Les mots qui espèrent

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"Oh merde. Je suis à accro à lui. Mais vraiment. Passer trois jours sans le voir me fait douter de tout. Pour compenser je lui envoie des messages mais... ils n'ont aucun sens. Je le fais juste pour avoir une réponse. Et il me répond. Je ne sais pas pourquoi il le fait. Parce que même si c'est justement pour cette raison que je lui envoie tous ces messages insensés, je ne sais pas moi-même quelle réponse il pourrait donner avant de la recevoir. Je ne devrais pas me plaindre, au moins il me répond. Il pourrait m'ignorer. Ça serait même fidèle à ce qu'il nous laisse voir de son caractère. Au lieu de ça, il me répond, inlassablement, sans manquer un seul message.

Je me sens pathétique, j'ai l'impression de chercher sa pitié en lui montrant mes faiblesses. Comme si, sans ça, il m'ignorerait totalement. Un brin d'espoir me fait penser que ce n'est pas le cas, mais j'ai beaucoup trop peur de la réalité pour arrêter mon "manège". D'un autre côté, je culpabilise d'accaparer son temps quand il n'est pas là. Je ne peux pas m'empêcher de penser que par exemple si il a pris des vacances, c'est pour se reposer, pas pour recevoir des messages sans queue ni tête.

Malgré tout, je continue. Parce que ses mots me rassurent. Parce que grâce à lui je me sens important, et peut-être un peu aimé.

J'aimerais lui dire tout ce que je ressens face à cette situation, vraiment. Ça me compresse le cœur de ne pas parler, de tout garder pour moi. Mais j'ai tellement peur qu'il me voit comme je me vois, pathétique et égoïste, que je préfère que ces ressentis me bouffent plutôt que de lui avouer à quel point je suis accro à lui et les sentiments qui en résultent.

Et je me sens encore plus pathétique de ne pas lui partager mes pensées alors que je me sers de lui pour me rassurer.

Je suis sûr d'une chose, c'est que je n'aurais jamais le courage de lui dire tout ça moi-même et à l'oral. J'ai déjà du mal à ravaler mes larmes en public..."

Je relève enfin la tête de ma feuille, après avoir relu une bonne dizaine de fois. En regardant l'heure, je me rends compte qu'il serait peut-être temps que je mange. Je vais alors dans la cuisine pour dîner seul - nous ne mangeons pas toujours tous ensemble, mes pensées occupées par YoonGi.

Avoir pris conscience de tout ça et l'avoir écrit m'a foutu un gros coup au moral, même si je me sens légèrement mieux depuis que c'est en partie sortit. Je suis déjà moins obsédé par ce que je ressens. Mais il y a une chose que je n'ai pas écrite et qui pourtant m'obsède encore plus que tout le reste : je crois que je l'aime. Je n'en suis pas sûr et ça me fait un peu peur, mais j'ai comme la conviction que je suis tombé amoureux de lui. Je suis amoureux de YoonGi. Génial.

En soi le sentiment d'aimer ne me dérange pas, j'aime aimer dans le sens où il n'y a rien de plus agréable à mes yeux que de voir la personne que l'on aime, que cet amour soit réciproque ou non. Un amour à sens unique ne m'empêche pas de me sentir extrêmement bien seulement avec un sourire ou un geste de cette personne qui m'est adressé.

Mais là je pense un peu vite. Je n'ai absolument aucune idée de la nature précise des sentiments que YoonGi a pour moi. De l'amour ? De l'amitié ? De la pitié ? Je n'oublie pas mon comportement ridicule quand je ne peux pas le voir, les messages que je lui fais subir. Pour l'instant je vais juste profiter du fait de l'aimer, je penserais au reste plus tard. Même si je n'aime pas repousser mes réflexions, je n'ai vraiment pas envie de me prendre la tête ce soir.

Je finis donc mon assiette et repasse dans ma chambre pour prendre ce dont j'ai besoin pour une bonne douche. Après ça je vais enfin pouvoir dormir !

***

J'ai besoin de m'isoler. Je vais craquer. J'ai vraiment besoin de m'isoler. Je ne veux pas pleurer devant le groupe.

OS BTSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant