Part. 9

3.2K 158 12
                                    

Marc est tendu et le fait que je débarque en furie et pas fraîche n'arrange rien.
-"C'est trop tard Alessia, j'ai déjà dit à mon supérieur que tu pourrais le faire." Le dit Marc.
Il a bien insisté sur le terme "mon supérieur". J'en déduis qu'il n'y a pas de retour en arrière possible, il doit penser à sa crédibilité avant tout.
Ça m'énerve le fait qu'il me mette devant le fait accompli.
-"Je croyais que j'aurais le choix ?" je dis en croisant les bras.
Il se gratte l'arrière de la tête avec énergie.
-"Dans ce cas il aurait fallu arriver plus tôt pour lui expliquer toi-même la raison de ton refus, et pour t'excuser. Moi je t'ai couvert pour ton retard, je t'ai acheté du temps en lui disant ce qu'il avait envie d'entendre. Ou plutôt ce qu'il comptait entendre."
Je prends deux secondes pour fermer les yeux et me calmer. Je sais pas pourquoi, mais je sens que ça l'a bien arrangé Marc, que je ne sois pas à l'heure.
-"Bien sûr tu auras une petite rémunération en conséquence du service rendu, Monsieur est déjà prêt à s'en occuper."
J'en reviens pas que la méthode de Marc soit le chantage. Le comportement du boss me dépasse aussi, je pensais qu'un tel chantage en entreprise était possible. J'ai même pas besoin de leur argent ils s'imaginent quoi...
Furax, je décide tout de même de la fermer et de me contenter de fixer l'homme en face de moi, pas vraiment celui que je pensais qu'il était. Il me met au pied du mur pour arranger leurs petites affaires. Comme je ne dis rien, il prend ma réponse comme positive et arrangeante et commence à m'expliquer leur plan louche.
Je dois me présenter en tant qu'assistante triée sur le volet par le père de Zoé, prendre les coups de fil de ma future boss et ses rendez-vous. En parallèle, je dois aussi l'accompagner en rendez-vous clients pour repérer toute arnaque et surtout vérifier ses documents comptables, là est toute ma vraie mission.

Le reste de la journée se passe tranquillement, je suis en observation dans le bureau de Lisay, où elle me montre son travail au service de la rédaction. C'est elle qui va chasser les scoops et débusquer les nouvelles personnalités européennes avec qui lier des partenariats, lancer de nouveaux articles... son travail me passionne et je vois pas le temps passer.

Je rentre chez moi à 19h, le temps de quitter la Tour en métro et d'aller faire deux trois courses. Je préfère y aller régulièrement, vu que j'ai pas de voiture, j'aime pas avoir 36 mille sacs de courses à protéger dans les transports en commun. Autant y aller dès qu'il manque de petites choses. Si ma mère savait dans quelles conditions je vis ici, elle essaierait par tous les moyens de me faire rentrer en Italie. Elle ne comprend pas que je puisse parfaitement m'habituer voire commencer à bien aimer côtoyer la dure et vraie vie, une réalité pour plus des trois quarts de la population mondiale.
En vrai ma mère est un peu trop princess, j'ai pas du tout hérité de ce côté là de sa personnalité.
Ma mission de demain reste perdue dans un petit coin de mon inconscient jusqu'au moment où je vais me coucher. Ce qu'on me demande faire me rend nerveuse de base. Mais devoir côtoyer Zoe Saint-Saulves me stresse encore plus. Elle a un tel charisme que j'ai l'impression qu'il n'y a aucune place pour ma personnalité en sa présence. Je ne trouve le sommeil que vers 4heures cette nuit là.

Comme convenu la veille avec Marc, j'arrive sur place à 10h et me rends directement au dernier étage en ascenseur. Le dernier étage n'est qu'un long couloir, très long, doté de deux portes à l'opposé l'une de l'autre. Il y a bien trois minutes de marche entre elles. La plus proche de l'ascenseur est la porte du bureau de Zoé. Mon cœur bat fort parce que je suis stressée. Aucune idée de comment ça va se passer. Ça me rappelle pourquoi je ne voulais en aucun cas me retrouver mêlée aux affaires du boss, de sa fille et de Marc. Je suis très facilement intimidée par les fortes personnalités.
Je frappe et j'entre après avoir reçu un feu vert étouffé par le bois épais de la porte. Je trouve le big boss et sa fille en train de parler. Il se tournent alors vers moi. L'atmosphère me paraît froide. Monsieur Saint-Saulves me sourit brièvement et me présente à Zoé en tant que son assistante, comme prévu. Elle me détaille, je sais qu'elle se souvient de moi. Le petit "accrochage" avec la voiture d'Eloïse me revient en mémoire. De même que les regards qu'on avait échangé en salle de réunion plus tôt dans la semaine. Moi en tout cas je me souviens très bien d'elle, évidemment. Ça me rappelle pourquoi je ne voulais pas accepter cet accord de surveillance, sans la pression de Marc je ne serais pas là en train de stresser, très mal à l'aise.
Elle me regarde de haut en bas, et bizarrement il ne m'en faut pas plus pour devenir asthmatique. J'ose à peine promener mes yeux pour découvrir son bureau, mais dès que j'y suis entrée j'ai senti l'air rafraîchissant de la climatisation et l'excellente luminosité de l'espace moderne.
Le boss nous souhaite une bonne journée en sortant et adresse un regard lourd de sens à sa fille au passage.

EVILOù les histoires vivent. Découvrez maintenant