Résonance

Le titan colossal

Elle le voyait enfin. Là, debout, à sa merci. Elle pourrait enfin venger tous ceux qui avaient perdus la vie à cause de lui, tous ceux qui avaient perdus un être cher à cause de lui. Elle pourrait venger Eren,venger Armin, venger Carla, venger Sasha. Ce mot résonnait à ses oreilles comme un million de petits mantras qui venaient lacérer son cœur, lui hurlant de décapiter le monstre en face d'elle. Mikasa Ackerman avait enfin la possibilité de se venger.

Elle aurait certainement des problèmes avec ses supérieurs, mais elle s'en moquait royalement. Elle avait brisé ( encore une fois) toute la formation du bataillon d'exploration pour prendre en filature le géant de plus de soixante mètres qui la fuyait comme la peste, et avait profité d'une erreur d'inattention de sa part pour lui taillader les talons d'Achille, l'obligeant à s'écrouler sur le sol. Toute la rancœur, la colère, la haine, la douleur et la frustration qui étaient enfermés en elle depuis ce jour maudit où on lui avait arraché encore une fois sa famille refirent surface et pulsaient à présent dans son sang comme autant de petits moteurs qui l'encourageaient à continuer son ascension vers la vengeance qui lui était promise. L'adrénaline déferlait dans ses veines à pleine puissance, propulsée par toutes ces émotions néfastes, tandis que Mikasa enfonçait ses lames dans la chair nue des poignets du titan, lui enlevant toute possibilité de l'attraper. La chaleur provoquée par la régénération du monstre déversait sur son visage fermé des ruisseau de sueur, et, haletante, elle poursuivit son chemin, réduisant à néant chaque centimètre carré de peau et de chair qui s'offrait à elle. Elle n'avait qu'un seul objectif: extirper le corps inconscient de Bertolt Hoover de cette enveloppe de sang et d'os.

Elle y était presque, et cette fois, personne ne pourrait l'en empêcher. Elle le tuerait de ses propres mains.

Bientôt, la nuque du titan fut en vue, et intérieurement, Mikasa jubilait. Une main tenta d'entraver son avancée, elle l'a sectionna aussi simplement, provoquant une pluie rouge qui gicla sur son visage. Il y avait bien trop longtemps qu'elle était habituée au goût du sang, mais pour une raison x ou y, celui-ci était différent. Il avait le goût de la victoire.

Ses lames étaient émoussées, ses membres la faisaient souffrir, et la chaleur dégagée par le corps du titan colossal lui brûlait la peau, mais elle n'en avait que faire. Elle planta l'une de ses lames dans la partie sensible du monstre au moment où il tentait de se relever, et déchira la chair d'un mouvement calculé. Le visage défiguré par la peur de Bertolt se montra enfin au grand jour, et Mikasa ne put s'empêcher de sourire. Son sourire se mua progressivement en rire, et sans crier gare, elle arracha le corps de son ennemi de son enveloppe et le jeta avec force par terre. Le titan colossal n'était plus une menace. Son ennemi, c'était juste Bertolt Hoover.

Elle l'observa essayer de se relever péniblement, il semblait clopiner. Peut-être lui avait-elle briser la cheville en le jetant au sol. Son rire se tarit finalement, mais son sourire demeura. Et le sang sur son visage ne faisait qu'amplifier l'impression de folie meurtrière que dégageait à cet instant Mikasa Ackerman. 

La pluie se rajouta rapidement à l'équation, tempérant les vapeurs émanant du corps du titan, et faisant dégouliner le sang sur le visage du miracle de l'humanité. La terre prit tout aussi brusquement le nom de boue, et Mikasa fit un pas en direction de son ennemi. Ses lames l'avaient lâchée, elles s'étaient brisées lorsque la jeune asiatique descendait en rappel le corps inanimé du titan colossal. Étrangement, cela l'excita d'avantage. Elle pourrait régler les choses une bonne fois pour toute, et avec ses poings.

Bertolt se traînait péniblement au sol, rampant. La boue le fit glisser, et il se vautra complètement par terre, avant de se redresser avec difficulté, assis, face à sa tortionnaire qu'il regardait en tremblant de peur, et de se mettre à reculer à l'aide de ses mains. Mikasa ne put s'empêcher de le comparer à un asticot se dandinant lamentablement au sol. Asticot qu'elle pouvait écraser quand elle le voulait. Et elle le voulait. Elle le voulait maintenant.