6-Les gardes d'argent (partie 1)

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Layla ouvrit les yeux, encore bouffis de sommeil, et dût les cligner plusieurs fois pour distinguer les contours de la pièce où elle se trouvait. Elle mit un certain temps avant de réaliser qu'elle n'était pas dans sa chambre, mais dans un lieu étranger. Une odeur de transpiration étouffait l'air, lui atrophiant les narines. Une simple banquette, au matelas trop mou et à moitié moisi, remplaçait son habituel lit à baldaquin.

Elle embrassa la pièce du regard. Elle était en hauteur, visiblement sur un lit superposé. Le lieu était haut de plafond, et assez vaste pour contenir une dizaine de lits identiques au sien, placés dans un rangement militaire. Ils étaient presque tous vides, à l'exception de celui à sa gauche. Une tête dépassait des couvertures, mais elle était cachée par une tignasse de cheveux bruns, et la princesse était incapable de l'identifier.

Les murs gris ne portaient pas de peinture, gardant visible le ciment et ses aspérités en pics. Une large fenêtre le découpait au milieu, et venait déverser une lumière éparse dans la pièce. Le seul bruit qui venait rompre le silence provenait d'en dessous d'elle, semblable à un cahot de moteur un peu trop rouillé.

Elle reposa sa tête sur l'oreiller, bien trop dur à son goût. Elle se souvenait, à présent, où elle était. Les dortoirs de la Garde. Elle gardait un souvenir vague de la précédente soirée, tant elle avait été exténuée.

Elle se rappelait seulement que Lord Bartelby les avait mené dans des corridors sans fins, avant de les faire arriver ici. Les hommes avaient été séparés dans un dortoir différent, et elle avait dût quitter Nabu à regret. Mais elle n'avait pas eut le temps de penser à tout ça. Elle était entrée dans la pièce, à ce moment dans l'obscurité totale, et avait rejoint, à tâtons, le lit qu'on lui indiquait. Elle s'y était immédiatement endormie, écrasée de fatigue.

Elle regarda à nouveau le lit à sa gauche. Si elle ne se trompait pas, cette personne devait être la scientifique du vaisseau. Flora, il lui semblait. À moins que ce ne soit Fiona.

Elle reporta ses yeux sur le plafond, plongée dans ses pensées. Elle finit par se convaincre de se lever, décidée par l'odeur épouvantable qui lui piquait le nez. Évitant de porter attention à ses membres courbaturés, elle empoigna la barre de métal, et descendit l'échelle à un rythme lent.

Une fois au sol, elle se rendit compte qu'elle avait dormi toute habillée. Elle portait encore sa tenue terreuse de la forêt. Elle regarda les occupants des lits du bas. Le bruit de tracteur n'était autre que le ronflement de la princesse de Solaria, empêtrée dans son drap. Stella.

« Cette fille est impossible à oublier, songea-t-elle avec un amusement moqueur. »

À côté de la blonde, et en dessous de la scientifique, se trouvait la femme aux cheveux noirs. Musa. Elle avait très bien retenu ce prénom-ci. Durant ses brefs échanges lors de la marche, elle lui avait immédiatement parût sympathique. Enfin, encore plus à gauche, elle distinguait la coupe garçonne, rose, de la pilote. Elle se souvenait du moment où celle-ci s'était présentée, mais il lui paraissait bien trop lointain, plongé dans le même brouillard qui l'avait fait s'endormir si vite la veille.

Elle resta un instant plantée là, sans trop savoir quoi faire, puis choisit finalement de se diriger vers la porte du fond, sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller les autres.

Elle se retrouva dans un couloir aveugle, éclairé de torches enflammées. La danse des ombres sur les murs de vieilles pierres donnait un aspect sinistre à l'endroit. Il faisait aussi sérieusement froid. Le dortoir, bien qu'étouffant, était au moins chauffé. On ne pouvait nier qu'on ne risquait pas d'avoir froid à l'intérieur.

La Princesse Maudite [Histoire Arrêtée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant