Ce matin, en me réveillant, j'ai cru que le jour ne s'était pas levé, mais en ouvrant mes rideaux, j'ai pu constater qu'il faisait jour. Pour serrer ma chambre, j'ai ouvert en grand ma fenêtre et j'ai défait mon lit pour également le changer. Il devient sale avec le temps et je ne l'ai pas changé depuis un mois. Je suis sale. Ce n'est pas dans mes habitudes. En même temps, mes habitudes ont été si chamboulées que je ne sais même plus ce que je faisais avant de connaître Elvin. Un petit frisson parcourt mon corps lorsque je passe devant la fenêtre, je souris détendu, car le vent frais du matin me fait terriblement de bien. Il n'y a rien de mieux pour se réveiller. Il ne fait pas trop froid et c'est vraiment agréable.
Je sors de ma chambre et ferme la porte pour bien aérer. Je sais qu'en règle général, il faut cinq minutes maximum pour changer l'air d'une pièce de la taille de ma piaule, mais j'ai également envie de la rafraîchir entièrement. Je vais au sous-sol où notre machine à laver s'y trouve et je mets à la lessive mes draps, ainsi que mon pyjama. J'en profite pour mettre quelques vêtements de ma maman à laver. Ceci fait, je me dirige vers la petite armoire dans le couloir où les draps propres y sont et je ne me prive pas de prendre la collection Edwige, tout blanc.
Une fois ma chambre en ordre, je me dirige à la cuisine pour me préparer un bon déjeuner. Il faut que je sois rassasié avant d'aller chez Elvin. Et je ne sais pas ce que je vais manger ce soir. Je ne suis jamais allé à un bal. J'ignore s'il y aura de quoi manger. Tout ce que je sais, d'après les films américains, c'est qu'il y a toujours un ponch. Je n'ai jamais prêté attention au reste. Je demanderai à Elvin. Au pire, je ne mangerai pas ce soir. Je ferme les yeux pour tenter de me souvenir des images des films et je crois qu'il y a des petits buffets avec des rues à grignoter comme des chips ou des cupcakes. Ça fera largement l'affaire.
- Andrew tes œufs ! Crie ma mère en rentrant dans la pièce.
- Mince !
Je me dépêche de retirer la poêle du feu et constate que mes œufs au plat sont cramés. J'avais la tête ailleurs et je n'ai pas fait attention. Quel abruti je fais. Je n'étais pas comme ça avant. J'essaie de récupérer des morceaux, mais plus je enter de gratter la croûte, plus ça bousillé les œufs. Je n'ai pas le choix, je vais devoir jeter. Je déteste jeter la nourriture. Je ne peux pas faire ça. Il me semble qu'on a des chats dans le quartier. Je vais mettre le contenu dans une assiette au fond du jardin et on verra après.
- Tu rêvassais à propos de ce soir, pour avoir raté tes œufs ? Me demande ma mère, souriante.
- En quelques sortes, oui. J'ignore comment ça va se passer et ça me dérange un peu.
- Ne t'en fais pas, ça ira.
- Comment peux-tu en être aussi certaine ?
- Parce que tu seras avec Elvin. Et donc, même si ça se passe mal, tout ira bien.
- Oui, tu as sans doute raison.
- Laisse-moi, je vais faire à manger, m'informe ma mère, en me prenant la spatule des mains. Je t'appelle quand c'est prêt.△ ▽
Je sonne chez Elvin qui vient m'ouvrir dans la seconde qui suit. Quelle rapidité ! Je ne m'y attendais pas. Il m'accueille avec hâte et joie comme à son habitude. J'aime le voir ainsi. J'aime savoir que c'est ma présence qui le met dans cet état. Il est vraiment beau en tenue d'Adam, ou presque. Il porte un linge autour de la taille. Il a déjà pris sa douche, alors que moi, non. Ses cheveux mouillent tout ce qui l'entoure à chaque fois qu'il tourne la tête ou change de direction. Je vois que c'est le bazar ici. Nos costumes sont étalés dans un coin de la pièce, là où il y a le canapé chez moi. Ils sont à même le sol. Malgré que ce soit extrêmement propre chez lui, je trouve l'idée plutôt étrange. Mais je ne dis rien et l'observe courir dans tous les sens, pour des raisons qui me sont encore inconnues...
J'éclate de rire et lui dit, tout en prenant mon costume, que je vais prendre une douche. Il panique en me disant que le bal commence dans une heure et demi. Je continue de rire et monte à sa chambre pour atteindre sa salle de bain, car il utilise celle du bas. J'entends son sèche-cheveux jusqu'ici, ce qui m'indique qu'il est dans le salon à nouveau. Me voici dans sa salle de bain et je peux constater que c'est le foutoir ! Je n'arrive pas à m'empêcher de ranger et nettoyer son lavabo où il s'est rasé. Comment peut-on garder un endroit aussi hygiénique aussi sale ? Les poils de barbe, c'est ce qu'il y a de pire à nettoyer dans le lavabo ! Je vois que ces longs cheveux dans la baignoire sont également un problème majeur chez lui.
- Elvin ! Hurlais-je plus fort que je le souhaite.
- Quoi ?
- Monte ! Y a de la saleté dans ta baignoire et je n'ai pas envie de me coltiner cette sale corvée infecte !
- C'est quoi le problème, Andrew ? Me demande-t-il calmement, en entrant dans sa chambre, la moitié de ses cheveux séchés et lissés.
- Ta crinière bouche tes canalisations !
- Oups ! J'avais pas pensé à ta maladie contre les germes !
Il ne met pas de gants et retire le contenu sans difficulté, ni être dégoûté. Je ne veux pas voir ça, car ça me mets dans un état déplorable. J'ai beau aimer les sciences, et même avoir le courage d'observer des organes, ce que fait Elvin et bien plus répugnant. Il prend tout de même le soin de se laver les mains, puis il embrasse le sommet de ma tête avant de descendre aussi vite qu'il est venu. Franchement, j'espère ne jamais à devoirs faire ça ! Je me dépêche de prendre ma douche, en faisant le plus gros effort du monde pour ne pas scruter la moindre saleté dans sa salle de bain, bien que j'aperçois de la moisissure sur les joints de ses carrelages... Respire, Andrew. Elvin vit seul et ne prend pas forcément le temps de nettoyer. Je lui ferai la remarque, un jour, je viendrais l'aider et je lui montrerai l'art de la propreté !
Enfin prêt, coiffé et habillé, je descends le rejoindre. Et j'ai la bonne surprise de le voir détendu et prêt également. Je ne savais pas si je devais m'attendre à le voir encore angoissé ou non. Je suis soulagé de savoir qu'il est enfin redevenu lui-même : Elvin le détendu, relax et heureux. Je saisis sa main et le tourne face à moi pour l'embrasser. Je veux qu'il sache que je suis là et qu'il ne risque rien.
- On y va ? Me propose-t-il.
- Oui, je vérifie juste, si j'ai mes affaires. Poche droite, il y a mon téléphone, poche gauche, mon Ventolin et mon paquet de mouchoirs, enfin, poche intérieure, mon porte-monnaie. Oui, je suis disposé à t'accompagner au bal.
- Génial ! Allons-y !
Je suis étonné de notre silence durant le trajet vers l'école. Je pensais qu'il allait me parler de l'élection des couples ou des danses ou simplement me dire ce qui va se passer, mais il reste silencieux. En arrivant à l'école, nous faisons plus attention, car les feux de signalisation ne fonctionnent toujours pas. Nous avons averti la police, mais rien n'a été fait. D'après les rumeurs, ils veulent supprimer les feux à ce passage piéton pour éviter des ralentissements. C'est ridicule, car ces feux sont là depuis si longtemps que les conducteurs vont mettre du temps à prendre le réflexe de vérifier qu'il y aille des piétons ou non. Et puis, c'est un passage qui n'est pas loin de notre lycée, vont-ils ralentir la zone ?
- Quand tu auras fini de penser à je ne sais quelles broutilles et que tu seras revenu parmi nous, tu me fais signe ? Rit Elvin.
- Excuse-moi, je me disais juste que ce passage piéton est dangereux.
- Oui, je sais. Tu es prévisible mon cher Andrew.
- Tu me connais si bien, ça fait presque peur, dis-je, en m'avançant vers l'école.
- Non, c'est plutôt encourageant.
- Comment ça ?
- Eh bien, si je te connais, je sais à quoi m'attendre, donc je sais comment réagir pour ne pas te blesser, m'explique-t-il.
- Tu marques un point.
- Oh ! Est-ce que pour la première fois, tu déclares que j'ai raison.
- Oui. Tu es un expert en relations, il n'y a pas de doutes là-dessus, je te fais totalement confiance. Alors, je ne mets plus en doutes tes propos sur notre relation et tout ce que tu trouves à dire.
- Fais attention aux mots que tu utilises, ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd.
- Tomber dans l'oreille, cette expression est tellement stupide ! Comment peut-on tomber dans une oreille ?
- Andrew, tu ne cesseras jamais de toujours tout prendre au premier degré, c'est parfois drôle.
- Mais...
- Allons-y !
À l'entrée de la salle de bal, une petite pièce a été créée pour faire une photo. Elvin et moi restons simplement debout. Il pose sa main sur ma hanche, moi, je la mets dans son dos. Nous regardons l'objectif ensemble et sourions. Je me trouve beau, alors, je ne me sens pas gêné et ça me fait terriblement du bien ! Elvin demande au photographe si on peut faire une seconde photo, sans me demander ma permission. Je le dévisage et il s'excuse, avant de murmurer à mon oreille qu'il aimerait une photo où on s'embrasse. Je voulais refuser, mais tout est allé si vite que je n'ai pas eu le temps de réagir. Et lorsque nous avons le cliché sous les yeux, je me calme en découvrant que l'image est sublime.
- C'est lorsqu'on prend des instants spontanés comme celui-ci qu'on réalise que les photos sont bien plus exquises que les autres. Il y a cette magie soudaine de l'inconnu. Rien n'a été préparé, ce qui donne du caractère à l'image capturée.
- Elvin, c'est tellement beau ce que tu dis.
- Tu ne m'en veux pas, me demande-t-il avec son fameux regard coupable.
- Non.
- Merci !
Il embrasse le bout de mon nez, ce qui me fait rougir, puis il m'attire au buffet, car il faut l'admettre, j'ai un peu faim, même pour des chips. Tout s'enchaîne si vite que je n'arrive pas à profiter. La bouffe, le ponch, les danses... Je comprends à peine ce qui se passe lorsque nous sommes sur scène pour se faire couronner. Nous sommes les roi et reine du bal. Je n'avais jamais vu Elvin aussi comblé de joie. Et c'est seulement lorsque nous dansons sur ma chanson préférée de Noël, alors que c'est loin derrière nous, que je savoure ce qui se passe. C'est calme, c'est lent et c'est ce qui me plaît. L'un contre l'autre, nous dansons comme un vrai couple, un couple amoureux. Je ferme les yeux, heureux de cet instant. Je commençais à avoir le tournis, mais finalement, ça passe bien. J'espère qu'au bal de fin d'année, on aura aussi la chance d'y aller ensemble et de savourer chaque instant. Ce ne sera pas ma première fois, donc je pourrais mieux me préparer.
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C'était lui
DragosteAndrew Gregg, 17 ans, adolescent banal et hideux. Je pensais avoir une vie de geek comme je l'entends, une vie d'intello paisible et harmonieuse, mais lorsque nous avons dû déménager avec ma mère, tout a changé... Elvin Martins, retenez ce nom ! Alo...