Lorsque j'ai commencé ma scolarité, j'étais plus jeune que la grande majorité des enfants. J'ai passé des années en étant plus jeune que ceux qui m'entouraient, et quand j'ai été repéré par Big Hit Entertainment, il a aussi fallu que je sois le Maknae ! À cause de tout ça, un sentiment plus que désagréable, dérangeant, m'accompagne depuis plus de dix ans. Cette sensation d'être mis à l'écart à cause de mon âge, parce que je suis trop jeune pour comprendre telle ou telle chose, parce que j'ai un temps de retard sur tout, les intérêts, les envies, les goûts ; mais surtout parce que je n'ai pas la même maturité que ceux que je pourrai appeler « ami », parce que je ne me sens pas à la hauteur face à eux, qui ont tous au moins un ou deux ans de plus que moi. Parce qu'à l'adolescence on change trop vite, on évolue bien trop rapidement, et que je me sens paumé, je n'arrive pas à suivre le rythme qui m'est imposé. Parce que quand mes camarades de classe sont contents même si un peu gênés de tomber sur une scène « mature » dans un film, je ne peux pas m'empêcher de me cacher les yeux au premier baiser que les personnages échangent. Parce que mes « amis » veulent regarder des films d'horreur avant l'âge minimum et que je préfère me réfugier derrière mes bandes dessinées. Pour toutes ces raisons, je suis fatigué d'être le plus jeune, le petit bébé du groupe, quand groupe il y a.
Et depuis quelques mois effectivement, je fais partie d'un groupe. Un groupe de K-Pop. Le rêve. Bon j'ai bien compris que les chances pour qu'on soit un tout petit peu connus et surtout reconnus sont très minces, voire inexistantes si nous sommes réalistes, mais je préfère être rêveur, et puis de toute façon à quinze ans je n'ai pas encore envie de me confronter à « la réalité », au « monde réel » comme me rabâchent tous les adultes. J'ai envie de rêver, de voler au-dessus des mers, entouré d'oies migratrices, de traverser les déserts en chevauchant mon tapis volant, d'admirer les glaciers, perché sur mon mammouth. J'ai envie de rire et de sourire, de pleurer de rire ou de pleurer tout court, ravagé par un trop-plein d'émotions. Je n'ai certainement pas envie de grandir et de crouler sous des responsabilités éreintantes, sous un travail déprimant, sous des attentes astronomiques. Je ne veux pas vivre comme le monde autour de moi voudrait que je vive. Je veux me réveiller tous les matins avec des étoiles dans les yeux et m'endormir chaque soir épuisé mais fier, plein d'espoir. C'est ce que je vis depuis ces derniers mois dans ce groupe, avec mes six Hyungs que je commence à apprécier.
Mais ce début d'affection est timide, je ne veux pas trop m'affirmer à cause de ce sentiment qui me ronge depuis si longtemps. Je me dis que m'attacher ne servira à rien si c'est pour souffrir d'être mis à part à cause de la différence d'âge, et surtout si le groupe ne fonctionne pas et ne rapporte rien à l'agence (parce que c'est de ça dont il est question même si la passion n'est bien sûr pas évincée) elle fera faillite et le groupe devra se séparer, se dissoudre avant même d'avoir réellement commencé, alors je n'ai pas l'intention de trop m'investir dans les liens que je pourrais tisser avec mes nouveaux Hyungs. Ce qui s'avère plutôt difficile au vu des conditions dans lesquelles nous nous connaissons.
En effet, pour commencer les conditions de vie en tant que trainees sont particulièrement difficiles alors nous avons besoin d'un minimum de soutien entre nous. En plus nous vivons tous ensemble vingt-quatre heures sur vingt-quatre, et plus que cela nous dormons dans la même chambre ! Tous les sept ! J'ai vu mon espoir d'avoir un minimum d'intimité s'envoler en découvrant le dortoir, mais heureusement je commence à m'y faire un peu, avec le temps. De toute façon je trouve toujours le moyen de passer un peu de temps complètement seul, la plupart du temps en allant écouter de la musique au bord du fleuve Han. Et puis il faut quand même avouer qu'ils sont attachants, les autres garçons. Chacun a son caractère, son habitude un peu dérangeante, mais nous arrivons à peu près à bien nous entendre, si on oublie les disputes sur le temps de monopole de la minuscule salle de bain et les divergences d'opinions et d'envie à propos des repas. De mon côté je suis bien souvent dans mon coin, ne prenant pas part aux disputes ou rarement, un peu parce que je n'ai rien à dire mais surtout à cause de mon caractère réservé.
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OS BTS
FanfictionDes OS, BTS, de la romance mais pas que, et de la diversité pour les pairings. Bonne lecture !