La Princesse Maudite [Histoire Arrêtée]

3-Le château (partie 1)

Le dragon avançait dangereusement, crachant des panaches de fumée de ses naseaux.

Sa carrure imposante laissait voir chaque muscle, saillant, prêt à déchiqueter ses ennemis. Il ouvrit la gueule, dévoilant une rangée de dents acérées. Ses écailles luisantes faisaient comme une armure à ce garde indestructible. Le petit groupe recula avec lenteur, surveillant chacun de ses gestes avec appréhension.

Ils étaient terrifiés. Sûrement parce qu'ils n'en avaient jamais vu auparavant. Ou parce qu'il semblait sur le point de les engloutir tous les dix.

Stella n'osait plus bouger, paralysée par la peur et la détresse. Son sang cognait contre ses oreilles, lui assourdissant les sens. Son cerveau lui criait de s'enfuir en courant, de partir de toute la force de ses jambes. Mais ses pieds restaient cloués au sol, incapables de faire un pas.

A mesure qu'elle voyait la créature avancer, et faire disparaitre les dernières lumières du jour dans son ombre, sa terreur grandissait, la figeant un peu plus sur place. Elle aurait voulu crier de toute l'horreur qui l'envahissait au plus profond de son être, mais il semblait qu'elle avait laissé sa voix dans le vaisseau, et aucun son ne parvenait à sortir de sa bouche.

Un frisson lui parcourut l'échine. Jamais elle n'avait connu de peur pareille. C'en était trop pour elle. Trop d'émotions et de dangers.

Elle voulait juste rentrer chez elle, et oublier ce qu'elle venait de vivre. Elle eût beau prier de toutes ses forces, le dragon continua à s'approcher. Et alors qu'elle croyait que sa dernière seconde était arrivée, que la griffe allait se planter dans son corps, que plus jamais elle ne reverrait le soleil se lever, subitement, la bête se détourna.

Elle écarquilla les yeux, surprise. Elle regarda ses compagnons, tous aussi effarés. Le dragon replia ses ailes et tourna la tête vers la direction opposée à eux.

Stella regarda vers où il pointait les yeux, et vit une femme apparaître à travers les arbres. Malgré le coucher du soleil, on voyait encore assez clairement. Elle semblait être plutôt jeune. Sa longue chevelure rousse voletait dans le vent du soir. Elle portait une longue robe bleue descendant jusqu'à ses pieds, décorée de motifs dorés, bordée de dentelle.

Elle marcha jusqu'à atteindre le dragon. Celui-ci baissa sa tête, et elle lui caressa doucement les écailles, avant de le regarder droit dans les yeux.

Soudainement, ses prunelles s'embrasèrent. Ses iris bleues devinrent des flammes dansant dans ses yeux. Le dragon eût le même phénomène. Stella observa avec stupéfaction. La femme prit la tête de la créature dans ses mains. Puis les pupilles rougeoyantes s'éteignirent, et redevinrent normales.

Elle se tourna vers eux, d'un regard empli de douceur.

« Je m'excuse s'il vous a effrayé. Les dragons sont farouches quand ils se sentent en danger.

-Effrayé ! Il a faillit nous tuer ! s'offusqua Tecna.

-Vous êtes sur son territoire. En principe, vous n'avez pas le droit d'être là. »

Son ton s'était fait plus sec. Elle avait été vexée. Elle marqua une pause, les examinant tour à tour, ainsi que le vaisseau, ou plutôt ce qu'il en restait.

Elle se radoucit à cette vue.

« Mais je vois bien que vous n'avez pas choisi de vous écraser ici. ajouta-t-elle d'un ton à la fois amusé et compatissant.

-Non, sans blague ! susurra Musa.

-Qui êtes-vous ? demanda Layla, méfiante.

-Pardonnez mes manières ! Je m'appelle Bloom. »