III. Une question de boules

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8h27. 

Abraham contactait Samuel en vain depuis hier. Il le manquait, c'est étrange après tout. Ou pas : plus le temps passait et plus il avait l'impression d'être son père. Malgré ses sottises, Sam a toujours été respectueux envers son majordome, il le regardait toujours de bas que ce soit quand il était qu'un enfant ou encore aujourd'hui. Il se rappelait quand il devait venir à la rescousse du petit diable lors d'une bêtise mièvre pour éviter le châtiment de ses parents de sa voix stridente...

- Abe !

Il se retourna. Une femme dans son lit. Un sourire. Après toutes ces années, il pensa que lui aussi était devenu comme Wallace. La jeune femme latine se rapprocha de lui et l'embrassa. Cheveux ondulés, un teint couleur caramel, des lèvres au goût de beurre salé, un sourire éclatant couleur du lait, deux oranges mises en valeur par la couverture et..

- T'as faim ? dit-il
- Comme jamais ! répondit-elle avec plaisir
- Je vais te faire des crêpes nappées au caramel et du jus d'orange.
- Merci, Abe.. Pas de nouvelle de Wallace ?

Il ne répondit. Cela l'attristait et il ne savait pourquoi. Il n'était pas du tout son père biologique mais après tout c'était quand même son père ! Sam est son fils et puis rien à faire de ses vrais parents : il faut des couilles pour élever un gosse et lui faire acquérir tous les codes pour être un homme, un vrai qui sache être subtil et qui sache se relever à chaque échec ; lui apprendre à souffrir et s'abstenir, en faire un stoïcien, un putain de guerrier.. Il se posa et comprit qu'il allait loin, un petit chouia quand même. Vous même vous le savez. Quoi qu'il en soit, il espérait qu'il allait bien.

9h04.

- Oh ! Arrête de lâcher, tu pues !
- Va te faire foutre Wallace ! C'est des pets vaginaux.
- Parce que ma queue c'est du curry peut-être ?
- Tchip...

Il se retourna. Une femme dans son lit. Une hypersalivation. Il n'avait pas dormi des heures et avait du faire des conneries tout au long de la nuit avec Diamond mais il ne chercha pas à savoir quoi. Il se dirigea vers elle et tira la couverture. Des gémissements puis rien, elle était vraiment ailleurs peut-être qu'elle descendait encore des cieux. Pas évident le septième ciel. Il se contenta de l'observer, son corps métissé et pittoresque devant lui était magnifiquement composée : elle avait tout ce qu'il faut, là où il faut. Mais il y a un mais. Une tonne de déchets au sol, une notification et son regard se dirigea vers la poitrine de son épouse. Il avance.

- Pas touche, Sammy.

Il fronce les sourcils. Un soufflet. Quelle euphémisme.

- Mais putain mais tu casses les couilles !
- Je te demande pardon ? Lève-toi et passe-moi mon téléphone.
- Mais t'es con ou quoi, c'est le mien. Le tien est là-bas.
- Ah ouais, bien vu.
- Trouduc.

Il la foudroie du regard. Deuxième claque et un cri dans la joie et la bonne humeur. Il saisit son téléphone de l'autre côté du lit, il aperçoit enfin les nombreux appels et messages d'Abraham. Il ouvre les messages et s'aperçoit que tout ce qu'il y a écrit est capillotracté ; il remonte un peu les messages et voit l'aubergine de son ex-majordome en érection qui boude un peu "Ah la merde.." écrit-il après. C'est bien ce qu'il pensait : il s'était trompé de destinataire. Serait-ce possible qu'Abe soit devenu un Sugar Daddy ? Mais nan ça le ressemble pas, il est trop sérieux pour des conneries comme cela et pourtant Samuel doute un peu. Il l'appelle.

- Oh, monsieur !
- Je vois bien que tu n'arrives pas à vivre sans moi, ça me touche. N'oublie pas que t'es malade et qu'il faut prendre ta cure de pénicilline si tu vois ce que je veux dire, dit-il en en prononçant sous un ton différent les deux premières syllabes de l'antibiotique.
- Oh ne vous inquiétez pas, je l'ai envoyé à tous mes contacts mais je ne voulais pas à vous.
- Pardon ? interrogèrent Milla et Samuel
- Milla, tais-toi ! hurla le vieil homme
- Abe, j'pensais que t'allais garder des couilles de Schtroumpf  toute ta vie !
- Et non Monsieur ! J'ai vu votre annonce et .. Merde, il y a le mec à Milla !

Il raccrocha. Samuel ne chercha pas à comprendre : il fit sa toilette, s'habilla et monta dans Lamborghini Urus  jaune. Il envoya un message matinal à Diamond, il cherchait à se rattraper et de toute façon il avait pas vraiment le choix. Jude lui fit un message vocal qui disait qu'une femme patientait à l'accueil et qu'elle demandait à le voir pour une "certaine annonce". Sa conseillère la décrit rapidement mais pas suffisamment pour attirer l'attention de jeune millionnaire jusqu'au moment où il entendit "gros boule". Une femme gironde le cherchait : cela devenait intéressant. Gros coup de pied sur l'accélérateur et il se dirigeait à toute allure vers son building. Arrivé à destination, il mit à l'abri la voiture dans laquelle il était dans son parking privé. Jude profita de l'instant pour se diriger vers lui. Pourquoi ? Comment à cette heure ? Il n'a pas d'autre choix : il faudra l'éliminer. Il regarde sa montre. Heure du crime : 09h57.

- Monsieur Wallace, écoutez-moi maintenant !
- Jude, tu me vouvoies maintenant ?
- S'il vous plait, restez avec moi. Dîtes-moi que vous ne ferez rien avec cette pute.
- Ton langage ! Et puis ce n'est pas dans mes plans.
- Promettez-le moi.

Il avança malgré les lamentations de sa concubine : doit-elle être d'une autre nature cette femme pour faire autant d'effets à Jude. Il avança et prit l'ascenseur. Il salua ses employés et quand il s'approcha de son bureau, il vit Joe regarder avec désir les femmes qui bénéficiaient des privilèges de Sam. Il intervint et donna un coup sur la carotide de son ami.

- Joe, je ferai de toi un eunuque si t'oses encore loucher !
- Monsieur, ce n'est pas une femme comme les autres et encore moi l'une de vos..
- Ah ça doit être la femme dont Jude me parlait.

Il ajusta son col. Droite était sa cravate. Il poussa la porte et Esther

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The End. N'oubliez pas de partager et sinon oui, je suis toujours vivant.



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