Chapitre deux

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À 7 h 30, il y avait déjà trois policiers qui étaient dans notre salon pour nous escorter jusqu'à West Side. Nous étions censés partir à 8 h, mais ils étaient vachement en avance.

J'étais réveillée depuis 6 h, je tournai en rond dans ma chambre et essayai de m'imprégner de chaque coin, chaque souvenir de la pièce qui avait abrité mes histoires d'enfance.

À 6 h 30, Théo était passé, sûrement pour vérifier que j'étais bien debout. Il avait remarqué ma valise et m'avait donné un grand sac à dos, me disant de mettre mes effets là-dedans. Je ne compris pas la raison, au départ. Par la suite, je réalisais qu'une fois dans la ville, nous allions peut-être bouger souvent, peut-être même courir et s'échapper. Une valise serait encombrante.

J'avais donc changé mes vêtements et objets personnels de place et j'avais retiré quelques autres trucs que je jugeai plus inutiles.

Maintenant, je patientais, attendant que les policiers nous ordonnent de quitter la demeure.

Un coup sur la porte de ma chambre me fit sursauter, et je me tournai pour apercevoir mon frère qui était accoté contre le chambranle. Il paraissait épuisé.

—Il est bientôt l'heure, annonça-t-il en me regardant curieusement.

Je soupirai et me retournai pour contempler ma chambre. L'endroit où j'avais gravé mon nom avec une épingle quand j'avais neuf ans me hantait. Celui où ma mère avait gardé les traces qu'elle inscrivait avec un crayon afin de voir ma grandeur et son évolution, chaque année, me donnait la nausée. Car tous ces souvenirs, je devais les quitter. Je ne voulais pas. Je ne devrais pas.

—Je sais que c'est dur, continua mon frère.

Il avait été si silencieux que j'avais presque cru qu'il était parti. C'était ce qu'il avait fait ces derniers jours. Il m'avait ignorée, mais j'avouais ne pas avoir été mieux que lui. Je n'avais pas cherché à le voir, je n'avais pas tenté d'améliorer la situation entre nous. Je n'étais pas prête.

Mais aujourd'hui, je réalisai que je n'avais plus que lui sur qui compter.

— Oui, c'est dur, confirmai-je et mon frère fut surpris que j'engage la discussion.

—Ella.

Je me tournai pour le contempler.

—Je suis sincèrement désolé, dit-il simplement.

C'était la première fois qu'il s'excusait de son comportement, de son meurtre qui nous amenait dans cette ville. Je ne savais pas si j'étais prête à passer outre tout ça. J'étais vraiment tiraillée entre l'amour que je portais à mon frère jumelé à l'envie de lui pardonner et la colère que je ressentais. Après tout, malgré le fait que je l'aimais, il avait tout de même tué quelqu'un. C'était un meurtre. Juste à imaginer la douleur que devait ressentir la famille de la victime me brisait le cœur.

—Est-ce que tu le regrettes ?

—Pardon ? demanda-t-il comme s'il avait mal entendu.

—Est-ce que... si c'était à refaire, tu le referais ?

—Ella...

—Réponds par oui ou non, s'il te plait, murmurai-je.

J'avais besoin de savoir si ce meurtre avait valu toute cette merde que nous procurait ce déménagement dans la ville de West Side.

—Oui, déclara-t-il alors que je ne pensais pas qu'il le ferait.

Ça me prit quelque temps avant de vraiment bien assimiler la nouvelle. Il avait bel et bien répondu par l'affirmative. Ça eut l'effet d'un coup de poignard dans mon cœur déjà meurtri par les évènements.

West Side [Sous contrat d'édition]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant