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J'arrivais essoufflé devant, les lumières étaient toujours allumées mais plus personne ne semblait s'y trouver. Je poussais la porte d'entrée, le bruit de la clochette retentissait et sortant de l'ombre, Seonghwa apparaissait. Il était absorbé par son costume, qu'il semblait remettre en place, désespéramment sans vraiment y arriver.

- On est fermé..., disait-il, toujours concentré

Il n'avait même pas levé les yeux vers moi. Il avait juste prononcé ces mots qui bizarrement sonnaient moins froid que ceux que j'avais entendu précédemment. Je posais ma sacoche sur une table et m'avançait vers lui. D'une délicatesse que je n'aurai jamais soupçonné avoir, j'attrapais le bas de son veston, quelques fils dépassaient, ça le dérangeait tellement qu'il devait déjà se battre avec avant mon arrivée. Je me penchais pour atteindre la zone en question, et par manque d'outil, je dû me débrouiller avec ce que j'avais. J'approchais ma bouche de ces fils afin de les arracher, Seonghwa ne me repoussait pas. Mission accomplie. Je me relevais, les fils en main, tout sourire. Le visage de Seonghwa avait quelque chose de plus que d'habitude, légèrement rosé sur les joues, le regard perdu comme un enfant qu'on viendrait de surprendre en train de voler des bonbons, un regard de gêne. Il me regardait quelques secondes avant de détourner les yeux, timidement. C'était la première fois que je le voyais comme ça. C'était la première fois que je le voyais être intimidé, gêné par une situation, par quelqu'un. Comme un sentiment de satisfaction m'envahissait avant que je détournais, moi aussi, le regard. J'avais agis sous le coup de l'excitation.. je n'avais pas réalisé ce que je faisais, ni d'où je m'étais.. Enfin, passons.

Après quelques secondes dans ce silence pesant, où aucun de nous n'osais parler, ni se regarder d'ailleurs, je me souvenais de pourquoi j'étais revenu ici, dans ce salon. Pour jouer. Je m'approchais timidement, avec peur que Seonghwa me dégage pour être honnête. Je m'approchais du piano, le caressait avant de m'asseoir dans le siège juste en face. J'appuyais d'abord sur une touche puis deux, et me mettait à jouer la première mélodie qui me venait en tête. Une mélodie qui résumait tout ce que j'avais vécu dans cette journée, pleines d'émotions, de haut et de bas, de gêne et d'excitation. Je ne mettais pas senti aussi vivant depuis longtemps, et tout ça, c'était grâce à un lieu, à une personne. Park Seonghwa. En pianotant, je me rappelais de tout ces moments, je divaguais, l'imaginant, souriant, maintenant. Divaguais-je vraiment? ou était-il vraiment, là, m'observant, un sourire aux lèvres?

J'entendais le bruit de ses pas se dirigeant vers moi, il posait délicatement ses deux mains sur mes épaules avant de les enlever tout aussi délicatement et s'installait à côté de moi. Il posait ses mains sur la piano, et comme par mage, comme s'il lisait en moi, nous jouions la même mélodie, ensemble, à 4 mains. Je le regardais surpris, il était plus grand que moi, même assis. C'était la première fois que je voyais son visage de si près. Il était si parfait qu'on aurait pu se demander s'il était vraiment réel. Il commençait à chantonner en même temps que de jouer. Il fermait doucement les yeux, comme s'il était importé dans un autre monde. Un nouveau sourire se dessinait sur son visage. J'n découvrais de plus en plus sur lui. Sa pureté semblait sans égale, je continuais de jouer, tout en le regardant de temps en temps, il avait arrêté quant à lui. Il chantonnait juste, un sourire aux lèvres.

On avait passé la nuit à jouer, chantonner. Peut-être même que nous avions fini par boire et monter sur la scène pour imiter les filles des cabarets. Du moins, c'est ce que mon affreux mal de tête et aux cuisses me laissait entendre. Je m'étais réveillé dans une pièce que je ne connaissais pas, et avec presque aucuns souvenirs de ce qui s'était passé la veille. Je me tournais dans le lit, et découvrait Seonghwa dormant à points fermés.. NU?? Je soulevais la couette avant de m'apercevoir que, moi aussi, j'étais nu. Nos vêtements étaient étalés sur le sol, partout.  Quelques bouteilles de whisky vides se trouvaient au milieu de nos vêtements. Mon manque de souvenirs de la nuit passée me faisait imaginer le pire.. qu'est-ce que deux hommes nus dans un lit feraient..?

- Non, non, Kim Hongjoong, non!! exclamais-je en faisant attention de ne pas réveiller Seonghwa 

Je me recouchais sous la couette, le froid avait envahit la pièce. A travers la fenêtre, on pouvait apercevoir les flocons de neige tomber du ciel accompagnés d'un soleil réconfortant. Seonghwa, en marmonnant des mots que je ne comprenais pas, se retournait violemment sur moi, toujours dormant. Sa main se déposait sur mon torse et sa tête sur mon épaule. Une fois encore, j'avais la chance d'admirer son doux et beau visage de près mais le fait que nous étions tous les deux... nus, collés l'un à l'autre me déstabilisait plus que je ne l'aurait imaginé. Même si, bien entendu, je n'avais jamais imaginé me retrouver aussi peu vêtu auprès de lui.. ou de quiconque.

Seonghwa ouvrait les yeux, il me regardait un instant puis me souriait. Il me souriait vraiment. C'était sûrement grâce à la lumière et l'atmosphère de la première neige mais son sourire, il me semblait plus beau que d'habitude, plus vrai comme si après cette nuit passée ensemble - dont je n'avais vraisemblablement aucuns souvenirs - nous avez rapprochés, non seulement physiquement mais bien plus. Peut-être que je l'avais enfin rencontré, le Park Seonghwa que personne ne connait ou alors peu de gens. Peut-être que même ses parents n'avaient jamais eu la chance de découvrir cette facette de lui. Je me perdais dans mes pensées tout en le regardant. Peut-être que cette nuit m'avait fait rencontré bien plus, peut-être que je m'étais rencontré moi aussi. Peut-être que j'avais enfin décidé d'arrêter de me mentir, de m'avouer la vérité.

C'était au moment précis qu'il avait ouvert les yeux, et m'avait souris dans la froide et chaleureuse lumière d'hiver que j'avais réalisé que je l'aimais. Ça me paraissait plus qu'évident. J'étais amoureux de cet homme, depuis toutes ces années, depuis qu'on était enfants.. tout ce dont j'avais jamais rêvé, c'était qu'un jour, lui aussi, sache que j'existe. Qu'il vive pour moi comme j'avais vécu pour lui. Que la mort n'existe plus.

A moment like a songOù les histoires vivent. Découvrez maintenant