𝒟𝒾𝓍-𝓈𝑒𝓅𝓉 𝒹𝑒́𝒸𝑒𝓂𝒷𝓇𝑒

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         - C'est aujourd'hui que tu reçois les résultats pour ta participation ou non aux Olympiades ? Me demande ma mère lorsque j'arrive à la cuisine pour prendre mon petit-déjeuner.
          - Oui. Toute l'école est au courant. J'ai eu le droit à quelques encouragements, mais franchement, après avoir fait les tests, ça ne sert à rien. Le résultat ne peut pas changer en me souhaitant bonne chance.
          - Andrew, comme tu l'as dit, c'est une manière de t'encourager.
          - Oui, mais c'est débile.
          - Toi, tu as encore beaucoup à apprendre sur la vie sociale en société. Tu vas te faire opérer quand des yeux, change-t-elle de sujet.
          - Après les Olympiades. Je ne veux pas que ma vue soit brouillée pour n'importe quelle raison. Je préfère être au top de ma forme pour mieux réussir mes examens. Et je porterai mes lunettes de vue, répondis-je en m'empiffrant de crêpes. Et avant tout ça, il y a le football. Elvin veut que je vienne le soutenir à la finale de la saison, car ils sont qualifiés. Mais je déteste ce sport aussi barbare que débile !
          Ma mère rit.
          - Maman, sérieusement. Ils se jettent les uns contre les autres pour une balle ! Ce sport n'a aucun sens ! Sauf celui de mettre en oeuvre la sécrétion de testostérone !
          - Et, tu ne rêves pas de voir Elvin, à torse-nu à la fin du match, le corps sali par la boue et les efforts...
          - Pitié ! Tais-toi ! Je ne veux pas parler de ce genre de fantasme avec toi.
          - Tu as manqué sa pièce de théâtre...
          - À qui la faute ?
          - Andrew !
          - Je ne sais pas. Vraiment, je vais m'ennuyer. Je ne vais même pas regarder le match. Et je ne connais pas les règles.   
          - Tu as le don d'apprendre vite mon chéri. Et pour celui qu'on aime, on est toujours prêt à tout, non ?
          - Je suppose.
          - Il va t'accompagner aux Olympiades ?
          - Et toi ? Tu vas venir ?
          - Oui, je vais venir. Mais ne change pas la direction de notre conversation, jeune homme !
          - Je ferai l'effort d'aller voir le match d'Elvin, râlais-je pour en finir une bonne fois pour toute. Je dois y aller. À ce soir.
          J'embrasse le front de ma mère, puis je me rends à l'entrée pour me préparer à partir. J'entends Elvin sorti de chez lui et je fais de même. Je fonce vers lui pour le prendre dans mes bras, car oui, en une nuit, il m'a manqué. Il ris dans mon cou, ce qui me chatouille, mais j'aime beaucoup quand même. Après un baiser échangé, nous nous dirigeons vers l'école. Cela fait une semaine que j'ai fait le test et que nous avons découvert l'existence du bal de printemps. Je pensais qu'avec le temps, il m'aurait invité, car la soirée est pour bientôt. La fin de la semaine prochaine, soit dans huit jours. J'aimerais vraiment y aller.
          J'y pense seulement maintenant, mais je crois qu'Elvin me connaît enfin assez bien pour comprendre que les Olympiades me préoccupent tellement que je ne veux pas être dérangé pour des futilités comme se faire inviter au bal de printemps. Il n'a pas tord de faire ça, si c'est bien ce qu'il fait. Mais, pour une fois, j'aurais bien aimé qu'il fasse sont « Elvin » et le gars spontané. J'aurais aimé qu'il fasse les choses à sa manière. Cela dit, je ne vais pas me plaindre de le voir aussi calme.
          - Fait attention, le feu bug, en ce moment, m'indique Elvin en me montrant les panneaux de signalisation.
          - Oui, et les voitures ont tendance à passer au rouge. J'espère que ce sera vite réparé.
          - Oui, moi aussi, on ne sait jamais ce qui peut arriver.
          - J'ai entendu dire qu'une élève d'un autre lycée a été renversée, mais elle n'a qu'une jambe cassée.
          - Et où as-tu entendu ce genre de rumeurs, monsieur le geek ?
          - Je lis le journal de l'école, tout simplement.
          - Oui, c'est une bonne excuse. Je ne l'ai jamais lu, m'avoue-t-il.
          - Tu devrais, même le journal de tous les jours. On en apprend toujours.
          - Si tu pouvais lire le journal tous les jours au petit-déjeuner, tu le ferais ?
          - Oui. Je lis quand je peux, car c'est important d'être informé sur le reste du monde. Même si on lit que des mauvaises nouvelles, il faut les connaître, c'est important. Je sais que ce n'est pas toujours la joie, seulement, au milieu de toutes ces mauvaises nouvelles, il reste de l'espoir. Ça peut changer des vies, donner des envies caritatives et je passe la liste. C'est peut-être trop déprimant de lire le journal, de nos jours, mais il y a partout des informations tragiques, que ce soit à la télévision, sur Internet ou sur papier. On ne peut rien y faire lorsque les faits sont là, mais on peut contribuer à quelque chose ou tout simplement accumuler les informations et faire avec.
          - Et dans ton monologue très intéressant, que penses-tu de tout ça ?
          - Je lis le journal pour savoir si le monde va bien.
          - Et ?
          - Il va mal. Il va très mal.
          - Heureusement que tu n'es pas journaliste, tes arguments sont sublimes, ironise-t-il. Cela dit, je dois dire que ta passion pour l'information journalistique me surprendre et j'aime beaucoup ça.
          - Oui, compliment moi, flatte moi pour te sentir mieux de m'avoir critiqué, grognais-je. Pour ta gouverne, si je dis que le monde va mal, c'est que les faits sont là. On pollue. On détruit la nature et les zones de vie des autres êtres vivants de la planète. Les gens veulent changer les choses, mais ils sont soit peu nombreux et donc perdants, soit ils sont violents. La violence ne résout rien et ne fait qu'aggraver. Alors, ce que je propose, c'est que ces putain de journalistes, au lieu de simplement fournir des informations de manière neutre, ils devraient donner leur avis et faire bouger le monde. D'après toi, à part les hommes de loi et politique qui peut faire pencher la balance sur cette planète ? Les journalistes ! Malheureusement, je n'ai aucun don là-dedans, mais si un jour, j'ai un ami dans cette profession, je jure de tout faire pour qu'il change le monde.
          - C'est très noble de ta part. Je ne pensais pas que tu étais ce genre de type.
          - Quel genre ?
          - À vouloir le bien pour les autres.
          - Oui, je suis peut-être un solitaire, intelligent et joueur de jeux vidéo, j'ai aussi des pensées et des convictions. Bien que mes principes se focalisent principalement sur moi, je ne peux pas m'empêcher de penser au reste du monde. Je ne suis pas seul.
          - Andrew, tu es un homme parfait.
          - Moui, non. Arrête avec tes compliments, rougis-je.
          Lorsque nous entrons dans le bâtiment, plusieurs élèves se taisent et se tournent face à nous. Je n'aime pas quand ça arrive. Je déteste qu'on me regarde de cette manière. Alors, je baisse la tête et tente de me cacher derrière Elvin, mais il m'oblige à faire face et lever le menton. Je ne suis pas encore habitué à être « populaire ». Mon professeur de mathématique nous rejoint, alors que j'essaie de rejoindre mon casier. Il me tend une enveloppe scellée avec mon nom dessus. Je croyais qu'il voulait attendre qu'on soit en petit comité, mais apparemment non.
          - Les deux autres n'ont pas été sélectionnés, m'annonce-t-il tristement. Il ne reste plus que toi.
          - Ce n'est absolument pas stressant comme situation, dis-je en m'étonnant d'être ironique.
          Plusieurs élèves, dont ceux du club de journalisme, sont autour de moi pour voir la réponse. Je commence à avoir la tête qui tourne à force de regarder chaque visage qui me fixe. Je leur fais signe de s'écarter sur mon chemin pour rejoindre mon casier qui est à moins d'un mètre de moi. J'ouvre la porte, ouvre l'enveloppe, puis je plonge la tête et le dossier dans le casier. Elvin me fait de la lumière avec son smartphone pour que je puisse lire. Je tremble tellement que je n'arrive pas à lire le contenu. Je prends une bonne inspiration et je souffle lentement.
          « Monsieur Gregg,
          Nous avons été très étonnés de votre score et du temps de votre examen. Il est bien rare de voir des prodiges comme vous. Nous avons pris en compte le temps de votre examen et nous avons constaté que votre rapidité était peut-être liée à de la tricherie. Nous avons pris la précaution de faire des recherches sur vous. Nous avons été informés de votre pré-inscription au MIT depuis quelques années. Et nous avons également eu la preuve, par votre école et vos enseignants que vos efforts ont été prôné de succès. Nous savons désormais que vous êtes un élève brillant et studieux.
          C'est avec joie que nous informons que votre candidature a été retenue pour les Olympiades de Mathématiques qui auront lieu en 2020 à... »

          J'arrête ma lecture pour relire la phrase qui m'annonce que je suis pris. Je file ensuite aux résultats et je suis bluffé de ce que je vois. Je ne dis rien, je ne réagis pas. J'entends des élèves se poser des questions. Je réalise que j'ai réussi et des larmes me viennent. Je suis si fier de moi. J'ai réussi ! Je suis pris. Je me retourne, le visage humide, ils doivent croire que c'est raté. Je secoue la lettre et dis :
          - J'ai eu la meilleure note !
          Une acclamation s'élève dans le couloir et les élèves se mettent à hurler et applaudir. Quel vacarme ! Ils sont fous ! Elvin me prend dans ces bras et me soulève, ce qui incite les autres à me porter pour m'acclamer. Quel soutien ! Je n'arrive pas à y croire ! Ils sont tous fiers de moi ! Si j'avais eu ce résultat quelques mois plus tôt, personne ne me féliciterai. Elvin est mon sauveur. J'ai tout même un petit souci avec le fait d'être le centre de l'attention, mais je suis quand même heureux de vivre ça !

C'était luiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant