Chapitre 4: Espion

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Elle volait. Elle avait beau avoir fait la forte devant elles, elle avait eu tres peur. On avait découvert son identité, et de plus, on l'avait humiliée. Jamais elle n'aurait cru que de simples espèces inférieures, comme des fées par exemple, pouvaient être si fortes. Pas que la force physique se soit réellement faite ressentir, mais la force mentale de cette jeune fille était impressionnante. Sa précision, sa rigueur, il fallait une certaine maîtrise de soi pour faire ça, mais la sienne était monstrueuse. Le plus surprenant, le plus terrifiant, cela restaient ses yeux, son regard fut si profond; sa détermination, sa rage de vaincre, tout en elle semblait pourtant tellement... intense.

"Quelles raisons pouvaient bien la motiver à ce point? pensa l'ange"

Celle-ci resta un long moment dans ses pensées avant d'enfin arriver à son lieu de résidence: la Cité de Jade. Il faisait déjà nuit, le centre était éclairé par des dizaines de lanternes blanches dans lesquelles brillaient une myriade de lucioles. Le sol était entièrement couvert de pavés de jade, ceux-ci lui donnaient une magnifique couleur vert pâle étincelant, brillant sans cesse dans l'obscurité. Marchant des les rues désertes, l'ange observait ces maisons qu'elle connaissait pourtant si bien. Toutes faites de pierres d'un blanc immaculé, les contours de fenêtres et portes étaient recouverts de cette pierre précieuse si singulière à la ville.

Elle continua son chemin jusqu'à arriver à la place centrale. Au bout de celle-ci se trouvait ce qui avait déclenché toute la filature: le Cristal du Temps. Ses pouvoirs étaient terribles, mais seul le chef des anges pouvait s'en servir. Il ne répondait qu'à lui, qu'à Râel, maître archange. Ce Cristal avait des pouvoirs d'une puissance démesurée, et il était une des raisons de la renommée du peuple angélique. Il était l'arbre qui leur donnait le fruit du savoir, mais encore une fois, seul le grand chef pouvait y goûter. Il était celui qui pouvait voir l'avenir dans le Cristal, qui pouvait lui poser des questions et obtenir une réponse. C'était lui qui transmettait toutes les nouvelles informations aux habitants de la Cité, par conséquent, nul ne savait s'il disait la vérité, mais étant le maître, tous le suivaient aveuglément.

Il fut un temps où ce Cristal servait également à autre chose, mais ce temps était révolu. Quelques siècles auparavant, les anges était considérés comme portiers de la mort, en effet, ce Cristal n'avait pas le pouvoir de créer la vie de toute pièce, mais il pouvait la ramener. Des gens venaient de partout dans le monde pour demander la résurrection d'un proche. Car les âmes des décédés se trouvaient en fait à l'intérieur de la grande pierre translucide, et elle pouvait accepter de les libérer.
Hélas, il avait perdu ses pouvoirs, n'étant plus maintenant qu'un simple outil de voyance. Pourtant, tous sentaient que son pouvoir était bien plus étendu que ce qu'ils pensaient, mais nul ne savait comment activer ses autres pouvoirs.

Après avoir traversé la place, l'ange arriva devant une grande bâtisse aux allures de villa. En plus de la pierre typique de la ville, la façade était recouverte de multiples dorures plus étincelantes les unes que les autres, allant de la simple plaque d'or à la gravure des plus somptueuses. Autour se trouvait un immense jardin fleuri : dahlias, tulipes, roses, toutes sortes de fleurs s'y trouvaient ainsi classées par couleur.
Elle s'avança sur le chemin avant de passer la porte et d'arriver à l'intérieur.

Le grand hall du manoir était étrangement sombre, seule une once de lumière émanait du lustre et de la cheminée. De larges escaliers partaient de chaque côté de la porte d'entrée pour arriver à l'étage suivant. Autour du feu se trouvaient quelques canapés de velour vert émeraude. Une tête dépassait du seul fauteuil de la pièce et se tourna vers notre ange.

– Ah! Ariel! J'attendais de tes nouvelles et me lassait de ce silence. Pourquoi rentres-tu si tôt de ta mission? Demanda-t-il sèchement.

Ariel le fixait avec crainte. Le feu derrière lui rendait son visage d'autant plus sombre. Ses cheveux blancs lui arrivaient à la mâchoire, une de ses mèches coincée derrière son oreille dévoilait des yeux d'un bleu marine aussi profond que les abysses. Il se leva et s'approcha d'Ariel, restée sur le pas de la porte. Il posa sa main sur sa joue et lui fit un sourire des plus malsains.

MerimasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant