La Princesse Maudite [Histoire Arrêtée]

5-Sir Avalon (partie 1)

La rousse grimpa les marches avec précipitation, aussi rapidement que le lui permettait sa longue robe, désormais tachée de terre. Elle espérait avoir le temps de se changer. Ses chaussures foulaient le marbre en claquement réguliers. Ses pas étaient pressés, semblables à son anxiété, qui, malgré ses efforts pour l'atténuer, croissait de seconde en seconde.

Elle atteignit le haut de l'escalier, puis passa dans un vaste couloir. Elle essayait de ne pas porter attention aux tremblements qui recommençaient à parcourir son corps. Elle se sentait affaiblie, et elle savait que les choses ne feraient qu'empirer. Elle passa entre des rangées de colonne, puis ouvrit avec précaution une porte. Elle jetta un coup d'œil par l'ouverture. Il y avait derrière un petit couloir, qui venait en rejoindre un autre plus grand à la perpendiculaire. Ce dernier desservait une grande partie de l'aile est du château.

Elle allait pousser un peu plus la porte pour entrer, quand elle se ravisa subitement.

« Retrouvez-la moi, et plus vite que ça ! »

Cela aurait été trop beau pour être vrai. La voix qui venait de retentir, et de couper court les messes basses des gardes, n'était que trop familière aux oreilles de Bloom. Son cœur s'accéléra contre sa poitrine. Évidemment qu'il la cherchait. Comment aurait-il pu en être autrement, cet homme était toujours à ses trousses. Elle ne pourrait pas atteindre sa chambre, c'était impossible. Elle referma précautionneusement la poignée, presque à regret, en priant pour que personne ne l'entende, et rebroussa chemin.

Alors que faire ? Elle inspira un grand coup, pour ne pas se laisser aller à la panique. Ce n'était pas le moment de faire sortir ses états-d'âmes ; elle ne pouvait pas se le permettre. Elle se stoppa pour réfléchir, se creusant la tête, prenant bien chaque option en considération, et en une fraction de seconde, une nouvelle idée germa dans son esprit. Elle repartit d'un pas rapide, et arriva quelques couloirs plus tard là où elle espérait être à l'abri, au moins pour un cours laps de temps.

Elle toqua à la porte devant laquelle elle venait de s'arrêter, et attendit avec inquiétude. La réponse ne se fit pas attendre, et un instant plus tard, une vieille dame à l'allure gracieuse et soignée la fit entrer en hâte dans la pièce, avant de pousser le loquet.

« Bloom ! Mon enfant, que fais-tu là ? Je me suis fait un sang d'encre. J'ai cru qu'il t'était arrivé malheur. »

Elle prit la jeune femme contre elle dans une étreinte, comme pour s'assurer qu'elle n'était pas faite en sucre. Ses yeux du même bleu que la rousse brillaient d'émotion. Bloom l'enserra en réponse, profitant de sa chaleur et de son odeur sucrée, calmant son rythme cardiaque effréné.

« Je vais bien grand-mère, ne vous inquiétez pas. »

Elle la lâcha, quelque peu rassurée, avec une telle douceur qu'elle craignait sans doute de la briser aussi facilement que du verre au moindre faux mouvement.

« Où étais-tu passée ? J'ai eut un mal fou à cacher ton absence. »

Elle la mena vers un fauteuil, et l'invita à s'y asseoir, puis pris place dans un autre à côté. La rousse s'enfonça avec soulagement dans le coussin, reposant ses os fourbus de fatigue.

« Je sais. J'ai faillit me faire prendre, alors que j'allais vers ma chambre. J'étais allée rendre visite aux dragons, et j'ai vu de loin la navette qui s'est écrasée. »

La dame aux cheveux d'argent lui lança un regard affolé. Bloom fut plongée dans son regard, et n'y vit que de la peur. De la peur à l'état brut, qui la fit tressaillir sous sa puissance.

« Oh non ! J'en étais sûre ! Je t'ai déjà dit un million de fois qu'il est trop risqué d'aller jusque là-bas. La vallée des dragons est bien trop éloignée, et si ton père...