Merimas

Chapitre 3: Fratrie Wales

– Pourrais-tu m'expliquer pourquoi tu marches si tu as des ailes? demanda Yumi

– En fait, rétorqua Orianna, ça fait vraiment longtemps que je n'ai pas volé et je n'en ai, par conséquent, plus l'habitude. Je préfère y aller doucement, voilà tout.

– Et ça se dit fée?

Les deux jeunes filles continuèrent d'avancer dans la vallée. Orianna en profita pour tout raconter à Yumi, en commençant par la mort du roi, l'annonce de Pyrok, la légende de l'ange, ainsi que son plan d'action. Yumi se stoppa et ouvrit grand ses yeux.

– Pas de couleurs, marmonna-t-elle? Un lac gris?

– A quoi penses-tu?

Yumi eût soudain un éclair de génie. Elle affirma connaître un lieu qui pourrait correspondre à la description de la légende: un lac mystérieux dont personne n'osait s'approcher; une sorte de zone l'entourait, arbres, plantes, animaux, tout était en noir et blanc.

– Il se trouverait à une cinquantaine de lieues au Nord, dit-elle! Après le village où vit la fratrie Wales!

– Parfait! répondit Orianna. Profitons-en pour aller les chercher.

Juliette et Leone Wales étaient deux frères et sœurs humains. Amis avec Orianna depuis son plus jeune âge, ils ont maintenant respectivement 22 et 26 ans. Cela faisait maintenant 10 ans qu'ils n'avaient plus vu la fée.

Marchant toujours côte à côte, les deux fées se sentaient observées, épiées. Un bruissement de feuilles se fit soudain entendre dans leur dos. D'un geste vif, Orianna saisit une lame cachée dans sa botte et la lança dans son dos. S'étant maintenant retournées, elles virent une femme aux allures étranges, accrochée par l'épaule à un chêne millénaire. S'approchant prudemment, Orianna plaça une lame sous sa gorge.

– Bien, dit-elle, maintenant tu vas pouvoir nous dire pourquoi tu nous suis.

Yumi observait son amie, toujours sous le choc de sa démonstration de force.

– Tu ne sembles pas vouloir parler, dit Orianna, et je dois dire qu'il me ferait mal d'abîmer un si joli minois, Yumi?

– Ou... oui?

– Toi qui t'y connais mieux que moi, la penses-tu humaine?

– Hum, voyons voir...

Et elle commença ses observations:

– Je ne vois rien de particulier, dit-elle, aucun signe distinctif tel que des cornes, une queue ou quelqu'autre appendice. A moins qu'elle ne le dissimule. Ses cheveux sont normaux: blonds, bouclés, longueur d'épaules. Pourtant je sens quelque chose de bizarre... Elle n'est probablement pas humaine, m'est avis. Ses vêtements sont très particuliers, très légers, une sorte de robe, et elle semble cacher quelque chose dans son dos...

L'inconnue ricana devant leurs difficultés à l'identifier.

– Eh, mais attends une seconde, s'arrêta Orianna. Tu as les yeux violets.

La femme avait cessé de rire et parut soudain bien inquiète.

– Je ne connais qu'une seule espèce avec des yeux violets, continua-t-elle, ne serais-tu pas un an...

Soudain, l'inconnue produisit un grand faisceau de lumière blanche, aveuglant complètement les deux fées. Elle se libéra des lames d'Orianna et envoya les jeunes filles s'écraser avec une force remarquable sur le sol. En l'espace d'une demi seconde, la femme déploya de grandes ailes blanches d'envergure impressionnante.

– Ça t'apprendra à te mêler de ce qui ne te regarde pas, dit-elle avec ironie avant de s'envoler.

Orianna et Yumi s'éveillèrent quelques minutes plus tard. Tout ce qu'elles avaient vu de la scène était une vague silhouette, très floue. Elles avaient au moins entendu les dernières paroles de l'espionne.