Les larmes de la mariée

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Mathilde regardait avec envie la jolie-future-mariée dans sa magnifique robe. Qu'elle était belle !

- Ne bougez pas s'il vous plaît. Il faut que l'ourlet soit bien droit. Ce serait dommage de gâcher un si beau jour à cause d'un ourlet mal fait, non ? Mathilde ! Veuillez m'amener le nécessaire, je vous prie ?

- Oui, Elise, tout de suite.

19h30.La journée était terminée.

- Mathilde ? Je vous laisse fermer le magasin. Il faut absolument que j'y aille si je ne veux pas être en retard.

- Oui, ne vous en faites pas Elise, je termine de ranger ces robes et verrouillerai tout derrière moi.

- Vous êtes un amour ! Bon week-end et à mardi.

- A mardi.

Allez, ce n'est pas le moment de traîner, sinon, elle sera en retard à la séance ciné et Benjamin ne manquera pas de la taquiner toute la première demi-heure. Et aujourd'hui, spécialement aujourd'hui,elle n'avait pas envie d'entendre la moindre réflexion. Elle ne se sentait pas capable d'accuser quelque brimade que ce soit. Même pour plaisanter. Pourtant Mathilde a beaucoup d'humour. C'est comme ça que Benjamin l'a séduite : il racontait des blagues, mêmes pas drôles mais, elle, ça la faisait rire. Pourtant aujourd'hui, elle n'avait pas envie de rire. Non, elle sentait que son cœur n'en avait pas envie, même un peu, même si c'étaitBenjamin.

C'est étrange, mais depuis qu'elle avait vu la jolie-future-mariée un peu plus tôt dans l'après-midi, elle ressentait un sentiment bizarre. Comme une espèce de malaise, un malaise indéfinissable.

C'était la première fois qu'elle éprouvait ce drôle de sentiment.

Dans la vie de Mathilde tout allait bien, parfaitement bien même.

Son travail. Elle avait trouvé cet emploi de vendeuse dans un magasin de mariage réputé. Cela faisait trois ans qu'elle y travaillait.Elle n'avait pas le moindre mal à dire sur sa patronne, Madame Chenal. Elise. Cette femme l'avait prise sous son aile comme sa propre fille et lui avait tout appris sur la mode et le mariage. Elle l'emmenait avec elle dans les salons, lui donner de temps à autres des invitations pour assister à des défilés.

Lors du dernier salon du mariage, elle avait eu la responsabilité dustand toute une semaine. Elle avait ainsi appris à développer sa facette commerciale. D'ailleurs, elle avait réussi à faire quelques ventes sur le salon. Elle en était très fière.

Elise lui faisait confiance. Si elle souhaitait engager une apprentie, elle consultait toujours Mathilde et prenait sa décision en tenant compte de son avis. Une fois l'apprentie engagée, Mathilde était chargéede sa formation. Elle avait bien compris que ce n'était pas pour se décharger mais bien parce qu'Elise avait confiance en elle et en ses compétences professionnelles.

Oui,on peut dire que Mathilde était heureuse dans son travail. Il était intéressant et elle s'épanouissait. Bien sûr, elle savait que tôt ou tard elle changerait pour autre chose et Elise le savait aussi. Mais pour le moment, ce n'était pas à l'ordre du jour.

La famille. Tout allait bien.

Ses parents s'étaient connus à l'âge de 19 ans et ne s'étaient plus quittés depuis ce jour. Aujourd'hui encore, elle le voyait bien lorsque ses parents se regardaient. Ils s'aimaient.

Elle avait une sœur. Plus jeune qu'elle et récemment fiancée à un certain Nicolas. Nicolas, selon Mathilde, était, comment dire, un peu tête-en-l'air, un peu trop bohème à son goût. Il était pigiste et vivait en colocation. Comme ses piges ne suffisaient pas toujours, il bossait chez un éditeur comme correcteur. Mouais... Pour Mathilde ça ne faisait pas trop sérieux et assez précaire comme situation. Mais il aimait sa sœur. Cela faisait 3 ans déjà qu'il la regardait avec les yeux de l'amour et ce sourire béat aux lèvres.

D'yeux que pour elleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant