Chapitre 3 Jetée dans le bain

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Lydiane suivit le professeur jusqu'à son bureau. Ils y pénétrèrent puis il lui expliqua ce qu'ils allaient faire dans la matinée et le rôle qu'elle allait jouer. Elle n'était pas là dans le seul but d'observer, elle pouvait intervenir. Elle ne devait surtout pas hésiter à poser toutes les questions qu'elle souhaitait de manière à apprendre correctement et bien voir les gestes et les répéter. Il posa sur le bureau les dossiers des personnes qu'il allait ausculter durant la matinée. 4 personnes : Agnès, une enfant de 4 ans, opérée de l'appendicite, puis Myriam 74 ans hospitalisée pour de fréquents malaises et évanouissements, Maurice 56 ans maux de ventre sans aucune explication, arrivé du matin et pour finir Arkan 28 ans accidenté de la route avec bras droit et jambes cassés et traumatisme crânien arrivé depuis 2 jours. 
Ils commencèrent par Agnès qui avait été hospitalisée d'urgence durant la nuit. L'opération s'était bien passée, il vérifiait ce matin qu'elle pouvait rentrer chez elle. Mais lorsqu'il voulut l'examiner elle se raidit. Lydiane s'avança vers elle.
"- Bonjour Agnès, moi c'est Lydiane. On m'a toujours dit que c'était cool de se faire opérer de l'appendicite. C'est vrai ? 
"- Je peux manger de la glace, lui murmura-t-elle 
Lydiane s'approcha un peu plus.
"- Et tu préfères quel parfum ? 
"- La fraise. 
"- Comme moi.
La petite fille éclata de rire. Lydiane s'approcha un peu plus encore et lui demanda: 
"- Je n'ai jamais été opérée. Est-ce que ça fait mal?
"- Non, je n'ai rien sentit
"- Est-ce que je peux regarder comment c'est?
Le professeur Biazzi lui avait laissé la place et l'observait. Pas un élève, avant elle, n'avait prit ce genre d'initiative. Elle avait réussi à mettre cette petite fille de 4 ans en confiance sans l'intervention des parents. 
Lydiane avait déjà examiné des cicatrices mais celle-ci lui paraissait étrange. Une légère teinte rouge de la peau indiquait une inflammation. 
"- Est-ce que ça te gratte?
"- Oh oui...beaucoup 
"- Est-ce que tu veux bien que je demande au professeur Biazzi un conseil ? 
Agnès regarda en direction du professeur. Elle accepta de la tête. 
"- Tu restes à côté de moi?
Lydiane lui sourit et prit sa main. 
"- Je reste là.
Le professeur Biazzi s'avança et observa la cicatrice. Il constata en effet des rougeurs autour de la cicatrice et proposa aux parents une crème permettant de limiter les démangeaisons et de soulager ainsi leur fille. Agnès fut autorisée à sortir dès l'ordonnance remise. Lydiane remplit les documents appropriés et les transmis aux infirmières. Quelques chambres plus loin ils rencontrèrent Myriam 74 ans hospitalisée pour de fréquents malaises et évanouissements.
"- Bonjour Myriam comment allez-vous ce matin ? 
"- ça va mieux docteur 
“- Avez-vous reçu beaucoup de visites depuis que vous êtes ici, demanda soudain Lydiane
“- Oui, mes enfants et mes petits-enfants sont venus tous les jours. Ils sont aux petits soins avec moi.
“- Et quand vous êtes chez vous, est-ce qu’ils viennent aussi souvent?
“- Non malheureusement, ils ont leurs occupations et ne viennent pas souvent.
“- Et vous vous sentez seule?
“- Oui vous n’avez pas idée
Lydiane regarda le professeur Biazzi. Elle avait compris ce qu’il se passait. 
“- Pardonnez moi de vous posez cette question, mais vous habitez seule ou vous êtes en maison de retraite?
“- J’ai ma maison, elle est d’ailleurs devenue trop grande pour moi toute seule mais mes enfants ne veulent pas y habiter
“- Vous allez me trouver indiscrète, mais,...vos enfants vous ont-ils déjà demandé de vendre votre maison?
“- Oui c’est vrai, mais c’est ma maison…
“- Et aller en maison de retraite vous angoisse….
“- Vous avez raison…
Elle baissa la tête, honteuse de comprendre que ses malaises pourraient être dûs à ses angoisses. Lydiane la rassura sur les maisons de retraite. Elle lui expliqua comment était la vie dans ce genre d’établissement et lui promit de lui ramener de la documentation. Ils ressortirent de la chambre. Une fois dans le couloir, le professeur se tourna vers Lydiane.
“- Qu’est-ce qui t’a fait penser à ça?
“- Quand elle est ici, elle ne fait plus de malaise et n’a plus d’évanouissement. Comme sa famille vient régulièrement, elle ne se sent plus seule. J’en ai déduit que leur absence lui pèse et lui provoque des malaises. Si elle va en maison de retraite, elle pourra faire des activités avec d’autres personnes de son âge, elle ne s'ennuiera plus et ne ressentira plus l’absence de sa famille.
“- Excellentes déductions! Décidément, je ne regrette pas de t’avoir choisie. Tu es à la hauteur de mes attentes.
Elle se sentit rougir. Ils poursuivirent leur visite aux malades. Ils arrivèrent à la chambre de Maurice, 56 ans, arrivé de bonne heure le matin même, pour des maux de ventre. Le professeur Biazzi l’examina et palpa son ventre. Il grimaça sous la pression des doigts du professeur.
“- Qu’en penses-tu Lydiane?
Il l’invita à s’approcher et lorsqu’elle avança les mains, il les lui prit et les lui positionna à un endroit où il voulait et exerça une légère pression sur elles. Lydiane fut surprise et troublée par ce geste, mais rapidement, elle se reprit.
“- Dis-moi, qu’est-ce que tu sens?
Elle ferma les yeux pour mieux se concentrer. Du bout des doigts, elle palpa en profondeur le ventre de Maurice, sous le regard attentif du professeur et sentit une grosseur. 
“- Que conseilles-tu?
“- Une IRM
“- Je suis d’accord, prépare les papiers s’il te plaît.
Elle s’exécuta. Dès les informations données aux infirmières, ces dernières préparèrent Maurice pour son examen. Le professeur Biazzi et Lydiane continuèrent leur tour. Il leur restait le jeune Arkan, accidenté de la route, à voir.

Disparue (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant