Ah, cliché américain, quand tu nous tiens!

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Normalement ces histoires se déroulent toujours en Amérique, dans le décor inconnu d'une ville semi-célèbre au fin fond d'un État au nom imprononçable. La mienne prend place en plein milieu de l'Europe, dans ce pays étrange qu'est la Suisse. À la fois européens géographiquement mais pas dans l'Union Européenne, le petit pays neutre réputé pour son chocolat, ses montres, ses montagnes et se banques.

Au risque de casser un mythe, tous les Suisses ne sont pas des éleveurs de vaches des montagnes qui vivent au rythme des cors des Alpes tout en se nourrissant uniquement de chocolat. Ils sont mêmes plutôt rares, les habitants des montagnes qui vivent encore comme ça. Maintenant ils ont le wifi. La connexion Internet a l'avantage de faire sortir les gens de leurs vallées perdues pour les grandes villes comme Zürich ou Berne.

On retrouve quand même des spécimens bien atteints des neurones, enfermés dans leur mentalité de patriotisme anti-étrangers alors que le pays compte bientôt plus d'immigrés que de Suisse, mais ils sont essentiellement cantonnés aux cantons suisse-allemands conservateurs. Oui, suisse-allemand. Comme dans le mot allemand. Certains ne le savent pas, -et ça me fascine toujours autant, mais qui suis-je pour juger ?- mais en Suisse on a quatre langues nationales et donc plusieurs régions linguistiques.

On retient souvent l'allemand pour son côté traditionnel et absolument imprononçable, la faute aux dialectes, mais on parle aussi l'italien au Tessin, le romanche aux Grisons et le français en Suisse romande. À la base on est déjà pas très unis par la langue, mais par-dessus, on a réussi à créer une identité culturelle à base de mecs qui tirent à l'arbalète et de héros nationaux aux noms imprononçables pour pallier à ce manque d'unité linguistique. Le résultat a donné un beau pays où personne ne parle la même langue mais arrive à s'entendre. Un véritable paradoxe. Mais un paradoxe qui produit du bon chocolat.

Vous aurez donc compris que le décor de mon histoire est bien loin des grandes contrées des États-Unis, où traverser un seul État prend plus de temps que traverser la Suisse entière et où on salue le président dans la même langue. Quoique c'était plutôt compromis avec la Suisse, on n'a pas de président, mais un Conseil des Sept issu d'un peu partout qui décide pas grand-chose si ce n'est de faire voter le peuple un peu tout le temps.

Faire un road-trip en Suisse n'est pas très intéressant, on a tendance à confondre toutes les régions perdues composées uniquement de champs entre elles. En plus, le train est bien plus avantageux au niveau du prix et la ponctualité est appréciable. Je peux compter sur les doigts d'une seule main le nombre de fois où le train a été en retard dans ma vie. Je reste quand même un exemple peu descriptif, je ne prends le train qu'une à deux fois par an.

Là où je vis, c'est plutôt bus ou scooter pour les mineurs et voiture si tu es majeur et que tu aimes perdre ton temps dans des bouchons sur l'autoroute. Encore une différence avec les États-Unis : le permis, c'est à partir de 18 ans seulement. Elle est bien loin de la loi suisse, la vision des jeunes de 16 ans qui conduisent leurs voitures pour aller au lycée. Nous on prend le bus toujours en retard pour aller au Gymnase ou au Collège. Ceux qui ont de la chance ont le permis scooter, mais ce n'est pas d'une grande utilité quand tu te les gèles le jeudi matin en octobre dans ta descente à 80 km/h que tu remontes à 20 km/h les meilleurs jours.

Les bus ont donc une certaine tendance à être plus pleins en hiver qu'en été, pour le plus grand bonheur de ceux qui étaient en manque de contact humain à sept heures trente le matin. J'ai la chance d'habiter au début de la ligne de bus, j'ai donc la joie de pouvoir poser mes fesses sur un siège chaque matin. Je plains ceux qui doivent rester debout tout le trajet juste parce qu'ils n'ont pas été assez rapides pour s'asseoir sur les dernières places assises.

Le bus ne me dérange pas vraiment puisque j'ai une place assise assurée à chaque trajet, mais j'avoue avoir un peu de mal avec la longueur des trajets, à défaut du confort. Je vis un petit village pas vraiment paumé mais un peu éloigné de la grande ville la plus proche. On pourrait croire qu'avoir presque deux bus par heure est un avantage, mais quand tu le loupes pour rentrer et que tu sais qu'il te reste 40 minutes à patienter dans le froid le prochain, il t'arrive d'imaginer avoir un scooter ou une voiture.

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⏰ Last updated: Dec 23, 2019 ⏰

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