Chapitre 9 : Sous la cape

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Dès la première phrase du carnet d’Aloys, je suis perdue et déroutée.

“Je sais que j’y suis presque. Cette voix dans mes rêves, elle devient plus claire.“

Je continue quand même à lire, je suis de nature curieuse. Je m’installe aussi confortablement que possible sur le canapé de la pièce commune et entre dans le récit.

“C’est surtout la nuit que j’en ressens l’appel. Ça devient plus fort presque contre ma volonté depuis que j’ai quitté Fasken. Plus je me rapproche du milieu de l’océan, pire, c’est.“

La silhouette d’Embry passe dans mon champ de vision. Je ne lui jette pas un seul regard. Je me concentre sur les écrits d’Aloys qui me laisse perplexe.

“Je ne sais pas quand mes cauchemars ont commencé. Ils me rendent fou, je me perds souvent entre les rêves et la réalité quand j’ouvre les yeux.“

— Qu’est-ce que tu fais ?

Je relève les yeux vers Embry qui me sonde d’un air indéchiffrable. Je pose la relique sur mes genoux.

— Ça ne se voit pas ?

Face à mon ton plus que désagréable, il soupire et s’en va plus loin. Je l’observe disparaître de dos et reporte mon attention sur le carnet déchiffré.

“Je viens de me rendre compte que je n’écris même plus dans ma langue natale. Je ne connais pas cette langue, pourtant, je la comprends. Je sais me relire et l’écrire. Ça me sidère pourtant, c’est bien mon écriture. Que m’arrive-t-il exactement ? Je ne me reconnais plus. Hier, Riley et moi avons eu un conflit et je l’ai chassé. Je ne comprends pas ce qu’il se passe.“

Mon cœur bat fort dans ma poitrine, quelque étrange s’immisce partout. J’ai chaud face à ce genre de révélation. Je n’étais pas au courant de ça, je n’en savais rien. Ils se sont engueulés juste avant son départ...

Riley et moi aurons une petite discussion, mais pour l’instant, il faut que je me reprenne pour lire la suite.

“Miria pense que l’Atlantide est une blague perpétuée à travers les siècles. Mais alors, qu’est-ce que sont toutes ses visions qui me bombardent la nuit ? Quelle est cette voix pressée qui m’indique de rejoindre l’océan Atlantique ?“

Je ne sais pas quoi dire. On dirait un fou. Ses voyages en mer, avec son équipage, ont fini par le rendre dingue. 

Des visions ? Des voix ? Je ne vois pas d’autres explications.

“Je n’arrête pas de voir un symbole. Dans mes rêves, il est sur une épingle posé sur une gigantesque cape. Je ne vois pas qui la porte. Mais je ne le vois pas que là, je le vois aussi sur une sorte de monument énorme et assez vieux. Je ne m’y connais pas trop, je ne peux pas décrire avec certitude ce que c’est. Je le vois aussi dans la réalité. Je le dessine sans m’en rendre compte. Quoi que ça puisse peut-être. Cette chose m’appelle.“

Je referme le journal d’un coup sec et m’allonge en observant le plafond. Je ne comprends pas. Tout est désordonné.

J’ai attendu tellement de temps pour lire ce carnet et maintenant que c’est le cas, je ne veux pas continuer. Aloys me fait peur, je ne le reconnais pas.

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