Chapitre 3

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Bell était assise dans son bureau, l'imposant dossier Di Rezzi posé devant elle. Elle devait le lire de sorte à le maîtriser du bout des doigts avant d'entreprendre quoi que ce soit dans le sens d'aider les victimes.
Mais elle n'arrivait pas à bien se concentrer. Elle n'arrêtait pas de repenser à la soirée qu'elle avait passée avec Damian. D'ailleurs, elle ne lui avait même pas demandé son nom de famille. Il avait été charmant toute la soirée. Ils avaient tout d'abord dansé sur un rythme rock'n'roll. Elle ne maîtrisait pas encore les pas. Mais il avait été très patient et lui avait fait réviser ses leçons.
Après quoi, il y avait eu la salsa. Il lui avait alors demandé si elle voulait rentrer, mais elle s'était déjà prise au jeu. En plus, il était très agréable. C'est ainsi que la soirée s'était poursuivie jusqu'à ce qu'elle regarde sa montre et constate qu'il était près de vingt trois heures. A regret, elle lui signifia qu'elle devait rentrer. Lui non plus n'était pas enchanté. Il proposa de la raccompagner mais elle refusa catégoriquement. Il avait beau lui dire que c'était dangereux de rentrer toute seule à une heure aussi tardive, mais elle lui avait répondu qu'elle avait l'habitude. Malgré son insistance, elle était partie.
A peine sortie du dancing club, elle l'avait aussitôt regretté. C'était étrange de ressentir une telle envie de se lier à un inconnu. A chaque pas de danse, il mettait de la sensualité. Avec ses mains, il lui caressait la peau au rythme de la musique, leurs corps se touchaient, se séparaient, vibraient au même rythme, leurs regards se croisaient, s'égaraient, se retrouvaient encore, leurs sourires et leurs rires se perdaient dans ceux des couples autour d'eux; mais c'était comme s'ils étaient seuls. Bell n'avait pas eu l'impression d'être une débutante, bien au contraire. Sous l'impulsion de Damian, c'était comme si elle avait su danser toute sa vie.

Elle poussa un soupir profond, ferma les yeux pour se rappeler son parfum. Mais c'était difficile. A force de danser ils avaient transpiré, et elle ne gardait que le souvenir de leurs sueurs. C'était agréable.
-Maître Ata!
Elle sursauta presque lorsque Madame Blessing Ginette, leur secrétaire, l'interpella. Anne n'était pas là. Elle devait couvrir une audience civile à la Cour d'Appel.
-Qu'y a-t-il Gin? Demanda-t-elle promptement.
-Maître Monk demande un compte rendu relativement au dossier Atangane. Il dit que c'est urgent.
-D'accord, je m'y mets tout de suite.
Ouf! Il était temps qu'elle se reprenne.

Bell n'était cependant pas la seule a vouloir désespérément reprendre ses esprits. Damian non plus ne parvenait pas à se concentrer.
Assis devant son ordinateur depuis bientôt une demi-heure, il n'avait pas encore réussi à lire la moitié du premier mail qu'il avait ouvert. Toutes ses pensées l'entraînaient irrésistiblement la veille, lorsqu'il avait croisé des yeux brillants, une douceur angélique, un sourire ravageur. Bell! Son prénom en disait déjà long sur sa personne. Il sourit au souvenir de sa résistance à lui accorder la première danse. Mais peu à peu, il l'avait sentie détendue, appréciant les moments qu'ils passaient ensemble. Elle ne maîtrisait pas bien les pas de danse, mais sa détermination à apprendre était incroyable, à tel point que parfois, il avait l'impression qu'elle savait déjà tout. Il s'était montré patient, en bon instructeur, il ne l'avait pas brusquée. Et c'est ainsi qu'elle avait appris vite, qu'elle s'était déhanchée dans ses bras.
Il ressentait encore la chaleur de sa peau sous ses doigts, ses mains moites de transpiration, mais encore la douceur de sa peau qu'il avait frôlé avec beaucoup de sensualité.

Il secoua la tête pour reprendre ses esprits. Il avait insisté pour la raccompagner, mais elle avait été catégorique. Il ne savait rien d'elle en dehors de son prénom. Pas de numéro de téléphone non plus. Mais, Boyo lui avait dit que les cours d'apprentissage avaient lieu les mardis et jeudis. Il attendrait le jeudi avec impatience. Pour l'heure, il fallait qu'il se concentre sur ses mails.
Il possédait un' Cabinet comptable qui tournait à plein régime, à Pise en Italie. Et il était également responsable de la gestion comptable de tous les supermarchés Di Rezzi. C'était sa contribution à l'immense entreprise familiale.
Antonio Di Rezzi pouvait compter sur ses trois enfants pour l'aider à faire prospérer ses entreprises. Michella Di Rezzi, l'aînée ,était responsable des relations avec les fournisseurs. Idalgo Di Rezzi, le cadet , était chargé de tout le volet administratif : relations avec les autorités locales et nationales pour obtenir toutes autorisations nécessaires. Il était certainement le plus engagé de tous les trois, n'ayant à son propre compte aucune activité. Contrairement à Michella qui en plus gérait une chaîne de magasin de sous-vêtements ou encore à lui Damian qui gérait son propre Cabinet comptable.

Pour ce projet dans la ville de Poli, Idalgo avait posé ses valises des mois plus tôt, avait loué l'imposante demeure où ils devaient tous loger pour travailler à l'implantation du Supermarché. Il avait également repéré un site propice, rencontré les autorités locales et était entré en contact avec les autochtones. D'après le compte-rendu qu'il leur avait fait, cela n'avait pas été facile de discuter avec ces populations. Personne ne voulait céder sa terre, peu importe le prix qu'il proposait. Mais Damian se disait que son frère avait certainement réussi à les convaincre, puisque les habitations avaient été détruites et les travaux de construction de la base vie avaient commencé.
-Ciao Dami.
Il se tourna vers la porte. Le salon était très spacieux. Damian admira la classe de sa soeur lorsqu'elle traversa la pièce pour venir lui donner un bisou sur la joue.
-Alors, comment s'annonce ta journée ?
Elle se servit un verre de jus d'orange déposé sur la table par leur domestique. Elle portait encore son pyjama, même s'il était déjà plus de dix heures du matin. Ses longs cheveux blonds par contre, étaient disciplinés, comme s'ils avaient reçu un coup de peigne. Elle était toujours de bonne humeur, quelles que soient les circonstances', bonnes ou mauvaises. Il admirait ça chez elle.
-Je m'assure que tout ce passe bien au Cabinet; répondit-il avec un sourire. J'ai une entreprise à faire tourner. Et toi, tu n'as pas de partenaire à rencontrer aujourd'hui ?
-Si, un potentiel fournisseur local d'objets d'art. J'ai appris que les gens d'ici réalisent des chefs d'œuvres.
-Grand bien leur fasse. Moi j'ai déjà visité le chantier. Je n'ai pas grand chose à faire ici pour le moment. Je pense reprendre l'avion pour Pise d'ici quelques jours.
-Oh, reste un peu Dami; Papa arrive dans quelques jours. Tu vas le voir au moins?
-Peut-être. Mais ce n'est pas certain.

La conversation roula sur des sujets divers. Bientôt, Idalgo les rejoignit. Il était sorti assez tôt pour se rendre sur le chantier.
-Ciao Fratellino; salua Michella.
- Ciao vous deux.
Il leur sourit. Il était le cadet mais, les grandes responsabilités qu'il endossaient dans la famille et son attitude ambitieuse l'avait fait grandir très vite. Il maîtrisait tous des Supermarchés Di Rezzi. Ses père, frère et soeur était fiers de lui. Il ne négligeait rien et ne se laissait démonter par aucun obstacle.
-Alors, qu'est-ce que vous complotez?
-J'essaye de faire en sorte que ton frère attende la venue de Papa; répondit Michella en passant une main dans les cheveux de Damian.
Elle aimait bien cela, leur rappeler qu'elle était la grande soeur. Mais, ce contact lui plaisait. Même s'il lui rappelait le toucher d'un autre femme qui n'arrêtait pas de lui voler ses pensées.

Je plaide coupable !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant