Chapitre 14

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Je m'affale dans le canapé, pendant qu'un douzième coup de sonnette retentit. Eden est là. Je cours sauter dans ses bras. Après une brève étreinte, il me lache, puis saisit mon bras. THE bras. Le bras sur lequel trône mon magnifique tatouage. Les yeux d'Eden convergent vers le jean de Lu, qui est remonté du côté droit, ce qui laisse entrevoir sa petite fée. Il écarquille les yeux, et Lucas s'approche pour constater par lui même ce qui le met dans cet état. Il reste bouche bée.

- Bon sang les filles, Qu'est-ce que vous avez fait?

Eden et Lucas nous regardent intensément, l'air ahurit. 

- Bon... soufflais-je, vous avez vu le nouveau gage du Seventeen Game? ils me répondent d'un hochement de tête approbatif. J'ai décidé de me faire ce tatouage par provocation pour Usta,  pour qu'il voit que je suis prête à tout pour ce jeu, que je pourrais faire n'importe quoi pour lui simplement parce qu'il m'a offert ce que je n'avais quasiment pas jusque là: une raison de vivre. Si Raphaël n'avait pas été là, je n'ose pas imaginer ce qu'il se serait passé. je m'emporte. Les larmes coulent une par une sur mes joues, s'égrainant comme les secondes du temps qui passe, qui s'étirent en filet salé quand il étire les minutes, Quand ma mère m'a avoué que papa n'était pas ben voyage d'affaires un peu plus long que prévu, mais que c'était bel et ben un salaud qui avait profité d'elle, l'abandonnant enceinte, avec sa fille, sans demander son reste, quand elle m'a ment en me disant qu'elle avait une poussière dans l'oeil, la première fois que je l'ai trouvée en larmes sur son lit, alors que nous étions couchés, quand elle m'emmenait à l'école, les yeux rougis d'avoir trop pleuré, quand mes amis me demandaient ce qu'elle avait, quand je baissais la tête, ne sachant quoi leur répondre, quand en classe, je barrais sauvagement mon arbre généalogique, au point d'en déchirer ma feuille, quand mon sourire sonnait faux quand on me demandais si j'allais bien, le matin, en arrivant en cours de maths, quand Raphaël pleurait, quand mon petit frère, mon sang, ma chair, gâchait ses larmes pour un tel connard, quand il m'avouait qu'il s'en voulait, pensant que c'était à cause de lui si papa nous avait laissés, quand maman m'a annoncé sa mort, en larmes, quand je l'ai vue pleurer une fois de plus pour ce salaud,  je me suis promis, juré, que plus jamais je ne pleurerais pour cet homme, celui qui a gâché ma vie, mais aussi celle de Raph, et celle de Maman.

Je suffoquais. J'ai, comme vous l'aurez remarqué, un penchant pour les beaux discours. Je venais encore une fois de briser ma parole, car des torrents de larmes salées inondaient mon visage pâle. Eden me prit dans ses bras. Je blottis ma tête contre son torse et me calmais doucement. Lucas et Lucie se joignirent au câlin à leur tour. Je m'écarte lentement d'Eden. Son contact chaud m'a fait du bien. Je grimace d'excuse en découvrant son T-shirt trempé de larmes, mais il hausse les épaules en souriant. Je souris puis me tourne vers les deux autres qui nous fixent intensément. 

- Alors, c'est quoi le plan?

Lucie sursaute au son de ma voix, claire et sans aucune trace de tristesse. Eh ben ouais, l'habitude. 

- Lucas, tu vas chercher un autre T-shirt avec Eden pour la tâche, Sana, tu vas choisir une pizza avec beaucoup de fromage au congélateur, j'allume la télé et je choisis le série, je prends ton compte Netflix. on se retrouve au salon, le dernier qui a fini prend un gage du premier. GO! 

Je cours a la cuisine. Je préchauffe le four puis cours au frigo. Je l'ouvre en grand et sort trois pizza. Margherita, Raclette et Magret. Mhhh... On fait les trois! Je les place sur les grilles. Mon poignet heurte l'une des plaques en métal. Je retire le vivement. Une plaque rouge se forme sur mon avant bras. La douleur me fait grimacer. Je passe mon poignet sous l'eau. Ca brule encore plus. Une voix me fait sursauter. 

Seventeen GameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant