclée mi-longue, éduqué comme un parfait gentleman.   

Son père, Sir Harold Porter, était juste derrière lui. Professeur d'une prestigieuse université, il était également chercheur et s'intéressait à tout. Ce bon vieil homme avait passé la moitié de sa vie à monter cette expédition. Passionné de singes, il rêvait de pouvoir les étudier de près. Élever seul son fils ne l'avait pas empêché d'organiser cet incroyable projet pendant des années et il était très excité à l'idée de ce qu'il allait découvrir sur cette terre. Il était d'un naturel optimiste et était capable de s'émerveiller pour un rien.

À ses côtés, se tenait Quincy, le guide. Il connaissait les terrains des plus redoutables des jungles et se réjouissait d'en visiter des nouveaux. Il savait mieux que personne comment survivre en milieu hostile.

Derrière, il y avait Daniel, un jeune homme à la peau très foncée, recruté pour ses talents de linguiste. En effet, alors qu'il était promis à une grande carrière d'athlète, une sale blessure l'avait contraint d'abandonner. Brisé, ses parents l'avaient envoyé chez une cousine à la campagne pour récupérer. Là-bas, il avait rencontré beaucoup d'étrangers (il comprit, plus tard, qu'il s'agissait d'hommes très hauts placés qui se cachaient) et avait apprit, avec une facilité hors norme, leurs langues maternelles. De retour à Londres, il avait intégré une université et en était sorti major de promotion. Il parlait cinq langues européennes, deux langues asiatiques et comprenait parfaitement les accents africains. Mais c'est pour sa capacité à échanger en langue des signes qu'Harold avait insisté pour qu'il se joigne à eux, au cas où ils rencontreraient quelques tribus locales.

En cas de danger, l'équipe était sous la protection de Clayton. Dernier engagé, il s'était présenté à Sir Porter comme un expert de la chasse. Il n'avait peur de rien et ses voyages étaient reconnus par bon nombre de passionnés de trophées. Métis, son père, un colon anglais, l'avait enlevé à sa mère pour le ramener en Angleterre et, ainsi, échapper à un mariage forcé. Clayton avait grandi dans la haute société et, très tôt, il avait été obsédé par l'argent et le pouvoir. Il avait hérité de tout l'argent et de toutes les propriétés de son paternel, décédé à cause d'un accident de chasse. Ce qu'il faisait depuis, personne ne le savait vraiment. Mais sa détermination à trouver de nouvelles espèces suffit à Harold pour le compter parmi eux.