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On était rentré à l'intérieur, buvant des chocolats chauds accompagnés de biscuits que Seonghwa avait préparé la veille. Tout ce qu'il faisait me semblait parfait. La chaleur du salon, sa présence, tout m'aidait à me réchauffer après cette sortie matinale dans la neige. Il avait fait revenir le printemps dans mon cœur, le faisant éclore à l'intérieur. J'étais si heureux. On était si heureux.

Plusieurs semaines avaient passés depuis mon retour en ville, notre première nuit ensemble, notre premier baiser. On était d'autant plus heureux, mais depuis quelques jours, je sentais qu'il me cachait quelque chose. Ces dernières semaines m'avaient aidées à le connaître d'autant plus, je remarquais tout ce qu'il changeait dans son comportement, tout ce qui le dérangeait, tout ce qu'il aimait. On vivait ensemble, dans le secret, agissant froidement l'un en vers l'autre au travail, échangeant quelques sourires en cachette, voir plus dans la réserve. Mais... il avait toujours peur qu'on nous surprenne, il était toujours sur ces gardes comme si ce que nous faisions été mal. Nous n'accomplissions que notre destin, ce dont pourquoi on était né: être ensemble, s'aimer. Je me suis souvent demandé si notre vie n'aurait pas été plus simple si l'un d'entre nous était une femme, peut-être que nous pourrions enfin assumer notre relation aux yeux de tous. Plus le temps passait et plus les rêves de Yeosang devenait les miens. J'en rêvais.  Me balader main dans la main, échanger des regards complices en public, s'embrasser sans que cela ne serait vu comme un péché de mort. Je voulais vivre ma vie avec lui, peut-être même me marier et avoir des enfants. Mais, moi Kim Hongjoong, je suis un homme. Deux hommes ne peuvent pas se marier ensemble, car deux hommes ensembles ne peuvent qu'être possédés par des démons. L'Eglise nous enverrait au feu, et finir rôti comme un poulet n'était pas dans mes projets. Peut-être qu'on aurait pu avoir cette vie là, ensemble, si on s'était battu pour, si on avait fui, ensemble. Dans un pays lointain, vivant dans les montagnes loin de tout mais près de toi. 

Je me demandais si on la vivrait notre histoire d'amour, aux yeux de tous. Empêcher toutes ces pimbêches de te dévorer du regard en affirmant haut et fort que tu es mien. Peut-être que si Dieu le voulait vraiment, si nous étions vraiment destiné l'un à l'autre alors il laisserait la légende de la première neige se réaliser. Que notre confession dure des générations, qu'à chaque réincarnation, un peu plus nous nous aimerons. 

Après avoir passé la journée et la soirée à jouer du piano, accompagnés des danseuses... Je me rappelais brièvement nos pas maladroits, essayant d'imiter Putassia, la plus grande danseuse du pays, celle qui nous faisait l'honneur de danser chaque soirées pour nous. Je n'avais pas vu Seonghwa de la soirée mais je me souviens qu'il m'avait dit être fatigué. On était la pleine lune, mon rendez-vous mensuel avec ma mère. Je quittais le salon, la porte se refermait sans un bruit. Je la rejoignais, toujours par le même chemin, repassant par ces ruelles où j'avais grandi, poussant ces grilles grinçantes, nettoyant le lierres et redire son nom. Je restais là, avec elle, discutant de tout ce qui se passait, de combien elle me manquait à combien elle aurait adoré Seonghwa et son talent en cuisine. On avait jamais été très doué en cuisine. Je repensais à toutes ces tartes que nous avions brûlées. Ça en été presque devenue une tradition.

C'est en revenant que je comprenais, son absence, sa froideur récente. Pourquoi la porte n'avait fait aucuns bruits en la refermant, pourquoi la clochette était posé sur la table. Je pensais au pire, mais avais-je raison? J'espérais qu'au Grand Dieu, non. Je courais, manquait de trébuchés dans les ruelles mal éclairées. J'arrivais devant le salon, essoufflé, instinctivement je regardais notre chambre. Aucunes lumières à l'intérieur ne s'y trouvait, seul la lumière de la lune se reflétant dans les carreaux... plus je m'approchais et plus, j'y voyais clair, plus j'avançais et mes larmes montées. Je voyais cette scène horrible mais en moi, j'avais encore espoir, que l'ombre d'un arbre ou d'un porte manteau soit l'auteur de cette vision. Je restais paralysé, juste regardant cette fenêtre encore et encore. Trop effrayé par ce que je pourrai trouvé si j'entrais, trop effrayer de voir la vérité.

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 31, 2019 ⏰

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