𝒯𝓇𝑒𝒾𝓏𝑒 𝒹𝑒́𝒸𝑒𝓂𝒷𝓇𝑒

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          - Il ne te reste plus que cinq minutes, Andy.
          Sérieusement, il me cherche là ! Et il a raison. Je ferai la même chose, si j'avais autant de pouvoir que lui. Il ne va rien faire. C'est évident. Pourquoi ferait-il une chose pareille ? Il sait que je fuirais à nouveau. Mais d'un autre côté, j'ai envie de croire qu'il pourra le faire. Après tout, c'est Elvin ! Et Elvin est courageux. Elvin ose tout faire. Avec le temps, je devrais l'avoir compris. Je ne suis pas dans une bonne posture, il faut l'admettre. Je ne veux pas partager mes fluides avec lui. Je veux l'embrasser, c'est vrai. Mais c'est tout. Je ne veux pas avec la langue ou d'une toute autre manière dont j'ignore encore l'existence. Elvin, bon sang, pourquoi tu me mets dans un état pareil ? Et ses mains chaudes, qui caressent mon dos avec fermeté, me déstabilisent ! C'est si agréable que j'en perds toute sensation.
          - Une minute.
          Sa voix me fait frissonner. Elle est si grave et rauque lorsqu'il parle doucement. J'aime l'entendre parler ainsi. Il est un homme, un vrai et avec tout ce qu'il faut pour plaire. J'en suis convaincu, il n'y a aucun doute là-dessus. Une minute. D'accord. Je vais devoir prendre mon courage à deux mains, et lui dire une bonne fois pour toute ce qui m'a prit de faire ça. Je dois mettre de l'ordre dans mon esprit et le tour sera joué. Oh ! J'ai une idée.
          - Je peux t'écrire ?
          - Non.
          - Bon, alors, est-ce que tu veux bien m'aider à en parler ?
          - Que proposes-tu ?
          - Je n'arrive pas à mettre des mots sur ce moment.
          - On s'est engueulé, enfin, tu m'as hurlé dessus et tu avais toutes les bonnes raisons du monde, puis tu m'as embrassé fougueusement. Autre chose ?
          - J'étais frustré.
          - On commence bien ! Frustré. C'est entendu. Pourquoi étais-tu frustré ? S'informe-t-il tout en continuant à me masser.
          - Parce que je n'ai jamais eu le cran de faire ce pas si simple, mais important à la fois.
          - Et, c'est pour ça que, comme par hasard, ce soir-là, tu as osé faire le pas ?
          - Elvin, tu es naïf ou tu le fais exprès ?
          - À ton avis ?
          J'arrive à entendre son sourire dans sa question. Je suis vraiment un idiot quand je m'y mets. Il a le pouvoir sur moi, et moi, je tombe dans son panneau. À chaque fois, je suis le faible qui suit le chemin que le fort a créé. Il veut entendre les mots. D'accord. C'est bon. Il a gagné. Puisque c'est ainsi, mettons une bonne fois pour toute, le tout à plat ! Je vais être correct et ne plus me mentir à moi-même ou à lui. Il veut que je le dise, eh bien, je vais tout dire !
          - OK. Bon. Tu as gagné ! Et, c'est bien la dernière fois que nous avons une discussion de ce genre. Elvin, tu me manipules et tu le sais bien ! Tu le fais exprès et tu sais que je le sais ! Je t'ai embrassé parce que je t'en voulais de m'avoir trahi. Je m'en voulais aussi, parce que je me suis senti con d'avoir été un trouillard ! J'en avais marre d'avoir peur de t'embrasser ! Alors, je l'ai fait par pure frustration. Et aussi, parce que j'en avais terriblement envie. Et on est un couple ! Même si on ne s'est pas demandé officiellement de sortir l'un avec l'autre, je peux dire qu'on est un couple. On est deux personnes qui s'aiment éperdument. On est deux personnes qui veulent partager plus que des moments cool entre amis. Voilà ! C'est dit ! Autre chose ?
          - Je t'aime, Andrew.
          Il me retourne pour m'embrasser, enfin. Seulement, cette fois, c'est différent. Comment est-ce possible ? On dirait qu'il m'aime encore plus qu'il y a quelques heures à l'aéroport. Et il y a autre chose. Je ne saurais pas dire avec exactitude ce que c'est, mais c'est agréable. Et pour la première fois de ma vie, je vais me laisser emporter par ce sentiment nouveau et inconnu. Je suis avec Elvin, je ne risque rien de mal.

 

          - Ta mère t'attend.
          - Tu es sûr que tu veux nous laisser seuls ? Lui demandais-je au seuil de sa porte. Il risque d'y avoir un drame !
          - Tu es con ! Rit-il. Ça va aller. Dis-toi que ce soir, on sera tous les deux dans ta chambre sous les étoiles de ton plafond.
          - Oh ! La lune ! On sera sous la lune, rien que toi et moi, rêvais-je soudainement.
          - On sera les amants du clair de lune, murmure-t-il avant de m'embrasser.
          - Ça me plaît, avouais-je. Cette idée, d'être des amants, est vraiment plaisante.
          - J'en étais certain, affirme-t-il avec assurance.
          - Quoi donc ?
          - Que tu prendrais goût à l'amour.
          - Oui, bon, n'en fait pas toute une montagne aussi ! Ronchonnais-je en me rendant devant ma porte.
          - À ce soir, mon amant d'amour.
          - À ce soir, balbutiais-je en rougissant.
          Je ferme la porte et me cale contre celle-ci. Elvin a dû entendre le choc de mon poids contre le battant. Quelle discrétion ! Je m'en fiche. Oui, je m'en tape, car cette nuit était vraiment magique. Il a été encore plus doux et délicat que d'habitude. Il m'a mis en confiance et j'ai vraiment adoré dormir avec lui. L'avoir tout contre moi, sentir la chaleur de son corps et ses baisers me couvraient d'amour, tout ça, c'était vrai et j'ai adoré !
          - Pi ? M'appelle ma mère avec une petite voix timide et triste à la fois.
          - C'est moi, maman.
          J'essaie d'être le moins fâché possible et ça marche. J'ai l'impression de moins lui en vouloir qu'hier. Je retire mes chaussures, pose mes affaires et je sors un paquet de mon sac. Zut ! J'ai oublié de donner à Elvin son cadeau. Il devra attendre ce soir. Je me dirige au salon où je découvre toute la décoration et table en place. Comme un soir de Noël qui n'a jamais quitté les lieux. Je vois ma mère au bord des larmes, assise à sa place, son assiette remplie de mouchoirs. Les cadeaux sont encore emballés sous le sapin. Elle avait tout prévu et elle m'attendait. D'accord. Je lui pardonne.
          - C'est bon, c'est oublié, maman. Excuse-moi pour... Pour tout ça.
          - Tu n'étais jamais parti tout seul quelque part !
          - C'est... C'est tout ce que tu trouves à me dire ?
          - Je me suis fais du souci ! Crie-t-elle. Tu ne regardes jamais les infos ? Un avion a disparu la nuit dernière !
          - Je suis là ! Je suis là, ne t'en fais pas. Je vais bien.
          Ma mère se lève pour me rejoindre, mais au lieu de recevoir un câlin, je me prends une gifle, suivit de mon câlin. Bon, maintenant qu'on a mis les choses au point et qu'on a réglé nos différends, on peut continuer à vivre comme avant ? Non, parce que là, j'en ai un peu marre. C'est comme les enterrements, c'est toujours la même chose ! Et les mariages aussi. Bon, les mariages, c'est positif, c'est un mauvais exemple. C'est peut-être chiant et barbant, mais romantique.
          - Maman, je t'ai acheté un cadeau, dis-je en m'éloignant de son étreinte.
          - Je l'ouvrirais ce soir ! Et Elvin viendra manger à la maison ! Et... Tu as changé tes cheveux ?
          - Oui, j'ai fait des folies à Barcelone !
          - Bar-Barcelone ? Hurle-t-elle. Tu étais à Barcelone pendant tout ce temps ?
          - Maman, c'est bon. J'ai... J'avais déjà dix huit-ans quand j'ai pris l'avion.
          - Dix-huit... ans. Ton anniversaire, murmure-t-elle en se mettant à pleurer. Mon chéri.
          Je ne suis pas majeur en Amérique, mais en Europe si, et c'est vrai que malgré ça, c'est un âge très important. Toute ma vie va changer. Je suis parti pour Noël à la base. J'avais complètement oublié mon anniversaire. Je serre ma mère dans mes bras et lui chuchote des « pardon » à plusieurs reprises. J'ai carrément fait le con au mauvais moment. J'embrasse son front, acte que je n'ai jamais fait, car même avec ma maman, je n'aimais pas ce genre de rapprochement. Maintenant, je m'en fiche. En fait, je trouve important de montrer ce qu'on ressent. Je me dirige vers le frigo et vois que tout est encore bon pour être cuisiné. Il y a même mon super gâteau d'anniversaire.
          - Forêt noire au chocolat blanc avec des copeaux de chocolat noir et du coulis de caramel à l'intérieur pour remplacer les cerises ? Demandais-je, gourmand.
          - Ton gâteau préféré, répond-elle, les larmes aux yeux. Tu es si grand, Pi.
          - Maman, non ! L'interpellais-je, en fermant le frigo pour la rejoindre et la prendre dans mes bras. Je suis toujours ton petit génie, ton Pi d'amour et je serai toujours là pour toi.
          - Quand je pense que tu vas partir dans quelques mois. Je suis déjà triste de te voir partir avec tes valises.
          - Je serai là pour les fêtes, maman. Ne t'inquiète pas.
          - Tu as encore grandit ou c'est moi ? Me demande-t-elle en reculant pour m'analyser de la tête aux pieds.
          - Je fais la même taille qu'Elvin, maintenant. J'ai acheté des vêtements à Barcelone. Regarde ce pantalon, il est carrément au-dessus de mes chevilles.
          - Ça donne un style.
          - Oui, mais pas celui que j'aime. Je préfère rester simple et dans mon monde de geek ! Ris-je malgré que je sois sincère. J'envoie un message à Elvin pour lui dire de venir à dix-huit heures ?
          - Oui, on servira les entrées ! J'ai tout prévu !

C'était luiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant