𝒟𝑜𝓊𝓏𝑒 𝒹𝑒́𝒸𝑒𝓂𝒷𝓇𝑒

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          Nous avons tellement discuté, Claudette et moi, que nous n'avons pas dormir du tout. Elle avait tellement de choses à raconter. Elle a vécu cette femme et elle avait tellement d'histoires à raconter qu'elle aurait pu écrire des tonnes de livres. Je voudrais vivre aussi longtemps qu'elle et avoir, moi aussi, la chance de partager mes souvenirs avec quelqu'un. C'est vraiment fascinant de voir comment il est possible de vivre autant de situations différentes. J'ai rêvé en l'écoutant et je sais que ce soir, je vais également avoir de belles images sur mon futur. Il n'y a pas que les études et le travail dans la vie, il y a aussi l'amour et la vie à deux, voire plus. Les amis et la famille sont si importants. Finalement, je me trompais totalement. Je veux vivre et je veux profiter de la vie comme elle. Je promets de refaire ce voyage, dans dix ans, il faudra que j'en parle à Elvin à mon retour. J'aimerais pouvoir revivre ces frayeurs et m'en sortir.
          - Andrew, auriez-vous la gentillesse de rester avec moi ? Mon autre avion décolle dans une heure.
          - Évidemment. Vous pourrez aussi me dire ce qui est beau à visiter ici, proposais-je en la suivant dans l'aéroport de Barcelone.
          - D'abord ! Je veux manger de la vraie nourriture et boire un bon thé chaud !
          - Je vous suis avec plaisir.
          Une fois encore, son expérience de vie et ses souvenirs me disent où je devrais me rendre pour passer un agréable séjour. Elle a tellement de souvenirs à me dire qu'on ne voit pas le temps passer, une fois encore. Quel plaisir de l'écouter. Cette femme est incroyable. Je lui propose d'échanger nos mails, mais elle me dit avec certitude que ça gâcherait cette magie qui nous lie pour quelques heures. Je lui propose alors de converser par lettres et elle hésite un instant. J'essaie de la convaincre en mettant en avant, la magie du voyage et de l'attente de nos correspondances. Au bout d'un certain temps, elle accepte d'échanger mon adresse avec la sienne. Je ne sais pas qui va écrire en premier, ni qui va dire quoi, mais une chose est certaine, je veux encore découvrir ce qu'elle a vécu.
          - Je dois y aller ! Merci infiniment d'avoir consacré votre temps à discuter avec moi.
          - C'était un plaisir. Sincèrement.
          - Je vous crois, sourit-elle en posant sa main sur mon épaule. J'ai une dernière question.
          - Je vous écoute.
          - Quel est son nom, à votre ami ?
          - Son nom est... Il s'appelle Elvin, répondis-je en songeant à lui.
          - Votre sourire en dit long sur vos sentiments. Je suis heureuse pour vous. Au revoir !
          J'attends qu'elle franchise les portes de la douane et qu'elle ne soit plus dans mon champ de vision avant de quitter le bâtiment. Je prends un taxi et lui demande de m'emmener à mon hôtel. J'espère que finalement, ce voyage ne sera pas trop long. Je dois faire une liste de tâches à faire, comme ça, je profiterai un maximum. J'irai d'abord chez le coiffeur qu'elle m'a conseillé, puis dans le restaurant qu'elle m'a sagement ordonné d'aller. Je ferai l'aquarium, puis je verrai ce que je vais faire. Je n'ai que vingt-quatre heures, mais j'occuperai le temps avec soin.

 

          Je crois que le plus difficile, à ce stade de mon voyage, ce n'est pas l'attente de décoller ou de simplement attendre qu'on arrive chez soi. Non, dans mon cas, et c'est bien la toute première fois de ma vie, je suis impatient de revoir Elvin. Je désire le prendre dans mes bras et lui dire combien il m'a manqué. J'aimerais qu'il ressente ce que je souhaite partager. Et ma nouvelle coupe de cheveux super tendance n'a rien à voir avec mon enthousiasme... Ou peut-être un tout petit peu. Mais le plus important à retenir, c'est qu'enfin, je suis prêt à partager ma vie avec lui. Nous sommes jeunes et nous avons la vie devant nous. J'aimerais sincèrement pouvoir profiter de tout ça : l'amour et la vie à deux. Il pense toujours à moi, comme moi, je commence un peu à penser à lui. Nous devons vivre en harmonie et ne former plus qu'un.
          Lorsque Claudette me parlait de sa vie amoureuse, j'étais presque jaloux de ne pas avoir encore connu cette sensation que d'être aimé et de partager cet amour réciproque. Il est évident qu'Elvin m'aime, autrement, il ne se serait pas donné autant de mal pour me faire réagir. Et il est très attentionné. Il sait comment je suis. Il arrive enfin à comprendre comment je fonctionne. Et c'est ça la vie de couple : faire des concessions pour l'autre. Je voudrais lui dire tout ce que j'ai sur le coeur.
          Toutefois, je crains une chose : ma réaction. J'ai peur qu'en le voyant, en face de moi, la colère et la tristesse remontent. Je ne veux pas m'énerver contre lui. Cette nuit, je n'ai pas arrêté de me faire des films sur nos retrouvailles. La première angoisse qui m'est venue, c'est le fait de réaliser que je l'ai embrassé avant de partir. Je l'ai vraiment fait. Mes pulsions m'ont amené à partager mes fluides avec lui et bon sang ce que c'était bon ! C'était un soulagement. Seulement, plus j'y pense et plus je me dis deux choses. Premièrement, je suis un con de toujours être fixé sur le mauvais côté du baiser. Deuxièmement, je me trouve idiot de penser que je voudrais rattraper ce baiser en lui offrant un plus doux, tout en ayant, une fois encore, la trouille de faire le premier pas. J'ai cette peur qui m'interpelle à nouveau lorsque je rêve de l'embrasser.
          Alors, depuis le début de ce vol, je tente de me convaincre de ne pas lui hurler dessus, de lui pardonner et de l'embrasser. Je ne peux plus lui en vouloir, mais je tiens tout de même à avoir une discussion avec lui, histoire de mettre les choses aux claires. C'est débile de ne pas terminer les disputes ou les discussions. J'aime bien que tout soit en ordre et bien rangé. Alors, qu'on se pardonne en un baiser ou non, je veux mettre un point final à cette phase.

C'était luiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant