R E D

☀️ Chapitre cinq

« Hey Scarlett ! Ravie de voir que tu m'honores de ta présence pour le cours de madame Pierre. Je commençais à douter, j'ai même failli engager les paris avec Jay-Jay. Manque de bol pour lui, t'es arrivée avant qu'il ne puisse gagner dix balles.
- Salut Val, contente de voir que ma compagnie te réjouie autant. »

Adossée au mur blanc, non loin des casiers, Valentina lança à son amie son sourire au coin habituel.
Aujourd'hui, elle était tout en sobriété, avec un simple sweat noir, et un jean de la même teinte. Seul son faux piercing au nez dénotait un minimum de l'ordinaire.
Alors que Scarlett détaillait son amie, elle se fit soudain la réflexion qu'il manquait quelque chose.
Ou quelqu'un.

« Val, il est où Jay ?
- Malade.
- Évidemment...  »

Les deux amies se mirent à sourire, complice. Jayden avait la fâcheuse tendance à tomber malade les jours d'oraux, ou encore ceux où il devait supporter madame Pierre.
Si Scarlett la détestait pour sa façon peu pédagogique d'enseigner, Jayden, quant à lui, la maudissait pour tout. De sa tenue outrageuse, en passant par son comportement de cougar, tout en terminant sur les notes étrangement basses qu'elle distribuait.
Bref, le jeune homme ne pouvait plus voir en portrait cette femme, et il s'arrangeait dorénavant pour être absent lors de la majorité de ses cours.

La sonnerie retentit, condamnant les deux jeunes femmes à se rendre en cours.
Assise non loin des fenêtres au second rang, Scarlett, à mille lieues d'écouter le cours, repensait à la discussion lunaire dont elle avait fait les frais ce matin, avant de partir pour la fac.

Elle s'était réveillée dans les bras de Nix, comme elle en avait eu l'habitude durant de longues années auparavant, et étrangement, elle s'était sentie reposée, d'autant plus lorsqu'elle avait constaté l'air endormi du jeune homme. Ainsi exposé, il semblait fragile et vulnérable, soit l'exact opposé de ce qu'il était éveillé.

N'ayant pas le cœur à le réveiller, la jeune femme s'était levée, avait pris sa douche aussi silencieusement que possible, et avait ensuite déjeuné.
Alors qu'elle était en train de boire son café, elle avait été rejointe par Nix, à moitié dans les vapes, habillé mais les cheveux en bataille et les yeux cernés.

Il avait pris à son tour un café, et, après avoir bu une gorgée, avait marmoné d'un ton bourru :

« Tu sais, je voulais te remercier de m'avoir hébergé pour la nuit. C'est... sympa.
- Tu sais bien que je vais pas te laisser dans le pétrin, parce que je me doute que tu y es actuellement, dans le pétrin.  »

D'abord silencieux, le jeune homme avait alors répondu :

« C'est vrai, c'est le bordel en ce moment. Mais tu n'étais pas obligée d'accepter. Je crois, que je ne suis pas assez reconnaissant envers toi.
- Bah, c'est pas important. Tu ferais la même chose pour moi.
- Pas sûr.  »

Sur ces mots, le Chasseur avait fini sa tasse de café, enfilé son manteau, et enlacé un instant l'étudiante, avant de poser sur sa joue, un baiser d'au revoir.

« À plus tard, mon chat. Fais gaffe avec les patrouilles de police. On se voit ce soir.
- À ce soir, Luka. »

A l'entente de son vrai prénom, le jeune homme avait souri, et disparu.
Scarlett ne l'avait jamais vu aussi retenu, voir respectueux, et c'était ce qui l'inquiétait. Son ami avait des ennuis, sûrement en lien avec son rôle de Mamba Noir au sein du Groupe.
Si c'était effectivement le cas, elle savait qu'elle ne pourrait rien faire, puisqu'elle était un des nombreux sous-fifres dont s'occupaient les Capitaines d'escouades.

«... Mademoiselle Davis ? »

La voix pleine d'aigreur de sa professeure la fit quitter ses pensées, et par la même occasion la vision que lui offrait la fenêtre, au profit du visage mécontent de madame Pierre.
Gênée et perdue, Scarlett demanda d'un air poli :