Chapitre 6

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Bell crut d'abord avoir mal entendu.
-Di Rezzi...murmura-t-elle.
-Oui. Tu devines le Pays maintenant ?
Une douche glacée, voilà ce que Bell venait de recevoir en plein visage. Damian était le frère d'Idalgo Di Rezzi, le fils d'Antonio Di Rezzi. De tous les hommes qui peuplaient la ville de Poli, pourquoi avait-il fallu qu'elle tombe entre les mains de ses adversaires ? Elle avait envie de crier de rage.
-Il y'a un problème ? Lui demanda-t-il, surpris par son changement d'attitude.
-Italie; réussit-elle à articuler. C'est un nom italien.
-C'est une bonne réponse. Tu mérites une récompense.
Il voulut l'embrasser, mais Bell détourna le visage.
-Écoute, il se fait tard. Je dois rentrer.
Avant qu'il ne réalise ce qu'il se passait, elle avait défait sa ceinture et ouvert la portière.
-Pas si vite; et ton numéro ?
Debout devant lui, son sac à main accroché à son épaule, Bell hésitait. A quoi bon lui donner son numéro puisqu'ils n'avaient plus rien à faire ensemble ? Elle en avait le coeur meurtri. Et elle n'avait pas le courage de lui dire dans quelles conditions ils risquaient de se revoir.
-Quelque chose ne va pas cara?
Sans mot dire, elle fouilla son sac, en sortit une carte de visite qu'elle lui tendit.
-On peut déjeuner ensemble demain? Proposa-t-il.
-Non, demain je ne peux pas. On s'appelle d'accord?
Elle tournait déjà les talons.
-Bonne nuit Bell.
Elle se retourna et lui souhaita pareil avant de s'éloigner très rapidement. Damian sentait bien que quelque chose avait changé en elle. Cependant, il se dit qu'elle avait peut-être peur de la tournure des événements. Elle se méfiait comme toute personne sensée, voilà tout. L'essentiel était maintenant qu'il avait son numéro de téléphone.
Il déposa un baiser sur la carte de visite et sourit. C'est en sirotant des airs qu'il rebroussa chemin.
Arrivé à leur domicile, il fila directement dans sa chambre, prit une bonne douche avant de se coucher. C'est avec le sourire aux lèvres qu'il s'endormit.

Le lendemain matin, à son réveil, il trouva ses frère et soeur dans le salon engagés dans une vive discussion. Il était plus de dix heures. Michella était en pyjama et Idalgo en tee-shirt culotte. Ils étaient tous les deux tendus.
- Bongiorno; fit-il à leur endroit en allant se servir une tasse de café.
-Bonjour Dami; lança Michella avant de reporter son attention sur le papier qu'elle avait dans les mains.
-Qu'est-ce que c'est ? Demanda Damian.
Idalgo eut une exclamation de colère avant de répondre.
-Ce sont de vrais casse-pieds ! Ils veulent plus que ce que nous leur avons proposé pour déguerpir. Ils ont même engagé un Avocat pour nous mettre les bâtons dans les roues. Ils nous attaquent en justice.
-Attends, tu parles des autochtones dont les maisons ont été détruites ? Mais je croyais que cette histoire était réglée.
-Je me suis arrangé avec les autorités okay? Répondit Idalgo fulminant. Il ne devait plus y avoir de problème.
-On leur a versé l'argent oui ou non?
-Jusqu'ici personne ne s'est présenté pour réclamer la somme qui lui est destinée. On sait maintenant pourquoi. Ils préparaient leur coup. Ils ont demandé l'arrêt des travaux sur le chantier et remettent en cause les autorisations administratives.
-Dans la lettre, leur Avocat nous propose un rendez-vous ce vendredi; intervint Michella. On devrait s'y rendre.
-On ne devrait pas attendre l'arrivée de Papa avant ?
-Non Damian. Le chantier ne peut pas rester paralysé. Lorsque j'ai reçu la lettre hier, j'en ai parlé à nos Avocats. Ils vont nous contacter d'ici peu.
Michella tendit la lettre à Damian qui la parcourut rapidement. Il eut une exclamation de surprise devant la somme exorbitante réclamée par les victimes.
-Bon, je pense que de toutes façons, nous devons aller à ce rendez-vous. Nous ne perdons rien; proposa Damian.
-Je pense aussi, Fratellino.
-Je vais d'abord m'entretenir avec Papa.
Idalgo les laissa seuls dans le salon.
-C'est très contrariant; dit Damian. Nous avons déjà réalisé de gros investissements à plusieurs niveaux. Nous devons régler cette histoire au plus vite. Nous n'avons pas besoin d'un scandale.
Il s'était assis pour boire son café
- Tout à fait; renchérit sa soeur, en lui caressant furtivement les cheveux.
Ce geste, pourtant anodin, lui fit penser à la veille.

Contrairement à Damian qui avait passé une merveilleuse nuit, Bell n'avait pas réussi à dormir correctement. La peine qu'elle ressentait l'en avait empêchée. Ce matin, malgré son maquillage, les cernes sous ses yeux étaient visibles. Son air de chien battu n'arrangeait rien. Elle avait des audiences à couvrir et pendant ses heures d'audience, elle réussit tant bien que mal à se concentrer sur son travail. Mais une fois au bureau, son regard se posa sur le dossier Di Rezzi. Des larmes lui picotèrent les yeux. C'était vraiment injuste que cela lui arrive à elle.
Après avoir découvert qui il était, elle avait fait une recherche très poussée sur leur famille et avait appris qu'Antonio Di Rezzi avait trois enfants, Damian, Idalgo et Michella. Comment était elle passée à côté d'une telle information ? Son parrain avait eu raison de la réprimander. Elle avait commencé le traitement de cette affaire avec beaucoup de légèreté. Il était temps qu'elle se ressaisisse.
De toutes façons, une chose était sûre, il fallait tirer une croix sur Damian, car il ne pouvait rien y avoir entre eux. Elle se souvint qu'il avait dit être venu aider son frère. Il était donc d'accord avec ses méthodes ! Elle n'aurait jamais pu imaginer cela venant de lui. Elle avait goûté à sa douceur et ne l'imaginait pas capable de faire du mal à une mouche. Pourtant...
Elle poussa un profond soupir de résignation. Elle n'attendait plus que la confrontation de vendredi. Son téléphone portable se mit à sonner. C'était un numéro inconnu. Il pouvait s'agir de n'importe qui.
-Allô?
-Bonjour cara. C'est Damian.
Le premier réflexe de Bell fut de raccrocher. Mais elle se ressaisit aussitôt.
-Bonjour Damian.
-Comment vas-tu?
-Bien.
De l'autre bout du fil, il la sentait tendue.
-Je voudrais t'inviter à déjeuner demain. Tu m'as déjà dit qu'aujourd'hui ce n'était pas possible alors, demain?
Qu'allait elle lui répondre? Elle ne pouvait pas accepter.
-Euh, et bien, je suis désolée. Mais mon parrain m'envoie en mission à Hile-Alifa. C'est une ville située à des dizaines de kilomètres d'ici. J'y vais ce soir et je rentre vendredi.
Elle serra le poing. C'était un grossier mensonge. Mais elle était trop déçue pour lui dire la vérité. Damian sembla contrarié par cette nouvelle. Cependant, cela n'enleva rien à sa bonne humeur.
-Bon, à l'impossible nul n'est tenu. On se rattrapera à ton retour. Tu veux bien me faire un sms quand tu arrives?
Quel gentleman !
-Bien sûr; répondit-elle d'une toute petite voix.
-Ciao.
Après qu'il ait raccroché, Bell garda le téléphone à son oreille. Sa voix était si douce. Comment sera-t-elle une fois qu'il saura pour qui elle travaille ? L'appelera-t-il encore "cara" ? La regardera-t-il encore avec ces mêmes yeux?
Arrête de te torturer! Se réprimanda t-elle. Le coeur lourd, elle enregistra le numéro de Damian parmi les contacts bloqués. Il allait peut-être s'inquiéter, mais vendredi , il comprendrait.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 18, 2019 ⏰

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