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Cela faisait une semaine que la phrase de ma mère me torturait,
<< Mimi tu vas être grande soeur>>. J'avais beau essayer de relativiser mais je n'y arrivais pas. Comment pouvait elle après tant d'années décider de me remplacer, comme si j'étais une erreur de parcours ?
Elle n'avait pas le droit d'avoir un autre enfant que moi! D'ailleurs qu'elle vie pourrait elle bien lui donner ! Elle ne saurait le protéger si jamais son cher mari décidait de piquer une nouvelle crise. Et puis elle ne pouvait pas me faire ça , non pas à moi, pas après tout ce que j'ai enduré pour elle. Non elle n'avait pas le droit.
Elle n'a pas le droit elle n'a pas le droit elle n'a pas le droit elle n'a pas le droit. Je me répétais cette phrase, d'heure en heure , de jour en jour , de mois en mois.

Je devenais toxique, et bien plus brillante qu'auparavant. Pendant que ma vie psychologie partait en vrille, ma vie intellectuelle rayonnait. Le monstre était de retour  et grandissait plus son ventre grossissait.

J'étais devenue toxique même pour Vicky. Mais elle ne voulait pas s'éloigner de moi, elle supportait mes mots blessants , injurieux souvent, sans jamais se plaindre. J'avais besoin de faire du mal, et elle était la parfaite victime. Sauf qu'elle devenait triste d'heure en heure, de jour en jour, de mois en mois, et moi, je me détruisais.

Fatigué de mourir avec moi, mon âme allait plier bagage. Mais comme si Vicky l'avait pressenti, elle décida de m'affronter directement pour la première de notre amitié.
Un jour, à la fin des cours, sur la route du chemin de retour, elle pris la parole avec une telle rage dans la voix que je doutais de son identité.

_ pour qui tu te prends Esméralda de me mettre plus bas que terre !!

_ quoi? J'étais étonnée cette phrase venait de nul par et je ne m'y attendais pas.

_ tu m'as bien comprise !! Je suis fatiguée de devoir supporter ta sale humeur, ça suffit ! Tu ne me dis rien mais tu passes ton temps à te défouler sur moi! Je ne suis pas pas un jouet Desacramiento, j'ai un coeur , tout comme toi. Pourquoi tu ne m'aimes pas?
Sur ces derniers mots, des larmes menaçaient de couler, et moi j'avais perdu tout mes moyens.

_ mais que dis tu la? Je t'aime tu es ma seule amie tu le sais bien! Je suis vraiment désolée si je t'ai fait du mal, pardonne moi.

_ non c'est trop facile Desacramiento ! Tu fais toujours ce que tu veux ! Si t'as un problème parle moi, je te le répète depuis qu'on est amie!! Mais toi tu ne me dis jamais rien, et moi je ne te cache jamais rien! Je sais que tu souffres, ton regard remplit de tristesse me dit tout. Je préfère être amie avec une cinquième de la classe sympa, qu'un première détestable.

_ alors je pense qu'on devrait ne plus être amie, parce que je préfère être une première détestable qu'une cinquième sympa.
Je ne lui laissai même pas le temps de répondre que j'étais déjà partie dans une marche solitaire.

J'avais choisi la solitude, c'est la meilleure chose qui n'ait jamais existé. Seule, je ne blessais personne et personne ne me blessait. Je m'interdisais
de repenser à ma discussion avec Vicky, je ne voulais pas voir mon tort, non, jamais.

Ma mère était enceinte de cinq mois, son ventre me donnait la nausée, et mon père - j'ai toujours les hauts le coeur à chaque fois que je l'appelle comme ça - décorait la maison de sa présence et de son argent.
Ma relation avec ma mère était presque morte, elle ne m'appelait plus sa fille chérie et me parlait à peine. Je reffusais de croire que c'est parce-que j'étais devenue toxique. Elle l'a été toute la durée de ma vie jusqu'à pas longtemps , et je n'ai jamais cessé de l'aimer.

Puis après ce genre de réflexion, je me maudissais de penser ainsi, et je revoyais ma mère prendre tellement pour me protéger, moi, sa fille pas si chérie que ça.

Au bord du gouffre.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant