PULL THE TRIGGER

2.

Je me réveille en sursaut et je mets plusieurs secondes à réaliser que je suis allongé sur mon lit, dans notre chambre, à Luke et moi. Je mets un moment à me remémorer tout ce qu'il s'est passé avant mon malaise et en repensant à Ben à califourchon sur moi, avec le visage en sang, je sens une onde de haine me parcourir.

-Abruti, je jure les dents serrées avant de me redresser lentement dans mon lit.

Je grimace aussitôt en sentant tout mon visage me faire souffrir.

-Tom ? Ça va ?

Je sursaute avant de me tourner vers la voix et je découvre Luke, assis par terre, à côté de mon lit. Je retiens un soupir d'agacement et tourne la tête.

-Je sais pas Luke, je marmonne la voix rauque, en effleurant les endroits douloureux de mon visage et en fermant les yeux. Ça a l'air d'aller tu trouves ?

Je grimace une nouvelle fois en sentant que mon œil à l'air réellement gonflé et que ma pommette me fait extrêmement mal. J'entends le rire de Luke résonner.

-Si ton sarcasme n'est pas mort avec ta dignité, c'est que tout va bien.

Je fronce les sourcils en me tournant légèrement vers lui.

-Qu'est-ce que tu racontes ?

Le blond hausse les épaules.

-T'as quand même légèrement perdu ta dignité face à Ben...mais en vrai mec, j'ai cru que ce connard allait te tuer. Quand t'as commencé à faire ta crise de panique, je me suis dit "c'est mort pour lui"

J'arque un sourcil.

-Merci Luke, je vois que tu crois en moi, sacrée amitié, je raille.

-Mec, sans vouloir être méchant, t'as la silhouette d'un fil de barbelé, la force d'un nourrisson en état grippal. À côté, Ben, c'est un tank de l'armée Russe.

Je plisse les yeux, me demandant une nouvelle fois où ce garçon va trouver ses comparaisons.

-J'apprécie Luke, merci, je grince. Tu sais, des fois je me demande pourquoi je suis pote avec toi.

-Mec ! il s'exclame, l'air choqué. Je te signale que j'ai essayé de te défendre !

-Ah ouais ? je réplique en me tournant cette fois franchement vers lui. Et tu trouves que ça a marché ? je dis en indiquant mon visage de mon index.

Luke sourit en se relevant.

-T'as la réponse. J'ai essayé.

Je me retiens de lever les yeux au ciel mais ne peux empêcher un petit sourire de naître sur mon visage. Je ne me prive toutefois pas de lui balancer mon oreiller dans la tête et il se le reçoit en plein dans le mille. Il étouffe un cri qui ressemble plus à un glapissement de chiot et je ricane.

-Et t'oses parler de dignité ?

Luke me lève son majeur avec un rire et je me lève pour aller me regarder dans le petit miroir de notre chambre. J'ai une moue d'horreur en apercevant mon reflet.

-Il m'a pas loupé ce con, je murmure en m'approchant un peu plus pour voir les dégâts.

Mon œil gauche, en plus d'être gonflé, a pris une teinte rouge/violette qui colore toute la partie autour de l'œil et s'étend presque jusqu'à ma tempe. Ma pommette droite, elle, commence à bleuir lentement mais sûrement. Luke s'approche de moi et nos regards se croisent dans le miroir. Il grimaçe, l'air de dire "ouais, en effet, c'est pas terrible" et je soupire intérieurement.
Toutefois, aucun son ne sort de sa bouche et je prends conscience qu'il a sa tête de "quelque chose me préoccupe".