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La maison était devenue un concert de métal rock ambulant, ces cris résonnaient parfaitement dans chaque pièce m'empêchant de me concentrer pour travailler. La sorcière était née.

Celestia Maria DESACRAMIENTO.
Cette petite fille me ressemblait affreusement. Elle ne faisait que me rappeler le propre dégoût que j'avais envers ma personne.
Depuis sa naissance, je ne l'avais jamais vraiment prise dans mes bras, pour ne pas dire jamais, et elle avait déjà trois mois.
L'amour que mère lui témoignait m'était insupportable. Pour moi elle n'avait pas sa place dans cette famille. Mais seulement,  je n'arrivais pas à haïr cette petite fille! Et pourtant je vous le jure j'ai essayé !
Elle avait dans le regard quelque chose qui vous prend et vous laisse sans défense. J'avais peur d'elle, peur qu'elle me vole ma mère, et je ne voulais surtout pas qu'elle connaisse la joie qui m'était destinée.

Ma mère ne se plaignait pas de moi. Je lavais ses vêtements préparais les biberons. Alors que je sois à l'aise ou pas, je suppose qu'elle n'en avait rien à faire vu que ma remplaçante était là.

Mes pensées dérivaient très souvent au noir. Je me perdais  dans mes sots d'humeurs inexpliqués. Je ne voulais plus laisser à cette petite une chance dans mon coeur, elle prenait toute la place dans le coeur de ma douce colombe. Je ne le supportais pas. Mais je composais avec.
J'avais pris de nouvelles résolutions que je devais plus ou moins respecter.

J'étais en troisième et je laissais mon examen me prendre  la tête pour ne plus penser à elle, à rien. Et puis, avec les deux amis que j'avais  - ça fait toujours bizarre de le dire - mes journées étaient bien remplies.
J'avais accepté un peu plus l'idée que mon père avait réellement changé et qu'il veule réparer ses erreurs.

Je prenais doucement goût à la vie.

Le monstre était mort. J'avais moins de mal à me socialiser. Vicky en était très heureuse mais étrangement triste. Elle disait que Thomas avait apporté avec lui un renouveau, et que plus jamais je ne serais comme avant, que plus jamais nous ne serions comme avant. J'avais beau lui demander pourquoi elle parlait comme ça, elle ne me disait jamais rien. Et Dieu seul sait que je déteste supplier les gens pour rien. Mais peut être que j'aurais dû.
Ma relation avec Vicky, la relation la plus sérieuse que j'ai entretenu se détériorait. Et je ne faisais rien contre, j'étais passive et j'observais les choses changer.

Je me souviens du jour qui marqua un changement radical entre elle et moi.
C'était en fin d'après midi, la couleur douce dorée qui illuminait le sentier du retour apportait une accalmie sereine. J'étais en compagnie de Vicky et Thomas. Le silence qui régnait était très reposant, pour moi seule. Car en vérité la lave qui bouillait dans le coeur de Vicky était effrayante et personne ne l'avait remarqué, personne sauf Thomas. Et dans sa tentative de refroidir la température il créa une éruption.

_ eh Vicky regarde, c'est ici que Esméralda m'avait battu presqu'à mort.

_ pardon? Quand ? Pourquoi vous vous êtes battus?

_ Vicky laisse tomber ! C'est une longue histoire !
Ma voix était montée dans les aiguës, je ne voulais pas qu'il en parle j'étais bien trop gênée.

_ oh mais j'ai tout mon temps pour l'écouter.
Elle ne laissait paraître aucun sentiments.

_ Tu te souviens de quand Esméralda est passée en mode black l'année dernière ?

- bien sur! Comment l'oublier.

_ eh bien un soir elle m'a croisé là et je lui est dis que je ne la reconnaissais pas et qu'elle pouvait me parler.

_ et elle t'a tabassé ?
Ma tendre Vicky partie dans un fou rire incroyable. Ça faisais longtemps qu'elle n'avait pas été dans un état hilare si contagieux.
Je m'en fichais que la situation ne soit pas très glorieuse pour moi tant qu'elle riait, ça me suffisait.

Au bord du gouffre.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant