Chapitre quatre

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J'avais eu du mal à y croire, mais les hommes nous avaient laissés partir. Ils avaient indiqué à Théo que la ville se trouvait au Sud. Ainsi, avec une boussole, il était plus facile de nous orienter. Ils n'avaient pas oublié de donner à Théo l'adresse de ce mec – Nale.

Théo avait rangé l'enveloppe dans son sac à dos, mais il avait agi comme s'il avait peur que ça lui explose au visage. Il avait évité de la toucher trop longtemps et avait refusé que je m'approche.

Je me demandais bien ce que ce message contenait. Pourquoi ce groupe voulait-il que nous délivrions un message à cet homme ? J'étais perplexe. Il y avait une partie suspicieuse de moi qui se demandait si cette histoire allait bien se terminer. Ces hommes avaient-ils peur de la réaction de Nale ? Étions-nous en sécurité ?

Je me mis à ricaner légèrement, ce qui m'attira un regard étrange provenant de Théo. Je secouai imperceptiblement la tête. La sécurité. Ce n'était qu'un mot, un concept, mais c'était quelque chose que je n'avais plus désormais. Qu'importe où nous irons, où nous courrons, ou l'endroit où nous nous cacherons, plus jamais nous ne serons en sécurité. Je devais m'y faire.

Nous parlions peu. Le contenu de ma bouteille d'eau avait drastiquement diminué. Il ne m'en restait que pour deux gorgées que je gardais précieusement pour plus tard. Car malgré tout, il nous était impossible de dire le temps que ça nous prendrait. Nos téléphones ne fonctionnaient pas – il n'y avait pas de réseau dans la forêt. Je me demandais si c'était différent en ville. J'espérais, car trouver l'adresse ne serait pas facile sans l'option GPS.

J'essayai de ne pas me préoccuper de ce détail et plutôt regarder où je mettais les pieds, étant donné que le sol de la forêt était loin d'être stable. Les branches et les troncs jonchaient le sol et il fallait souvent les enjamber. Mes jambes brûlaient de fatigue. Nous avions marché toute la journée, sans cesse, et les seuls moments de pause que nous avions eus étaient lorsque nous avions été menacés par cet homme seul, puis le groupe. Je mentirais si je disais ne pas être épuisée. Toutes ces émotions combinées à la fatigue physique d'une marche de plusieurs kilomètres me donnaient presque le tournis. Je devais rester forte, cependant. Ce n'était que le début.

**

La faible lumière provenant de certains lampadaires fut la première chose que je vis après que le soleil eut commencé sa descente finale. C'était le crépuscule et, avec les arbres qui nous entouraient tel un étau, il était déjà difficile d'apercevoir où mettre les pieds. Doublement plus alerte maintenant que l'astre ne brillait plus dans le ciel, je jetai des coups d'œil constants autour de moi. Théo avançait rapidement et sa cadence sembla s'accélérer lorsqu'il aperçut les lampadaires que j'avais aussi repérés.

La ville. Elle était là. Si près. Alors que nous espérions la voir depuis si longtemps, alors que l'espoir nous avait presque désertés au fil des heures, la voilà. En ce moment, j'avais de la difficulté à savoir si cette vision de la civilisation me rassurait ou m'effrayait.

Théo se retourna comme s'il souhaitait s'assurer que j'étais toujours là. Ce n'était pas la première fois qu'il faisait ça ; il l'avait répété à plusieurs reprises durant le trajet. Il souhaitait marcher devant pour voir le danger, mais n'aimait pas me savoir seule derrière. C'était une impasse.

Je marchai plus vite pour essayer de ne pas mettre trop de distance entre lui et moi.

Puis, nous nous retrouvâmes à la lisière des bois. Si facilement, nous étions dans la ville – et à découvert. Je ne voyais qu'une rue qui s'étirait sur plusieurs centaines de mètres, entourée de bâtiments aux allures dépéris. Aucune âme en vue. Aucun son ne fut perçu par mes oreilles aux aguets. Théo agrippa mon avant-bras et me fit reculer de quelques pas, là où les arbres et leur feuillage nous camouflaient.

West Side [Sous contrat d'édition]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant