Quatre

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Lorsque mon père m'a chassé de sa maison, je n'étais pas partie directement; j'étais allée m'asseoir dans un coin de la rue pour la regarder attentivement. Tous les souvenirs qui me reliaient à la maison de laquelle je venais d'être éjectée me revinrent instantanément. Cinq mois plus tôt, j'étais la petite fille à sa maman, la petite fille pleine de joie et épanouie qui avait toujours un toit sous lequel vivre, deux fiancés, un père même si ce dernier ne l'aimait pas, bref une famille. Si quelqu'un m'avait dit en ce moment là que plus tard tous ceux qui comptaient pour moi allaient me rejeter, non seulement je n'allais le croire mais j'allais aussi lui mettre une claque bien fort avant de le traiter de tous le noms. Des larmes survenues de nulle part dévalèrent mes joues alors je décidai de ne pas rester encore plus longtemps à fixer cette maison; je devais m'en aller mais où? Je ne sais pas mais je devais m'en aller. Soudain, le visage d'une personne me vint en tête : Karim. C'est dans ces moments que je ressens le besoin d'être avec lui, de me sentir protégée par la chaleur de ses bras et surtout de me sentir aimée et réconfortée par tous les mots qu'il pouvait bien me chuchoter. Lui seul savait faire tout ça mais je l'avais abandonné, j'avais sacrifié mon amour et mon bonheur pour une famille ingrate qui n'a pas hésité à me rejeter à la moindre erreur commise. Je sais que je suis égoïste de débarquer chez lui après tout ce que je lui ai fait subir, après tous ces mois de silence; mais je n'avais pas eu le choix parce que ma mère m'avait retiré mon téléphone le jour de mon mariage pour que selon elle je ne « fasse pas une bêtise ». Bien sûr j'en ai racheté un nouveau mais je n'ai pas voulu le contacter parce que non seulement ça serait égoïste de ma part mais ça le ferait encore plus souffrir. J'aurais bien voulu l'appeler à cet instant précis mais je ne pouvais pas parce que mon téléphone est resté chez l'autre là et avec les événements qui ont précédé mon départ il valait mieux ne pas y retourner pour réclamer quoique ce soit. J'étais à présent chez Karim. Comment faire? Dois-je toquer à sa porte? M'ouvrirait-il la porte? Serait-il heureux de me voir? Je n'en savais rien! Toutes ces questions resteraient sans réponse tant que je ne prenais pas mon courage à deux mains et toquais à cette porte. J'inspirai et expirai bruyamment avant de toquer à la porte. Je toquai plusieurs fois mais rien, personne ne venait m'ouvrir. Au début je pensais que Karim savait que c'était moi derrière la porte et qu'il ne voulait pas l'ouvrir parce qu'il ne voulait pas me parler mais ce n'était pas le cas parce que lorsque je regardai de plus près la pièce dans laquelle il habitait je remarquai qu'elle semblait inhabitée. Je remarquai aussi la poussière un peu partout sur les carreaux de la véranda. J'étais confuse, j'avais perdu espoir et je pleurais sans m'en rendre compte. Je pleurais beaucoup en ce moment et je ne sais pas si c'est à cause des hormones ou c'est à cause de la pitoyable vie que je menais désormais. Je m'apprêtais à partir lorsque Safia, la petite nièce de Karim vint vers moi. Je l'aime beaucoup cette petite; en plus d'être mature pour son âge, elle est vraiment adorable et respectueuse.

- Ah tata Ishane bonne arrivée

- Hmm merci Safi. Tu sais où ton oncle est allé?

- Ah non hein tata mais mon père lui doit le savoir parce que l'autre fois il a accompagné tonton Karim quelque part

- Et Karim n'est pas revenu?

- Non hein tata. Je crois qu'il est parti en voyage

- Pourquoi dis-tu ça?

- Ah parce qu'il avait une valise! Dit-elle en haussant les épaules; elle partie juste après.

C'en était fini pour moi! Je n'avais plus d'espoir! Mon Karim m'avait finalement abandonné! Lui qui parlait tellement d'espoir! Il m'avait abandonné moi, sa Ishane!

IshaneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant