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J'assistais à la scène sans vraiment savoir que faire. J'essayais de rester le plus discret possible, essayant au passage de m'éclipser. Je ne pensais pas qu'ils auraiaent aimés apprendre qu'ils n'étaient pas seuls, intimes durant cette.. scène. En reculant, je me heurtais à une commode qui au passage fit tomber un pot de fleur sur le sol. Il se brisa en milles morceaux, et évidemment, à cause de cet accident, j'avais été repéré par Seonghwa, qui par ailleurs était enfin sorti de ses pensées. Il me regardait avec des yeux froid, il semblait totalement différent de la personne que j'avais aperçu quelques minutes plus tôt, et encore plus différent de lui enfant. Ses yeux et son sourire tendre, tout avait disparu. Comme si Yeosang, en partant, avait tout emporté.

Il me regardait, probablement attendant une réponse de ma présence ici. Je le regardais rapidement, timidement avant d'oser lui parler.

- Je- où sont les cabinets, s'il vous plaît?

Il me regardait de nouveau, ses yeux bruns me dévisageaient de haut en bas avant de me montrer du bout du doigt, le panneau indiquant les toilettes qui était à.. 3 mètres de moi, littéralement en face, si proche que même un non-voyant les aurait trouvé. 

- Merci.. disais-je, rouge de honte

D'un sourire moqueur, les mains dans les poches, il rejoignait la pièce principale du salon. Je me réfugiais à l'intérieur. Mon cœur battait si fort que je n'entendais même plus les rires et discussions des clients, je n'entendais plus rien, sauf ces battement incessants.

Après quelques minutes, je décidais de sortir de ma cachette et de rejoindre ma table pour ainsi récupérer mes affaires et partir. Mais le destin avait sûrement encore envie de m'humilier. Il était assis à ma table, feuilletant mes affaires. Park Seonghwa. Deux cafés avaient été apportés sur la table, il en buvait un d'une délicatesse exemplaire. Même une fille ne pourrait faire un geste plus doux. Du bout des lèvres, il soufflait dessus avant de les poser sur la tasse pour boire. Sans m'en rendre compte, j'étais devenue fasciné par tout ce qu'il faisait. Tout me semblait parfait. Non... cela devait juste être mon admiration enfantine qui revenait à la surface; comme un sentiment de Nostalgie.. ça devait être ça. Je ne m'attendais pas à le revoir et sa présence m'a rappelé mes souvenirs d'enfance. Rien de plus. Je m'avançais donc vers lui, dans l'espoir de quitter cet endroit au plus vite. J'allais pour récupérer ma sacoche quand il stoppa net ma main, tout juste comme il l'avait fait avec Yeosang.. je me répétais cet scène, encore et encore, inconsciemment.

- Kim.. Hongjoong? disait-il d'une voix incertaine, c'était la première fois que je l'entendais dire mon prénom.

- C-comment vous connaissez mon nom, sir?

Il me tendait tout simplement mon carnet. Mon carnet! La chose la plus précieuse et intime que j'avais.. il avait tout lu. Je le récupérais rapidement et l' enfouissait dans ma sacoche toujours le cœur battant à la  chamade. Avait-il un don pour m'embarrasser? Très probablement.

- J'ai besoin d'un nouveau pianiste, disait-il simplement, sans ajouter aucun contexte

Je ne répondais pas, j'allais pour partir.

- J'ai beaucoup aimé vos compositions, ou essais, peu importe comment vous les appelez. J'aimerai pouvoir les écouter et ainsi, si vous le voulez, vous engager.

Il parlait d'une froideur... plus froide que l'hiver qui avait envahit toute l'Amérique. Il touillait son café, le regard vide. Je me tournais dans la direction de la porte. Nous étions alors dos à dos.

- Je ne vous ai jamais autorisé à toucher mes affaires.. alors si vous le permettez, j'aimerai m'en aller, disais-je en essayant de paraître aussi froid que lui (même si j'avais probablement dû bégayer sur la plupart des mots)

Il continuait de boire son café de la même façon qu'il l'avait fait jusqu'à présent. Je décidais de simplement quitter le salon. Je n'étais là que pour une durée indéterminée, un vague moment d'égarement, un moment de nostalgie. Je marchais dans les petites rues, étroites, éclairées légèrement par la seule source de lumière: la lune. Je chantonnais en marchant, regardant la lune se refléter dans les gouttes d'eau. Il avait dû pleuvoir pendant mon court séjour à l'intérieur du salon. Sans savoir où j'allais, je me retrouvais devant la porte de l'appartement où je vivais jadis. Elle semblait avoir été rénovée mais aucune lumière, à l'intérieur, n'était allumée. Je restais devant quelques instants et repris ma marche. Je ne savais pas pourquoi j'étais revenu ici, j'en avais juste besoin au fond de moi, j'en avais vraiment besoin. Pour une raison que je ne m'expliquais même pas. J'étais juste de retour.

Je venais d'arriver devant la voûte en pierre, les grilles étaient rouillées mais elles s'ouvraient toujours. Je les poussais et un bruit grinçant se fit entendre. Je marchait doucement en regardant la lune, mes pas ralentirent, sa lumière m'absorbait et je basculait dans mes pensées. Je m'arrêtais, j'étais arrivé. Rien n'avait changé, les mauvaises herbes étaient mortes à cause du froid, le gèle était sans pitié à cette période de l'année. Le lierre avait pris racine, grandit. Je le dégageait afin de pouvoir de nouveau lire, gravé sur la pierre, le nom de ma mère: Kim Ji-ae. Un doux sourire se dessinait sur mon visage.

- Tu m'avais manqué.. maman.

Au moment même où j'eu prononcé ces mots, le vents se levait. Et comme par magie, je me sentais soulagé. J'avais l'impression qu'elle était là avec moi. Je m'étais souvent demandé ce qu'aurait été ma vie si elle avait gardé la sienne. J'aurai voulu apprendre d'elle, l'entendre m'encourager, l'encourager. La voir, la toucher, l'entendre rire, la voir sourire. Je n'avait que de vagues souvenirs d'elle, elle travaillait sans cesse afin que nous puissions manger, elle me souriait sans cesse. Elle aimait profondément et inconditionnellement, elle aimait la vie et elle l'avait perdu. Et à cause de ces visions d'elle, je m'étais toujours demandé, si moi aussi j'aurai cette chance un jour. De rencontrer quelqu'un, que j'aime inconditionnellement, qui me fasse aimer la vie si fort que la mort n'existerait plus. Peut-être que c'était pour ça que j'étais revenu au village. Pour me rappeler que l'amour pouvait être à chaque recoin, et tout juste comme au café, qu'il pouvait partir sans prévenir.

- Je vais accepter.., murmurai-je

Je repartais en courant en direction du café afin d'y retrouver Seonghwa, j'avais fait mon choix.

A moment like a songOù les histoires vivent. Découvrez maintenant