Jungkook courait à en perdre haleine. Tout était flou, autour de lui. Il ne savait pas où il allait, il ne savait pas ce qu'il faisait. Il fuyait, sans savoir ce qui le chassait. Le monde était gris et son cœur lui faisait mal. Il avait froid, il était tout seul. Il n'arrivait pas à s'arrêter de courir.
Ses vêtements imbibés et lourds étaient désagréables sur sa peau. La douleur, omniprésente, insoutenable. Elle irradiait tout son corps comme un poison, se propageait dans son système comme de la fumée. Elle l'asphyxiait.
La pluie se heurtait à son épiderme rougi, frigorifié. Elle rampait avec agonie le long de ses joues, camouflant ses larmes et les accompagnant jusqu'à ses cheveux trempés.
Il s'arrêta de courir, à bout de souffle. Il n'arrivait plus à respirer. Il suffoqua, les jambes faibles. Misérable et pathétique, il se laissa tomber sur le sol. La main serrée contre son cœur, il avait l'impression d'être en train de mourir.
Il se recroquevilla sur lui-même, le grondement incessant de la pluie et de l'orage dans ses oreilles, couvrant tous ses sanglots. Il avait mal. Juste mal.
Quand il poussa la porte d'entrée de son appartement, tout était vide et calme. Comme si rien n'était jamais arrivé. Le visage fermé, souillé par la pluie et les larmes, il se débarrassa de ses vêtements dégoulinants un à un, lentement. Il décolla chaque morceau de tissu de sa peau écarlate, glacée.
Il se traîna jusqu'à la douche, sous l'eau tiède. Immobile, il aurait voulu que le liquide emporte dans le siphon tout ce qui le faisait souffrir.
Il avait presque oublié cette sensation. La sensation de perdre quelqu'un. Ce sentiment qui l'accablait d'impuissance, lorsque la personne qu'il aimait le plus au monde lui était arrachée. Il ne reverrait jamais Taehyung. Pas plus qu'il ne reverrait un jour sa mère.
Il s'agrippa aux carreaux de sa douche, sa gorge se serrant douloureusement pour retenir un sanglot. Sans qu'il puisse y faire quoi que ce soit, son chagrin éclata de nouveau.
Le lendemain, Jungkook revenait au point de départ. A peine réveillé, debout devant sa fenêtre, à regarder dehors. Comme il l'avait toujours fait auparavant. A partir du moment où il avait commencé à vivre avec Taehyung, toute sa vie s'était bouleversée. Un nombre incalculable de fois il avait souhaité retrouver son quotidien ennuyant, ses journées à se morfondre sur son sort et à haïr tout ce qui bougeait et respirait, y compris lui-même.
Désormais, Taehyung lui manquait comme le soleil sur sa peau.
Peut-être que c'était sa punition.
Il passa des jours dans le noir, à sursauter à chaque fois qu'un infecté en deuxième phase hurlait dans sa rue. Il ne s'était jamais senti si faible, si seul. Il n'avait envie de voir personne. Il ne sortait pas, non plus, parce qu'il savait qu'il n'aurait pas la force de se défendre si on l'attaquait, qu'il n'aurait pas la volonté de s'enfuir.
Recroquevillé entre ses draps froids, dissimulé derrière ses volets fermés, Jungkook ne laissa aucun rayon de lumière pénétrer sa chambre. Dans le noir total, il gardait les yeux ouverts, et son corps tremblait imperceptiblement.
Il ne fit que ça, pendant des jours. Il ne se levait pas, il ne mangeait plus. Il ne se lavait plus, non plus. Il n'avait plus ni la force, ni l'envie de faire quoi que ce soit. De même qu'il n'avait plus envie de penser, parce qu'à chaque fois que son cerveau s'activait, c'était pour le ramener à Taehyung. Il se rappelait de tout ce qu'il lui avait dit, du nombre de fois où il avait été odieux avec lui. De tous ces moments où il aurait pu lui donner bien plus, de tous ces instants où il s'était retenu de le toucher. De tous ces baisers qu'il lui avait volés, qu'ils avaient échangés, de toutes ces fois où il l'avait senti contre lui. La sensation de sa peau, celle de ses mains sur la sienne, l'odeur de ses cheveux et la brillance de ses yeux.
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slowly dying suns
FanfictionDans un monde ravagé par une maladie qui détruit tout sur son passage, Jungkook n'a plus aucun espoir en le monde et a perdu toute foi en l'humanité. Dans le quartier riche, on se remplit la panse avec de la nourriture hors de prix, on s'habille de...