L'auberge

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Puis elle se retira, dégoulinante. L'homme qui la tenait, la cinquantaine, essuya la neige et aida à se relever Cythause. Ensuite, il se retourna, mis à terre un cavalier et lui hurla : "C'est moi qui donne les ordres ici ! Notre oeuvre est de sauver le peuple par de l'exécuter !". Un bon coup de pieds aux fesses qui fit échapper un rire gras à la barbe du troisième, pour regarder Cythause encore une fois :

"Jeune homme, quel est ton nom ?

-Cythause, monsieur. Je n'ai pas d'argent et je sais que je peut paraître louche comme ça, à traîner dans les bois, tard alors qu'un blizzard se lève, mais je cherchais un refuge, et, et , et je connais le mal le plus sévère du pays et en travaillant peut être que je pourrais le régler, mais s'il vous plaît me faites pas de mal ! ..."

Il arrêta, et se rendit compte que sous la panique ridicule dont il venait de faire preuve, il en avait déjà dit bien trop. Heureusement, le bandit ne l'écoutait plus, il le regardait seulement et se disait à lui-même :

"Ça ne peut pas être... mais si c'était le cas ?

-Si c'était le cas monsieur ?

-Non, rien, jeune homme tu viens avec nous. Sache que la rébellion t'a sauvé."

Derrière on entendit un hennissement, celui qui était à terre s'était relevé avait donné un coup à la monture du barbu, la faisant se cabrer laissant tomber son monteur à terre. Il l'avait ensuite enfourchée rapidement pour partir vers la ville. Celui qui semblait être le chef parti à sa poursuite suivit de près par le troisième qui jurait. 

Le blizzard s'épaississait. Cythause se retrouvait seul. [S'il avait su que c'était son père qui venait de partir...] Ayant couru jusqu'au bord de la vallée une fois encore, il voulait retourner chez la druidesse, mais pivotant sur lui même pour chercher des points de repère à travers la tempête, il se prit les pieds dans une racine et roula jusqu'en bas de la vallée. N'ayant désormais aucune chance de retrouver son chemin. Il décida de retourner dans la ville.

Heureux dans tout ses malheurs, Cythause grimpa rapidement jusqu'à une porte secrète encastrée dans le mur qu'il avait emprunté avec son maître pour sortir. Il poussa la porte sans poignée mais il fallait une clef pour entrer. Il ne pouvait rester dehors c'était mourir de froid assurément, il prit alors du recul pour enfoncer la porte avec son pied. Mais juste avant de porter le coup, elle s'ouvrit. Quelle ne fut pas la stupéfaction d'Ortart de voir son apprenti devant lui.

Après quelques explications, ils passèrent le couloir menant à la deuxième porte qui se situe à l'autre bout de la muraille et qui mène à une auberge adossée aux remparts. Quand ils étaient sortis, c'était le matin, l'auberge était vide, à ce présent c'est le soir elle est pleine, et la plupart dormiront ici car même en ville il est suicidaire d'affronter le blizzard.

La patronne du bar accourra vers Ortart : "Tu es fou de l'amener ici, vous ne pouvez pas rester là ! Je veux pas d'embrouilles ! je peux pas m'enfuir moi !" Il lui expliqua la situation, et alors sans prévenir elle lança de la cendre de résine de pin, qui se forme instantanément après l'allumage, au visage de Cythause. Il laissa échapper un cri et le regard d'Ortart était horrifié. "Chut, dit-t-elle tout bas, comme ça tu passeras inaperçu !" 

Elle retourna au comptoir pour crier : "Chaud devant ! La grande tarte fraîchement cuite à la résine va être servie !" Les yeux des clients s'allumèrent de mille feux. Dans un vacarme de banc qui sont traînés sur le parquet, ils s'agglutinèrent autour d'une grande table ronde, et un énorme plat de la taille de la table descendait du plafond. C'était un spectacle commun dans cette région, mais un quelconque étranger aurait été vraiment étonné. Imaginez une tarte géante, de plusieurs mètres de diamètre, posé sur une plaque en métal, descendant du plafond, tracté par des chaînes dans un bruit que ferait un pont levis !

Assise de sorte que ses jambes sortent du trou du plafond une jeune femme, la fille de la patronne en l'occurrence, que tout le monde regarde attentivement, se lave précautionneusement les pieds et une fois que chacun des clients se sent satisfait, démontrant leur satisfaction en applaudissant (ça ne dure jamais trop longtemps, il ne faudrait pas que la tarte se refroidisse), elle saute les pieds dans le plat couteau à la main. 

Bien qu'ici le service est perfectionniste d'autres auberges ne paient pas à leur serveuse les services du meilleur médecin de la ville... Par conséquent cette pratique n'est pas toujours très hygiénique, et tout le monde en a conscience, mais toujours est il que le centre du plat est absolument inatteignable, et qu'il faut bien quelqu'un pour distribuer équitablement les parts...

Bref, Cythause et Ortart, profitant de l'agitation, se dirigeaient vers la porte et au moment d'enclencher la poignée, un homme crade à qu'il manquait quelque dents saisi le bras du jeune homme. "Dites donc, j'vous ai pas déjà vu quelque part vous ?". Il augmenta la pression et plaqua contre la porte Cythause, il faisait des va et viens avec ses yeux entre le visage du malmené et une affiche collé sur le mur juste à côté. "15 pièces d'argent ? Quelqu'un d'influents vous recherche monsieur" Il ria et son haleine manqua de faire tourner la tête à son interlocuteur. Soudainement, la patronne arriva présentant une pièce d'or, "Venez donc profiter de la tarte aux poireaux, vous voulez bien mon bon monsieur ?

-Arh, eh bah, y'a des choses qui s'refusent pas ma bonne dame !" Encore un fois il ria.

Le maître et l'élève sortirent, ils coururent  jusqu'à l'apothicairerie, encouragé par les rares derniers gardes qui forçaient les gens à rentrer chez eux avant le climax du blizzard.

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 20, 2019 ⏰

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