Chapitre trois

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Théo se tourna vers moi dès que les voitures furent loin. Il semblait déjà alerte, ses pupilles dilatées, cherchant le danger, tandis que je me sentais figée et perdue.

—Ella, écoute-moi. Je sais que tu ne sais pas t'en servir, mais je veux que tu aies ceci.

Il sortit deux revolvers de son sac à dos et m'en tendit un. Mes yeux s'écarquillèrent tandis que je contemplai l'objet. Il attendait que je le prenne, mais j'en étais incapable. Mes doigts restaient immobiles le long de mon corps.

—Quoi ? dis-je, ma voix rauque.

—Je sais que c'est beaucoup à comprendre d'un coup. Je comprends, vraiment. Mais là, on est en mode survie.

Il se pencha pour que mes yeux rencontrent les siens, pour qu'on soit à la même hauteur. Je me plongeai dans l'étendue de ses yeux verts.

—Je sais que c'est difficile, mais là, j'ai besoin que tu fasses exactement ce que je te dis. Okay ?

J'étais bouleversée, perdue, déstabilisée. L'anxiété me mangeait tout entière et je ne comprenais plus rien. J'avais l'envie stupide de me rouler en boule et de pleurer. Mon frère semblait soudainement si différent. On dirait qu'il savait exactement ce qu'il faisait. Comme s'il était dans son élément.

Il attendait toujours une réponse de ma part, et je hochai simplement la tête. Il soupira et sembla soudainement soulagé. Il prévoyait que je prenne l'arme à feu.

—Théo, soupirai-je.

— Même si tu ne t'en sers pas, affirma-t-il, tu peux quand même faire une différence juste en la pointant sur les autres. Ils ne sauront jamais que tu ne sais pas t'en servir.

Je hochai à nouveau la tête et je mis ma main sur l'arme froide. Je tressaillis tout en la pesant. Elle était plus légère que ce que je pensais.

—Mets là ici, me dit-il en me tendant un étui qu'il accrocha à ma taille.

—Quand je te dis de la sortir, tu le fais, tu comprends ? ajouta-t-il ensuite.

—Oui, déclarai-je.

—Bien.

Il sortit la sienne qu'il chargea et la garda dans sa main. Ensemble, nous nous tournâmes vers la route déserte. J'inspirai profondément. Théo me jeta un coup d'œil et se mit à marcher.

Nous progressâmes rapidement, mais je n'avais aucune idée de la distance que nous devions parcourir. Théo non plus. Nous croisâmes plusieurs intersections. Chaque fois, nous nous retrouvions dans un dilemme. Gauche ou droite. Il était impossible de savoir quel chemin menait où. Cet endroit était un réel labyrinthe.

Je me fiais à la progression du soleil pour savoir l'heure approximative. Nous devions être bien avancés dans l'après-midi maintenant. L'air s'était refroidi considérablement. Une chance que je portais des vêtements chauds qui me prévenaient du froid.

Je marchais aux côtés de Théo quand nous entendîmes une branche craquer. Mon frère pointa aussitôt l'arme à feu vers la forêt. J'arrêtais même de respirer. Il me fit un signe d'attendre tandis qu'il avança de quelques pas.

—Je pense qu'il n'y a personne, marmonna-t-il. Viens, continuons. Nous devons rejoindre la civilisation avant que le soleil se couche.

Je n'avais aucune envie de passer la nuit dans cette forêt, j'étais cent pour cent d'accord avec le fait qu'il ne fallait pas perdre un seul instant. Mes sens davantage alertes, prêtant attention à chacun des bruits et des mouvements perceptibles dans mon champ de vision, j'avançais rapidement.

West Side [Sous contrat d'édition]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant